Texte par Cadfael

La Covid autorise ce qu’aucun responsable politique n’aurait jamais osé faire avant cette pandémie, restreindre les libertés fondamentales au nom d’une bataille qui doit être gagnée par la rigueur et les vaccins. Mais voilà, à Bruxelles le monde ne fonctionne pas de cette manière, il y a les promesses et la réalité.

La réalité en chiffres

Un vent glacial souffle en ce moment sur la Commission européenne. Après quelques déclarations devant la presse promettant de manière quasi religieuse le début rapide de campagnes de vaccinations transeuropéennes, l’échec ne peut plus être caché. L’Union européenne, un des « blocs » politiques mondiaux majeurs s’est fait battre à plates coutures par les États-Unis, Israël et même par le champion du Brexit, le Royaume-Uni.  A ce jour, plus de 94.4 millions de doses ont été distribuées dans 62 pays ce qui fait une moyenne de 4.47 millions de doses par jour. Avec l’arrivée Biden, la plus grosse campagne de vaccinations de l’histoire américaine s’est accélérée.

Selon le Covid Tracker de Bloomberg en date du 30 janvier, 1,35 million de doses sont administrées par jour avec jusqu’ à présent un total de 30.5 millions de vaccins distribués. Ce qui fait 9.3 % de la population de vaccinée à la date de dimanche dernier. Selon Bloomberg, l’Europe, dans le meilleur des cas, se trouve autour, ou en dessous, de 3% de la population vaccinée avec au moins une première injection. En Israël, 32.9% de la population a reçu au moins une prise et 18.8 % de la population est vaccinée .Et au Royaume-Uni, 12,5% de la population a eu une prise et 0.7% est  vaccinée. Rien que ce weekend, 1,1 million de doses ont été distribuées selon la presse anglaise. Un nouveau record.

Trouvez l’erreur

La gestion désastreuse de l’achat et de la sécurisation des doses de vaccins relève de la responsabilité de la présidente de la Commission. Elle se solde par un échec que portent les citoyens européens qui gardaient encore quelque espoir d’une vaccination rapide.

Dans un premier temps, l’américain Pfizer et son associé allemand BioNTech ont expliqué ne pas pouvoir livrer l’ensemble des doses prévues. Dans un second temps, AstraZeneca, groupe anglo-suédois a déclaré vendredi dernier n’être en mesure de livrer que 31 millions de doses sur les 80 millions prévues. D’après la presse allemande les demandes d’explications adressées à la présidente ont été ignorées. Son service de communication fait barrière selon une pratique bien rodée. « Elle se cache » titre la presse de son pays.

La publication de certains contrats passés entre Bruxelles et les groupes pharmaceutiques, manière de se dédouaner, ne change rien à la réalité. Ce weekend AstraZeneca a généreusement, fait savoir qu’il libèrerait encore 9 millions de doses. On est loin du compte qui, in fine, se solde en vie humaine.

La période de grâce est terminée

Les critiques pleuvent au sein du parti de la présidente. Parmi lesquelles on note celle du ministre des Finances de la République fédérale sur CNBC qui lui reproche de ne pas avoir été assez rapide. Et  celle de Marcus Söder, candidat à la succession de Mme Merkel, qui qualifie les négociations de « typiquement bureaucratiques » et estime « que Bruxelles a totalement sous-évalué l’importance de la situation ».

Un autre membre du groupe de la présidente, député européen, souligne que si AstraZeneca ne livre pas à l’Europe, mais aux autres, c’est que les contrats le permettent. « Ce n’est pas celui qui commande le plus qui obtient la commande, mais celui qui paye le plus » dit-il dans la Zeit. Le Spiegel,  mentionne dans son édition online du 29 janvier deux hypothèses : une éventuelle motion de censure par le Parlement européen ou une pression politique tellement lourde que Von der Leyen en tirerait les conséquences personnelles. Une analyse de la presse allemande, toutes couleurs politiques, confondues décrit la présidente de la Commission comme une personnalité qui promet beaucoup, mais qui laisse le travail de détail aux autres. Au moment du bilan elle aurait toujours réussi à grimper un nouvel échelon de carrière pour laisser les ennuis à son successeur.

Qui est responsable ?

Selon une déclaration de Carsten Schneider, président du groupe parlement social-démocrate (SPD) à la chaine ZDF en date du 28 janvier BionNTech avait proposé au mois de novembre de fournir 200 millions de doses supplémentaires ce que la Commission avait refusé. « C’est une faute lourde dont la responsabilité incombe à Mme Von der Leyen ».

La France, l’Espagne et Portugal sont en tête du manque de d’approvisionnement en vaccins. Le Portugal préside le Conseil européen pour une période de six mois. Il a un besoin pressant de financements européens, donc profil bas malgré son système hospitalier à bout de souffle et une facture lourde : 19.000 morts au mois de janvier. Peut-on condamner la Hongrie de se fournir en vaccins russes et chinois, même non approuvés ? Face au désastre humain et politique que nous vivons, on en viendrait à regretter notre Jean-Claude national… Nous venons d’apprendre que hier BioNTech/Pfizer et l’Union Européenne ont trouvés in extremis un accord portant sur une livraison de 75 millions de doses au second trimestre de cette année. Cela parviendra-t-il à sauver le soldat Ryan ?

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