Alors que la Commission européenne s’apprête à durcir la taxation du tabac et des produits nicotinés, le Luxembourg se montre réticent. Une position qui fait réagir la Fondation Cancer, inquiète d’un décalage entre discours de prévention et réalités économiques.

La Commission européenne prépare une réforme d’ampleur de la directive sur la taxation du tabac, afin de réduire la consommation en Europe. Les barèmes d’imposition, inchangés depuis 2010, sont jugés obsolètes : Bruxelles propose de les relever, et d’inclure cette fois les nouveaux produits nicotinés — cigarettes électroniques, sachets de nicotine ou produits chauffés — dont la popularité ne cesse de croître, notamment chez les jeunes.

Mais au Grand-Duché, le projet suscite des réserves. Lors de la réunion du Conseil ECOFIN, le ministre luxembourgeois des Finances, Gilles Roth, a estimé que les hausses prévues étaient « excessives ». Un point de vue motivé par la dépendance du pays à ses recettes issues du tabac, qu’il reconnaît lui-même difficiles à compenser à court terme.

Un argument que la Fondation Cancer conteste fermement. Dans un communiqué diffusé cette semaine, elle déplore qu’un État « fonde une part importante de ses revenus sur la vente de produits nocifs pour la santé », y voyant une contradiction avec l’objectif national d’une « génération sans tabac » d’ici 2040.

Les chiffres donnent matière à réflexion : les ventes de tabac ont progressé de 17 % entre 2023 et 2024, portées par des prix bien inférieurs à ceux pratiqués en France et en Belgique. Cette différence alimente un tourisme du tabac florissant, faisant du Luxembourg le « buraliste de l’Europe » et fragilisant les politiques de prévention menées par ses voisins.

Pour la Fondation Cancer, il est temps que le pays « revoie sa position et soutienne sans réserve les propositions de la Commission européenne ». L’enjeu ne se limite pas à la fiscalité : il s’agit aussi d’un signal politique fort en matière de santé publique, à l’heure où les produits nicotinés séduisent une nouvelle génération d’usagers.
L’organisation appelle le gouvernement à diversifier ses sources de revenus sans compromettre la santé de la population, rappelant que la fiscalité ne devrait pas dépendre d’un produit qui tue encore des milliers d’Européens chaque année.

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