Une femme à la tête d’une société de construction? Rien de plus naturel pour Tizama Telou, fondatrice d’Aréal-Construction. Depuis une décennie, elle gère d’une main de velours sa petite – devenue grande – entreprise et dispense son savoir-faire. Rencontre avec une personnalité hors-norme.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours?

Avec une formation d’ingénieur et une spécialisation dans la gestion de projet, j’ai eu la chance de trouver un stage après mes études auprès de l’entreprise de construction Soludec. J’ y suis restée presque 10 ans passant de stagiaire à conducteur de travaux puis chef de projet. Quand j’ai décidé de créer mon entreprise, en 2007, je suis restée dans le même domaine afin de mettre mon expérience au service de mes clients.

Le secteur de la construction est pourtant très masculin. Cela ne vous a pas effrayée?

Au moment de me lancer, j’avais suffisamment de recul pour savoir que quel que soit le secteur d’activité, les compétences professionnelles et managériales de la personne sont fondamentales, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. J’aime aussi relever les défis, car ils me permettent de mobiliser mes capacités et d’être créative, mais également de connaître mes limites.

Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder votre entreprise?

Créer ma propre société a été une décision difficile à prendre car j’avais alors un emploi sûr et bien payé. Et c’était d’autant plus risqué que je me lançais seule dans cette aventure. Mais l’envie de travailler autrement et d’offrir un service personnalisé à mes clients a été la plus forte (sourire).

Par quelles étapes êtes-vous passée pour créer votre société?

J’ai suivi le parcours classique. Il fallait obtenir une autorisation d’établissement et passer chez le notaire. J’ai également bénéficié du soutien de la FFCEL, dont je suis membre depuis sa création et dont j’ai été la Vice-présidente pendant trois ans. C’est un bon réseau pour partager des expériences.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées?

Les premiers temps, le plus compliqué a été de trouver les clients. Même si j’étais déjà connue dans le domaine de la construction, je devais assoir ma crédibilité en tant qu’indépendante afin d’attirer ma clientèle cible. Le fait que l’entrepreneur soit une femme est plutôt inattendu. Je me souviens d’un projet où le client et l’architecte étaient des femmes. Lors de la première réunion, le client était surpris que nous soyons trois femmes autour de la table et a demandé où était l’entrepreneur (rires). Les clichés ont la vie dure.

A quoi devez-vous vos plus grands succès?

Le succès d’un projet dépend de l’alchimie entre les différents acteurs: le client, l’architecte et l’entreprise. Si chacun fait sa part du travail la réussite du projet est assurée.

Quels sont vos prochains défis?

A présent, mon principal challenge est de modéliser les projets de rénovation ou d’agrandissement, afin de réduire la durée d’exécution à six mois maximum. Au-delà, ces projets risquent de ne plus être rentable.

Où puisez-vous votre force?

Je crois en moi et je puise ma force en Dieu. Mon rituel est de commencer ma journée en priant pour mes collaborateurs, mes fournisseurs mes clients et tous ceux qui participent, de près ou de loin, à ma vie et à mon travail.

Avez-vous un modèle?

La personne qui m’inspire le plus est ma mère: elle a une force intérieure impressionnante et inébranlable.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat?

Je leur dirais de croire en elles, car elles sont la clé de leur propre succès.