Etait jouée les 5 et 6 décembre au Grand Théâtre de Luxembourg, la pièce “Ruys Blas” , drame romantique de Victor Hugo. Mise en scène par Yves Beaunesne, cette pièce fut jouée pour la première fois le 8 novembre 1838 pour l’inauguration du Théâtre de la Renaissance à Paris ! 

Cette sublime histoire d’amour, évoquant tant la passion que la manipulation, est d’une totale modernité. Ruys Blas, magnifiquement interprété par François Deblock, est un valet manipulé par son maître, Don Salluste de Bazan, joué par Thierry Bosc. En effet, voulant se venger de la reine d’Espagne, royalement interprétée par Noémie Gantier, qui l’a condamné à l’exil, Don Salluste utilise son valet Ruys Blas, qui est passionnément amoureux de la Reine, pour la séduire, elle qui est délaissée de Charles II et pour ainsi la compromettre. Pour refaire, Ruys Blas devra usurper l’identité de Don César de Bazan.

Ce dernier, joué magistralement par Jean-Christophe Quenon est un personnage libre, drôle et généreux. Il est attachant et n’est absolument pas machiavélique contrairement à Don Salluste qui est manipulateur et cynique. Car Ruys Blas qui est fou d’amour pour la Reine, va prendre très au sérieux son rôle jusqu’à ce que son maître lui rappelle son rang et qu’il n’est qu’un instrument de vengeance ! Ruys Blas sombre alors, tue son maître et s’empoisonne devant la reine, sa bien-aimée.

Avec un décor très épuré, composé d’un simple plateau incliné, des costumes somptueux style Velasquez crées par Jean-Daniel Vuillermoz, et des masques magnifiques de Cécile Kretschmar, créant des personnages mi-hommes mi-animaux, cette Espagne du XVIIème siècle est parfaitement représentée avec toutes ses passions, ses machinations et ses dominations par des ministres corrompus, assoiffés d’ambition personnelle.

Pour cette belle pièce de théâtre, évoquant un amour impossible, 10 magnifiques acteurs et deux admirables musiciennes occupaient la scène. Yves Beaunesnes s’est entouré de Marion Bernède, conseillère artistique, de Damien Caille-Perret pour la scénographie, de Camille rocailleux pour la création musicale, de Nathalie Perrier pour les lumières et de Jean-Christophe Blondel pour la dramaturgie. Une très belle pièce de théâtre.

Texte : Karin Santer