Les femmes ne sont pas toutes parfaites, les hommes encore moins. Ce constat d’une grande profondeur ne plaira pas à tout le monde. Certains tentent de compenser grâce au nouveau remède universel : l’Intelligence artificielle (IA).
Par Cadfael
Les voies de l’intelligence
Depuis 1973 où deux ingénieurs de la Nasa ont inventé le premier jeu vidéo avec des avatars, il aura fallu attendre 2003 et « Second Life », un autre jeu, pour voir apparaitre des humanoïdes avec un potentiel de customisation avancégénérant enfin des revenus. Le monde du metaverse se mettait en place. Derrière ce concept très large se trouve une convergence des espaces virtuels et physiques avec l’aide de l’informatique et d’outils de réalité mixte ou augmentée. Les récents progrès en intelligence artificielle permettent d’otenirdes avatars hyperréalistes qui réagissent de manière naturelle (humaine ?) aux informations visuelles et auditives reçues. L’immersion se fait via des casques de réalité augmentée. Leurs applications peuvent aller de l’éducatif au médical en passant par l’érotisme.
La face cachée de la lune
Selon un rapport de la police anglaise datant de fin 2023 une jeune fille de moins de 16 ans était sortie traumatisée d’une expérience de jeu utilisant un casque de réalité augmentée.Elle aurait été abusée en bandes par des hommes adultes dans le cadre du jeux vidéo. Une plainte pour abus sexuels sur des caractères digitaux de la jeune fille a été déposée. L’institutionanglaise active dans la prévention d’abus sur des mineurs a exigé que les sociétés de gaming et de streaming agissent de suite en prenant leurs responsabilités afin d’éviter ce genre de situation. L’IA sur le web nous livre une masse d’applications,gratuites ou payantes, où l’utilisateur peut générer des formes humanoïdes. Ce sont généralement des « hot girls » « libres, générant de la dopamine, photoréalistes » gérables à partir « d’un simple texte et aux commandes faciles ». Les modèles présentés sont en majorité d’apparence féminine et très, très jeunes. On pourra aisément y brancher des sex toys connectés et vogue le navire vers de nouveaux espaces hors lois ?
Y aurait- t-il abus de liberté ?
Le dernier sommet annuel à Genève sous l’égide de l’ONU sur l’IA (dont le prochain se tiendra à la fin de ce mois) avait vu la plus large concentration d’humanoïdes physiques et virtuels jamais organisée. Une analyse de la BBC constataitqu’ils étaient tous féminins dans une industrie dominée par des hommes. Plus les robots et leur voix sont réalistes plusémerge une tendance à les sexualiser. Une intervenante de l’université de Cambridge soulignait la crainte d’unebanalisation des pratiques sexuelles avec des robots. A travers l’Europe des bordels avec des humanoïdes, des « sex dolls »,commencent à ouvrir. La location se fait à l’heure. Les 24 et le 25 août prochains la très sérieuse université du Québec àMontréal organise un symposium sur le sujet « amour et sexe avec des robots » <www.lovewithrobots.com> traitant des grands thèmes de la robotique, les « sextechs » et les diversesapproches philosophiques psychologiques, cliniques, inter sexe etc. Un espace sans frontières.
Gémissons mais espérons
On est loin de Pétrarque et de Laure, de Ronsard et d’Hélèneou de Dante et de Béatrice, une partie de l’âme de l’humanitéencore inaccessible aux nouvelles tyrannies implacables des chiffres binaires les plus sophistiqués. On n’est pas obligé de partager les choix politiques de Louis Aragon mais la beauté de ses vers lorsqu’il chante « les Yeux d’Elsa », publiés en 1942, est pour l’instant hors d’atteinte de l’IA. Gardons en mémoire en ce mois de mai qu’avec d’autres écrivains comme Vercors, Seghers ou Eluard ils se sont engagés activement dans la résistance contre une autre forme de tyrannie. Les yeux d’Elsa nous racontent la liberté :
« Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés »…
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