Face à l’inflation, à l’incertitude économique et aux tensions géopolitiques, épargner a-t-il encore du sens en 2025 ? Sandrine De Vuyst, membre du Comité de direction de la Banque Raiffeisen, nous explique pourquoi l’épargne reste plus que jamais un pilier essentiel de la gestion financière personnelle.

Rédaction : Marc Auxenfants / Photo : Eric Deville

Dans le contexte actuel : est-il encore pertinent d’épargner ?

Dans un contexte marqué par l’incertitude, les tensions économiques et les changements rapides, l’épargne reste une stratégie incontournable. Avoir une épargne est aujourd’hui une précaution à ne pas négliger. Disposer de cette marge financière évite de recourir à des crédits d’urgence à des taux souvent élevés. D’ailleurs, les statistiques démontrent qu’épargner reste pertinent. Le taux d’épargne des ménages au Luxembourg a fortement augmenté en 2020, avant de se stabiliser autour de 19 % dans les années suivantes. Les projections pour 2024 et 2025 suggèrent une légère baisse, tout en restant bien au-dessus du niveau prépandémique de 2019.

Selon quel âge, quelle durée, pour quels besoins épargne-t-on/devrait-on épargner ?

L’épargne concerne tout le monde : jeunes, adultes et retraités. Chacun a des raisons d’épargner selon ses priorités. Pour les jeunes, c’est un moyen d’anticiper l’avenir. Ils épargnent pour des projets futurs comme les études supérieures. Selon une analyse, un jeune sur cinq (de 18 à 26 ans) a rencontré d’importantes difficultés de paiement, et selon une autre, 29 % des jeunes Européens ont des difficultés à gérer leurs finances. Il est important que les parents ouvrent un compte d’épargne pour leurs enfants dès leur plus jeune âge afin de les habituer à économiser. Les jeunes adultes épargnent principalement pour des projets à court terme comme l’achat d’une voiture ; ils commencent également à penser à l’achat d’un logement. Les adultes épargnent souvent pour des projets à plus long terme comme l’acquisition d’une maison. Les seniors, quant à eux, épargnent afin d’avoir une réserve qui complète la retraite et éventuellement la transmission de patrimoine.

À moyen terme, toujours compte tenu des incertitudes géopolitiques, économiques et financières actuelles, peut-on encore envisager un contexte plus favorable à l’épargne ?

L’environnement mondial est instable. Entre les tensions géopolitiques, la hausse des prix de l’énergie et une inflation persistante, les ménages doivent faire face à de nouveaux défis. Dans ce contexte, l’épargne préserve le pouvoir d’achat face aux hausses de prix, permet de traverser les crises sans sacrifier sa qualité de vie et offre une marge de manœuvre pour s’adapter aux changements. En 2025, malgré un contexte parfois complexe, épargner reste un choix judicieux et pragmatique.

Que ce soit pour parer aux imprévus, faire fructifier ses ressources ou réaliser ses projets, l’épargne demeure un outil fondamental de gestion personnelle. Et plus généralement, la durée, tout comme la solution d’épargne, dépendent fortement du besoin et de la tolérance de chacun au risque. Il n’est donc jamais trop tôt ni trop tard pour commencer à épargner. L’essentiel est d’adopter une démarche régulière, même modeste comme des plans d’épargne.

Interview initialement publiée dans le Femmes Magazine numéro 267 de juin 2025.