Par Cadfael

Les vacances sont des moments privilégiés, mais pas pour tous. En pleine conjoncture internationale tendue, les petits et gros trafics en tous genres ont le vent en poupe.

Pendant les congés les affaires continuent

Trois jours avant la réception de l’ambassadeur de Belgique au Luxembourg, à l’occasion de la fête nationale belge dans le parc de sa résidence, le gouvernement fédéral belge demandait publiquement à la Chine de prendre des mesures urgentes contre des cyberattaques malicieuses en provenance d’acteurs chinois, activités et dirigées contre les ministères de l’Intérieur et de la Défense. Il publiait une liste des noms de codes des groupes de pirates responsables ainsi qu’une condamnation sévère de ce genre d’activité avec prière de nettoyer et de se comporter en état responsable. Ce sur quoi Pékin, dans un bel élan de rhétorique néo-marxiste accusait « la partie belge de lancer des accusations sans fondement, de dénigrer et de salir délibérément la Chine. » Suivent des déclarations de foi et de bonne volonté à faire tomber le nez de Pinocchio.

Tout se vend

Au même moment, les lecteurs du « Wall Street Journal » apprenaient que des dizaines de paquets de données numériques concernant des citoyens chinois seraient en vente sur le « dark net » suite à un gros piratage des ordinateurs de la police de Shanghai.

Le Washington Post quant à lui fait référence à un rapport concernant un vol par des hackers non identifiés dans des bases de données de laboratoires génétiques et de cliniques de fertilité. Selon l’administration américaine en charge, il concernerait plus de 3.5 millions de personnes. Rappelons que M. Macron avait refusé de faire un test covid lors de sa visite à Poutine, la France refusant que les Russes posent les mains sur Jupiter et, s’emparent de sa DNA. Pendant la guerre froide dans un monde bipolaire, les services occidentaux se donnaient un mal de chien pour récupérer des échantillons d’urine ou autres des leaders communistes.

Selon « cyberscoop.com » du 25 juillet, « Lockbit », groupe spécialisé dans le ransomware (ou rançongiciel en bon français) a annoncé sur le « dark net » avoir volé 100 GB de données fiscales au ministère des finances italien. Les pirates publiaient six captures d’écran pour prouver l’authenticité du vol avec menace de tout publier. Un ransomware est « un programme informatique malveillant qui empêche un utilisateur d’accéder à ses données ou à une machine. »  Date limite donnée à l’administration italienne : le 1er août 2022, le reste étant affaire de négociations, confidentielles bien sûr.  On notera qu’en mai de cette année « Lockbit », considéré comme le plus prolifique de ce type de « marché », avait à son actif 46% des vols ransomware mondiaux et racketté plus de 850 victimes éparpillées sur toute la planète.

Une traque longue et difficile

Le 19 juillet les États-Unis obtenaient l’extraction d’un citoyen roumano-letton de 37 ans, réfugié en Colombie. La traque durait depuis une dizaine d’années, le roumain ayant déjà été détenu en 2012 en Roumanie. Libéré sur parole, il s’était évaporé, pour être repris en Colombie l’année dernière et extradé vers les États-Unis où il a été mis en prison. Il risque au moins une cinquantaine d’années derrière les barreaux.  Il   avait monté un business de location de serveurs et de plateformes permettant la distribution de virus extrêmement malicieux qui à leur tour ouvraient les portes à des tiers pour exécuter à des opérations hautement illégales. Un des virus distribués a infecté plus d’un million de plateformes et est spécialisé dans le vol de données bancaires.

Une période faste pour trafiquants en tous genres

La guerre d’Ukraine a ouvert de nouveaux marchés. Dans les médias de la péninsule ibérique et particulièrement au Portugal, les services de sécurité sont particulièrement attentifs aux grosses voitures a plaques ukrainiennes, dont certaines aux couleurs caméléon ou rose Barbie, qui défilent sans complexes dans les lieux à la mode. Il existe à de fortes suspicions de trafics d’armes.  Les flux massifs d’armes de l’OTAN vers l’Ukraine ont ouvert la porte à toutes sortes de combines. Les autorités suspectent que des vols dans des stocks de l’OTAN se retrouvent aux mains des réseaux maffieux implantés dans la péninsule ibérique. Kiev aurait promis de mieux contrôler.

Fin de la semaine dernière, CNN diffusait un reportage d’Ukraine ou un ingénieur démontait un drone de surveillance russe. Ces engins volants sont importants, car ils permettent de détecter et de localiser des unités ukrainiennes pour organiser des frappes de grande précision. Il est apparu que les composantes sont d’origine américaine ou viennent d’Autriche, de RFA, de Taiwan et des Pays-Bas, le moteur est japonais, le module d’imagerie thermique français. Selon les numéros de série, toutes ces composantes ont été fabriquées après l’invasion de l’Ukraine. Le gros est fourni par l’intermédiaire de PME chez lesquelles le sens du bénéfice l’emporte sur des considérations légales. Un contrôle des exportations et une application stricte de l’embargo vers la Russie semblent relever du phantasme politique.

Sea, sun and sex

Depuis que la toile nous annonce que “ Daisy Duck, 64 ans, les seins nus et en petite culotte se lâche » et que « le string fait son come-back féministe » on n’a plus de soucis à se faire. Sauf à y regarder de plus près : la semaine dernière les garde-côtes italiens ont recueilli un millier de réfugiés en Méditerranée, le bateau privé « Sea Watch » quatre cents de plus. Dans son polar « Le Cercle », Bernard Minier fait dire à un de ses personnages que « le monde est le terrain de jeu favori des salauds, un enfer pour les autres, et Dieu le champion du monde toutes catégories des enfoirés ». On serait tenté de le croire. Merci quand même à tous ces femmes et ces hommes, souvent mal payés et qui pourtant demeurent fermement convaincus que les lois sont faites pour être respectées et défendues.