Alors que nos voisins français ont lancé, mardi 3 septembre, le premier Grenelle contre les féminicides, le CESAS (Centre national de référence pour la promotion de la santé affective et sexuelle, ndlr.) vient de dévoiler son premier bilan annuel d’activités. Les chiffres se révèlent inquiétants.

« Luxembourg reste un pays très conservateur. La question du sexe y reste taboue ; par extension, celle relative aux violences sexuelles l’est aussi », explique Emilie Kaiser, chargée de projet pour le Cesas.

C’est à de l’occasion de la Journée mondiale de la Santé sexuelle que le Centre national a décidé de présenter son premier bilan annuel d’activités. Si son objectif d’éduquer et d’informer quant à la notion de santé sexuelle et affective est atteint – et que le Cesas se réjouit d’un bilan positif – certaines zones d’ombres demeurent au tableau.

« Notre champ d’action est une approche positive et globale de la santé sexuelle et affective, et surtout de la démocratiser dans un pays comme le Luxembourg où ces questions demeurent taboues. » 

Créé il y a un an, le Cesas entend dispenser atelier et promouvoir des campagnes destinées à informer le public de 7 à 77 ans. « Nous avons atteint presque 55 000 personnes grâce aux réseaux sociaux et distribué quelque 2500 brochures », explique la chargée de projet, qui se réjouit de la bonne réception de leur démarche.

Lutter contre les violences sexuelles

Malgré tout, du chemin reste encore à parcourir. Sensibiliser n’est pas une mince affaire, et certaines thématiques posent en effet problème. Les médecins du Planning Familial ont ainsi dévoilé constater une recrudescence de certains IST, à l’instar de la syphilis (+45%) ou la gonorrhée (+55%). Autre sujet sensible, la question du consentement – sur laquelle le Cesas travaille activement – et un bilan des plus inquiétants. 160 violences sexuelles ont ainsi été enregistrées cette année, « mais on sait ce que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. Ce sont ceux communiqués par le ministère de la Justice et reposent sur les plaintes déposées. Nous savons pertinemment que toutes les personnes victimes de violences sexuelles ne se rendent pas au commissariat pour porter plainte », déplore Emilie Kaiser.

Dans sa mission d’éducation, le Cesas a ainsi annoncé la publication d’une brochure en 2020 abordant la question des abus sexuels à destination des jeunes enfants.