Pour 150 milliards de dollars, vous pouvez vous offrir une résidence permettant de voir les choses de haut, tournant a une hauteur de 408 km autour de la terre. Journellement vous ferez 16 fois le tour de la terre. Ensuite il vous faudra un véhicule fiable pour faire les allers retour entre la terre et votre domicile spatial. Et c’est là que les choses se compliquent.
Par Cadfael
La station spatiale, un enjeu majeur
Lancée le 20 novembre 1998 elle est le fruit d’une coopération entre 5 agences nationales : Les russes de Roscosmos qui ont assemblé leur propre module (paranoïa oblige), et les modules américains qui ont été conçus par la NASA, les européens de l’ESA, les japonais de JAXA, et les canadiens de CSA. De la longueur du Buckingham Palace avec ses 109 m, elle n’en a pas le confort royal. A titre d’information une « chambre à coucher » a les dimensions d’une cabine téléphonique. Le projet est considéré sur un plan politique et juridique comme une des opérations les plus complexes jamais réalisées. Depuis l’agression russe sur l’Ukraine, Moscou a plusieurs fois menacé de se retirer du programme et de laisser la station s’écraser. Ce à quoi des options américaines de maintenance des modules russes ont été étudiées. Pour l’instant il semblerait que la coopération au niveau scientifique continue.
Les navettes américaines
Il y a dix ans afin de réduire la dépendance de la Russie et de permettre des économies de coûts et de temps, « l’agence spatiale américaine passe un contrat de 4,2 milliards de dollars avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX, société d’Elon Musk, pour le développement de nouveaux vaisseaux, en visant alors une première mission en 2017. Malgré cette différence SpaceX a terminé 4 ans avant son concurrent » analyse BFM télévision. Le Starliner de Boeing devrait être réutilisable jusqu’à dix fois tandis que sur le Crew Dragon de Musk seuls certains éléments sont réutilisables. Elles peuvent transporter jusqu’ à sept personnes. Apres divers déboires, des retards et des décollages annulés la navette de Boeing finit par décoller le 5 juin avec deux astronautes a bord. Ils ne devaient rester que 8 jours. Du fait de dysfonctionnements redondants des systèmes de propulsion l’arrimage réussi a la station spatiale était délicat. Le 7 septembre Starliner retourne sans encombre vers la terre mais sans astronautes, bloqués depuis lors dans la station. Ce qui fait 12 personnes de diverses nationalités a bord. Comme il n’y a que 7 cabines de couchage les équipes doivent s’organiser. Jusqu’à peu seule des navettes Soyouz, dont la conception initiale date de 1967, permettaient des allers retour entre la station spatiale et la terre. Non réutilisables elles sont conçues pour accueillir 3 personnes et du matériel. La presse s’est fait l’écho d’une éventuelle option russe permettant de ramener les astronautes laissés en plan. Le retour avec la navette de Musk est problématique pour cause d’incompatibilités de matériel. Selon la presse américaine le management de Boeing est curieusement muet en la matière.
Boeing, une image sérieusement cabossée
L’abandon depuis deux décennies d’une culture industrielle traditionnelle misant sur la qualité pour se tourner vers une maximisation des profits, c’est-à-dire « deux décennies d’erreurs de management » selon « Forbes.com » coûte cher. Dans un premier temps le management de l’avionneur a échappé à des mises en accusation pour homicide suite aux crashs de deux avions 737 max en 2018 et 2019 ayant entrainé le décès de 346 personnes. Cela s’est fait grâce à un accord avec la justice américaine mais les dirigeants de l’avionneur restent accusés de conspiration afin d’induire en erreur sur leurs responsabilités. Au lieu des 24.8 milliards réclamés par les familles il ne leur coutera, pour l’instant, que 487 millions en amendes diverses. La partie adverse fera appel. Malgré l’immobilisation au sol de leurs avions a plusieurs reprises pour inspections par la FAA et la mise sous tutelle de la FAA de leur production, les incidents sérieux sur les avions continuent et particulièrement sur leur séries 737 max rebaptisées 737-8 ou 737-9. Rien qu’en 2023 on enregistre trois occurrences sérieuses sur un total de quatre pour Boeing. Mis sur le gril fin juin devant une commission d’enquête du Senat américain le sénateur conservateur du Missouri a accusé l’ancien CEO Calhoun d’être personnellement responsable de la situation. « Franchement sir, je pense que c’est une farce que vous soyez encore à votre poste/…/ pourquoi n’avez-vous pas démissionné ? » Face aux preuves qualifiées d’accablantes par un sénateur démocrate selon le site « inc.com », (la voix des entrepreneurs américains), il est probable que des charges criminelles soient reprises.
Les ouvriers font grève et la NBA choisit Airbus
Un ennui vient rarement seul : Boeing, incorporée au Delaware, le paradis fiscal américain, s’est vue éliminé par la prestigieuse NBA, l’association nationale de basket. Celle-ci annonçait ce 13 septembre qu’elle allait investir dans treize Airbus neo. Ils seront convertis luxueusement pour le transport de ses joueurs. Et comme si ce n’était pas suffisant, 33.000 ouvriers sont entrés en grève suite à un échec de négociations salariales. Selon les analystes cela signifierait entre 3 et 5 milliards de nouvelles pertes pour l’avionneur qui se rajouteront aux 58 milliards de pertes existants avec une valeur en bourse qui dévisse. La nouvelle que l’ancien CEO démissionnaire, Calhoun largement responsable des déboires de la société soit réélu au conseil d’administration de la société après avoir encaissé des salaires jugés scandaleux de 32.8 millions en 2023 ne passe pas chez les employés de l’avionneur. Moralité : Si la rapacité permettait de voler sans risques cela se saurait au plus tard maintenant.
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