Atypique. S’il ne fallait désigner Anne-Marie Martiny que par un seul adjectif, ce serait à n’en pas douter celui-là. Magicienne aussi, qui a su transcender rencontres, manques et coup du sort pour en extraire une force incroyable et créer une société pérenne.

Nous l’avons rencontrée.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…

De croire en son destin. Jamais, je n’aurais pensé ouvrir un jour une école de langues. Bien sûr, cela est de mon ressort, puisqu’à la base, j’ai suivi une formation en pédagogie et d’orthophonie. Au gré de mes nombreuses expériences, et, surtout, des formidables rencontres que j’ai faites, un jour, cela s’est imposé à moi comme une évidence !

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre propre société ?

C’est presque une question de survie, en fait ! Au cours de ma carrière en tant que professeur de français, j’ai eu l’opportunité d’entrer dans une grosse firme, dans laquelle j’ai introduit d’autres professeurs. Un jour, deux d’entre eux sont partis pour créer leur propre société. Si je voulais ne pas me retrouver sur le côté, je n’avais pas d’autre choix que de fonder ma propre entreprise. Langues sur Mesure voyait le jour.

Avez-vous fait des choix de carrière que vous avez regrettés ?

Absolument aucun !

De quels appuis avez-vous bénéficié ?

L’un de mes élèves a joué les mécènes, d’une certaine façon, en m’offrant mes statuts. C’est le seul soutien dont j’ai pu profiter. Le reste, je ne le dois qu’à mon travail !

Être une femme est-il un frein ou une force ?

Ni l’un ni l’autre. Je dirais que cela relève davantage d’un état d’esprit. Vous êtes entrepreneur ou vous ne l’êtes pas ! J’en suis le plus bel exemple : je suis à la tête d’une école de langues alors que je ne suis pas du tout douée pour les langues (rires) ! Cela m’a valu bien des critiques au début. Ce que l’on me demande, ce n’est pas d’être polyglotte, mais de gérer une entreprise. Et ça, c’est mon point fort. Je suis bon manager, c’est la seule chose qui compte (rires) !

Ensuite, il faut savoir saisir le train en marche, se laisser porter par ses intuitions et surtout ne jamais se reposer sur ses acquis. C’est une question de travail, également.

Un chef d’entreprise est-il forcément bon manager ?

Non, et cela peut lui porter préjudice, car si celui-ci est trop rigide, il ne sera pas suffisamment à l’écoute de son équipe. Et la communication est fondamentale.

De quelles compétences un bon entrepreneur doit-il faire preuve ?

Il se doit de se poser comme un guide, afin d’amener son équipe vers le bien-être. Des collaborateurs heureux, qui se sentent bien dans leur société, vont donner le meilleur d’eux même. Un bon manager est également celui qui sait faire preuve de reconnaissance. Un manager n’est rien sans son équipe, il doit en être conscient. Il doit également savoir dire les choses, en y mettant les formes, bien sûr ! Les non-dits sont une véritable gangrène pour les sociétés.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

D’être sûre de ce que l’on souhaite faire et d’être sûre de soi. Ensuite, il faut prendre les devants, y aller à fond et ne jamais se laisser décourager. Il y aura toujours des personnes malveillantes qui tenteront de vous tirer vers le bas. Il faut faire fi de ces médisances et s’entourer de personnes bienveillantes. A l’époque, si j’avais porté attention aux critiques, je n’en serais jamais arrivée là aujourd’hui. Et pourtant. Je peux me vanter de m’être fait une jolie place sur le marché luxembourgeois et j’en suis fière.

Enfin, toujours se remettre en question, mettre sans cesse la barre toujours plus haut. Regardez-moi, je fourmille de projets pour 2018, et mon objectif premier est d’amener Langues sur Mesure vers du très haut de gamme. Et j’y parviendrai, je n’ai aucun doute la dessus (rires) !