Si on adore le mois de mars qui annonce le printemps, on est nettement moins fan des averses et autres giboulées qui nuisent vraiment à notre style capillaire. C’est vrai. Mais ça, c’était avant que l’on ne découvre Juliette Babelot, qui a sérieusement piqué notre curiosité avec sa marque au nom délicieusement désuet : Capuches à Mémé.

Juliette fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneur/créateur/créatif/DA, bref à ceux que l’on appelle les slasheurs. Un choix raisonné certes, car il n’est pas toujours évident de se lancer dans l’entrepreneuriat, mais qui n’est pas dénué de passion pour autant. Tous ses métiers, elle les exerce avec passion. Directrice artistique dans la communication à la vie, créatrice de mode à la scène, Juliette est surtout une artiste à temps complet, dont l’œil est sans cesse exercé. Et ce n’est pas ses expériences dans l’édition ou le retail qui vont venir démentir cette facette de sa personnalité ! Au contraire ! Quel que soit le job qu’elle a effectué avant de créer Capuches à Mémé, il a contribué à créer sa vision, a affûté son œil déjà entraîné. Si la mode n’est pas son domaine de prédilection, elle confesse une nette inclinaison pour l’intemporalité et l’approche graphique, presque architecturale du vêtement par de la maison Courrèges, ou encore la poésie et la fraîcheur de l’univers de Kenzo.

La mode, une histoire d’éternel recommencement

Mais de là à créer des capuches ? « Ma grand-mère déménageait en maison de retraite. Alors que j’aidais mon père à vider son appartement, j’ouvre un tiroir et, là, j’y découvre moult capuches en plastiques. » Une trouvaille qui lui fait le même effet que le goût de la petite madeleine trempée dans une tasse de tilleul à Marcel Proust. Les souvenirs se bousculent, « les balades sous la pluie à Chambéry, les Saint-Genix de la boulangerie d’à côté de la maison et les parties de crapette », sa curiosité est piquée. Où sa grand-mère parvient-elle à s’approvisionner de nos jours ? L’aïeule lui confie alors la difficulté de dénicher des vestiges du temps ancien. En bonne petite fille, elle lui propose de lui en créer, mais de jolies ! Parce que « ce truc est génial, mais franchement moche » (rires) !

La suite, c’est un exercice, assez périlleux pour trouver le juste compromis entre le pragmatisme de cet accessoire hors du temps et l’esthétique. « Je voulais une forme élégante, mais qui protège réellement de la pluie. » À l’aide d’une modéliste, elle fait des essais « scratch, pas scratch, boutons… nous avons passé en revue l’éventail des possibilités. Et puis, la forme du foulard, rétro et chic, s’est imposée d’elle-même. « Ainsi, il se noue, s’adaptant au mieux à la forme du visage. » Puis vient la question du motif. Là encore, l’influence familiale n’est pas loin. Elle s’inspire cette fois de sa maman, qui vivait six mois par an en Afrique. Aussi, elle songe naturellement à utiliser un tissu wax, cette étoffe chatoyante originaire d’Afrique. « Ces motifs, ces couleurs aléatoires m’ont toujours fascinée. Et puis mettre un peu de soleil pour affronter la pluie, c’est une idée qui me plaisait vraiment. Et, pour que chaque femme puisse trouver son bonheur, j’ai dressé des portraits chinois, que l’on retrouve dans les descriptifs de chacune de mes capuches, sur l’eshop. » Façonnés comme des gri-gris ou des totems, ces accessoires se chargent d‘un pouvoir supplémentaire. Ultime étape, la fabrication du pochon. Elle reste dans cette veine désuète et lui associe un système clic-clac, « comme sur les vieux porte-monnaie ». La boucle est bouclée, les Capuches à Mémé étaient prêtes pour affronter la pluie !

Pratiques et rigolotes, ces capuches rencontrent très vite leur public. « Mes clientes n’hésitent pas à partager leur expérience, à nous raconter pourquoi elles ont craqué sur tel ou tel modèle. L’une explique qu’elle adore les foulards ; une autre qu’elle trouve cette idée hyper pratique. Une autre encore déplore la pluie qui ruine son brushing. » Si elle a conscience de toucher pour l’heure, une cible plutôt pointue, surtout Parisienne et branchée, elle met en avant leur facette élégante et intemporelle.

La capuche est sexy

Au point d’être qualifiée de glamour ? « Bien sûr ! Mon idée était de m’approcher de l’univers des actrices mythiques des années 50 et de leur allure, tellement classe et chic. Audrey Hepburn, Catherine Deneuve, Grace Kelly, qui ont connu la grande époque du fichu ou du foulard (dans un autre style, nous avons aussitôt songé à Bridget Jones, qui aurait adoré cette idée dans son coupé direction la campagne aux côtés de Hugh Grant !) J’ai d’ailleurs récemment fait un shooting sur le thème « Vivons heureuses, vivons ca(pu)chées », autour de cet accessoire (accompagné bien souvent de grandes lunettes noires). Il permettait ainsi aux femmes célèbres de dissimuler leur identité et garder de la discrétion, lorsqu’elle se baladait dans des espaces publics, ou de protéger leur brushing lors d’une virée en cabriolet (ah ! le fameux coupé de Bridget Jones, on vous l’avait bien dit !). Et puis, par définition, tout ce que l’on cache, et qui se dévoile après, est sexy… Sexy parce qu’elle peut donner un air mystérieux : seul le regarde s’échappe de la silhouette. Donc, OUI, la capuche est sexy ! »