25 ans de carrière dans une même société est une véritable fierté pour celle qui a occupé depuis 2003 le poste de Human Capital Partner puis depuis 2016 celui de Communication Leader au sein de la société PwC Luxembourg.

 

C’est de l’intérieur que Vinciane Istace a vu la petite entreprise devenir l’un des plus grands cabinets d‘audit au Grand-Duché, lui donnant au passage l’occasion de mener une carrière stimulante, dont elle apprend tous les jours. Humble et humaniste, elle se confie sur son parcours.

Quelles sont les grandes étapes de votre carrière ?

Je suis entrée chez Pricewaterhouse en septembre 1992, en tant qu’auditrice. Cela fait tout juste 25 ans ! Nous étions alors environs 65 employé(e)s.

En 1998, Pricewaterhouse fusionne et devient PwC. Un changement énorme pour notre petite structure, qui voit en même temps sa culture d’entreprise évoluer spectaculairement. À cette époque, bon nombre de mes collaborateurs ne s’y retrouvent plus et décident de quitter la société. C’est très impressionnant d’assister à la métamorphose d’une entreprise de l’intérieur. J’ai décidé de suivre la transformation et de m’adapter. C’est à cette époque que je suis rentrée aux ressources humaines.

2003, on me propose de prendre le poste de directrice des RH. C’était une véritable opportunité, presque une coïncidence, et, surtout, un vrai défi à relever, qui me demandait de devoir quitter complètement ma zone de confort. Il a fallu reconstruire une légitimité dans un domaine nouveau. Le moteur de mes apprentissages a et est toujours la confiance que j’entretien à l’égard de ma personne…le doute est un ennemi intime et dangereux. D’ailleurs tant dans ma vie personnelle que professionnelle, la plupart des virages se sont imposés d’eux-mêmes. Il faut parfois laisser la place à l’imprévu, et accueillir ces opportunités qui s’offrent à vous.

Avez-vous fait des choix de carrière que vous avez regrettés par la suite ?

À ce jour, jamais ! Au contraire, je suis très reconnaissante envers ma société de m’avoir permis cette évolution. J’ai beaucoup appris, et c’est encore le cas aujourd’hui !

Quelles sont vos forces ?

Je développe des trésors d’énergie. Et je mets un point d’honneur à toujours porter un regard positif sur les événements comme sur mes collaborateurs. Tout reste possible, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain…ou après (sourire) !

De quelles compétences un bon manager doit-il faire preuve ?

C’est une question que je me pose chaque jour (sourire) ! Mais, finalement, je vous répondrai par un principe de management que j’ai lu il y a des années de cela et qui m’avait alors semblé naïf : aimer ce que l’on fait et les gens avec lesquels on le fait. C’est très vrai.

Est-ce plus facile maintenant d’occuper un poste à hautes responsabilités qu’il y a 10 ans ?

Je ne l’ai pas constaté, tout du moins à l’intérieur de ma société. Lorsque j’ai été promue, plusieurs femmes occupaient des postes stratégiques. Cela a sans doute contribué à faire que la parité fasse intégralement partie de la philosophie de l’entreprise.

Mais, vu de l’extérieur, nombre de mesures n’existaient pas il y a 10 ans telles le congé parental. Et prendre un temps partiel pour s’occuper de ses enfants était une déclaration de désintérêt professionnel. C’était un vrai risque de mettre sa carrière entre parenthèses, ne serait-ce qu’un an. La société a profondément évolué en ce sens et cela constitue un véritable atout pour les femmes qui désirent mener de front leur carrière et leur vie familiale.

Le plafond de verre est-il toujours d’actualité ?

Bien sûr. Mais je ne pense pas que l’on puisse véritablement parler de plafond de verre. De nombreuses femmes occupent des postes dans le leadership, mais ils se situent dans des domaines ‘soft’, à l’instar des ressources humaines ou de la communication. Les fonctions stratégiques, les postes les plus influents demeurent encore souvent aux mains des hommes. Cela évolue, mais requiert la persévérance et l’engagement des hommes et des femmes pour une meilleure répartition des rôles.

Comment parvenez-vous à jongler entre vie personnelle et vie professionnelle ?

Cela demande de l’organisation. Et beaucoup, beaucoup d’imagination et d’énergie (rires) ! Et j’ai toujours eu l’humilité de demander de l’aide quand j’en avais besoin. Nombreuses sont les femmes à ne pas oser en demander et endurer la pénibilité de la logistique familiale toute seule. J’ai toujours eu de la chance de trouver des personnes bienveillantes pour me soutenir, car, à l’époque, j’étais mère célibataire et ma famille ne vivait pas dans la région. Il existe un vrai tabou à articuler ses besoins et ses priorités pour combiner les deux dimensions des vies professionnelles et personnelles. La culpabilité et le manque d’empathie privent les femmes de nombreuses ressources et les fatiguent voire les découragent parfois.

C’est également fondamental de dégager du temps pour soi. À une époque, j’ai décidé de prendre un temps partiel de 80%, afin d’avoir le vendredi pour moi. Le week-end j’étais ainsi totalement ressourcée et disponible pour un temps de qualité avec mon enfant.

Quels sont vos rituels ?

J’en ai plusieurs ! Cela commence dès le petit-déjeuner. J’écoute des paroles positives, je m’ouvre à d’autres choses : la culture, l’histoire, la philosophie… Je fais entrer un peu de lumière avant de plonger tête baissée dans le tunnel de la journée. Il sera bien temps d’ouvrir mes mails une fois arrivée au bureau !

Pratiquer une activité sportive est nécessaire aussi. Il est important de ne pas négliger nos corps, et de trouver le sport qui nous convient. J’ai choisi de soulever des poids, pour me libérer de ceux que j’ai portés dans la journée (sourire) !

Et je me ressource tous les jours, en me connectant avec la nature. Aller promener mes chiens chaque soir est une vraie bouffée d’oxygène, par exemple. Ce sont des petits riens mais ils sont fondamentaux pour toujours garder des idées claires et sereines.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent accéder à de hautes fonctions ?

Ne renégociez jamais votre objectif, mais trouvez d’autres voies pour l’atteindre…ou un autre calendrier s’il vous semble difficile d’accès. Pour moi, la résilience consiste à toujours chercher cette voie alternative.