Le dernier rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Europe (FRA) révèle que les actes de violence et de harcèlement sont beaucoup plus fréquents que ce qu’indiquent les données officielles, touchant plus d’un européen sur 4 chaque année. 

Le FRA (Agence des droits fondamentaux de l’UE) vient de révéler le rapport de sa première étude à échelle européenne en matière de crimes. Au cours de l’enquête réalisée en 2019, le FRA a interrogé 35.000 personnes dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et en Macédoine du Nord. Les chiffres révélés sont ahurissants. En un an, plus de 22 millions d’européens ont été agressés physiquement. Et une personne sur 4 a subi du harcèlement. Pourtant, la majorité des victimes n’en parlent pas et ne portent jamais plainte. Le rapport « Criminalité, sécurité et droits des victimes » a pour but de donner aux victimes les moyens de faire valoir leurs droits afin de se défendre face aux violences.

« La grande différence entre les chiffres officiels de la criminalité et l’expérience de la population en la matière souligne la véritable ampleur de la criminalité dans l’UE. Il ressort des conclusions de l’enquête que les jeunes, les personnes qui ne s’identifient pas comme hétérosexuels et les personnes handicapées sont particulièrement touchés par la criminalité. L’UE dispose d’une législation assurant aux victimes de crimes le respect de leurs droits, comme le souligne la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Les gouvernements nationaux doivent déployer davantage d’efforts pour garantir aux victimes le respect de leurs droits et leur fournir le soutien dont elles ont besoin. »

Michael O’Flaherty, directeur de la FRA

Ce qui ressort au niveau européen

Les violences sont bien plus répandues en Europe qu’on ne le croit. Selon le rapport du FRA, les violences physiques ont touché 9% des européens au cours des cinq dernières années. Pourtant, seuls 30% d’entre eux osent porter plainte. Les autres jugeant leur cas pas assez important ou ayant l’impression que les forces l’ordre ne pourront rien y faire. Et en termes de harcèlement, les chiffres grimpent à 41% sur 5 ans et 29% sur une année. Et pourtant, un dixième seulement des victimes de harcèlement le signalent à la police.

Les jeunes particulièrement touchés

Les pourcentages de violences grimpent significativement chez les jeunes. 61% des 16-29 ans ont été victimes de harcèlement au cours des cinq années précédant l’enquête. Et 23% d’entre eux ont été victimes de violences physiques. C’est le taux le plus élevé parmi toutes les tranches d’âge, les expériences de harcèlement diminuant avec l’âge. Mais les risques de se faire harceler augmentent également dans les minorités socio-démographiques. Les personnes LGBTQI+, les personnes de nationalité étrangère et les personnes handicapées font parties des personnes les plus à risque. Le FRA souligne l’importance d’apporter une aide à ces personnes.

Les femmes, fort impactées aussi

Même si les chiffres liés au violences sont à peu près équitables entre hommes et femmes, il y a tout de même quelques différences notables. Les femmes sont par exemple bien plus susceptibles de subir du harcèlement sexuel. 18 % des femmes ont décrit le dernier incident de harcèlement comme étant de nature sexuelle, contre 6 % des hommes. De plus, 37% des violences physiques à l’égard des femmes sont perpétrées au domicile. Les conséquences sont multiples, entrainant des séquelles psychologiques dans 69% des cas.

L’enquête relève un autre point particulièrement marquant, l’implication des hommes en tant qu’auteurs de violences. Dans les cas de harcèlement n’impliquant pas d’actes à caractère sexuel, 77 % des hommes et 58 % des femmes déclarent que l’auteur était un homme ou un groupe d’hommes. Un (ou plusieurs) homme en a été l’auteur dans 82 % des violences à nature sexuelle sur les femmes et 51 % de celles impliquant des hommes.

Luxembourg, mauvais élève

Notre pays ne fait pas partie des bons élèves en termes de violences et harcèlement. Lorsque l’on regarde les statistiques, les pourcentages sont souvent au-dessus de la moyenne européenne. L’enquête révèle que 52% des personnes ont subi du harcèlement au cours des 5 dernières années, plaçant le Luxembourg 6ème du classement au niveau européen. Et pour les violences physiques aussi, il dépasse la moyenne avec 12% de personnes qui en ont subi contre 9% en Europe. Des chiffres peu rassurants. En espérant que ce rapport permette aux gouvernements de changer la donne.

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