Depuis quatre ans, Sandrine Pingeon organise, deux fois par semaine, un petit marché à Munsbach: Les Paniers de Sandrine. Son but? Offrir à ses clients des bons légumes, de saison, bien sûr, mais également des produits originaux. Des végétaux qu’elle cultive elle-même, à Munsbach, ou certains qu’elle sélectionne chez des producteurs qui partagent ses valeurs, dont elle a approuvé la qualité.

La qualité, d’ailleurs, un fil rouge qui lui a permis de se faire une place de choix et de travailler avec les plus grands chefs du pays. Sandrine Pingeon nous a séduits par sa douceur et sa simplicité, lorsque nous avons évoqué avec elle son incroyable ascension. Rencontre avec une épicurienne éprise de simplicité.

Quel est votre parcours?

Mon histoire est à contresens. Je n’avais pas prévu un carrière dans l’agriculture, je sais à quel point ce métier est dur puisque mes parents se sont eux-mêmes reconvertis dans ce secteur d ‘activité lorsque j’avais 10 ans. Mon compagnon, agriculteur lui-aussi – en racontant ça, je me dis que c’était vraiment mon destin, finalement – m’a proposé de le rejoindre avec mes paniers. A l’origine, je pensais acheter à des producteurs locaux pour élaborer mes paniers. Et puis, j’ai remis les mains dans la terre. On ne peut pas échapper à son destin! (rires).

Vous avez accepté tout de suite de le rejoindre?

Oh non, il m’aura fallu tout de même cinq ans de réflexion, avant de le rejoindre. (Elle était à la tête de la société Grenge Kuerf, ndlr.). Et puis, j’ai fini par sauter le pas. Et depuis, c’est quatre ans de vrai bonheur. C’est une chance, même si jongler sa famille, son entreprise, ses enfants au quotidien relève parfois du parcours du combattant.

Justement, n’est-ce pas un handicap d’être une femme dans un domaine aussi masculin que l’agriculture?

C’est sûr que l’on doit deux fois plus faire ses preuves que lorsqu’on est un homme. Mais au final, je pense que c’est un atout. Bien sûr, cela dépend avant tout du caractère. Je suis une personne franche et honnête, qui prend plaisir à partager. Ce sont des valeurs très terriennes, qui m’ont sans doute permis de transformer l’essai, de trouver ma place dans cette voie et de m’y épanouir.

Votre plus belle réussite?

Je suis très fière d’avoir pu engager une personne par an. C’est que mon projet fonctionne. Ensuite, quand les gens disent «Parce que c’est Sandrine.» J’ai mis tout mon cœur dans ma société, et je pense vraiment que c’est la raison pour laquelle ça fonctionne aussi bien. C’est un projet intime, que je veux garder à cette échelle. Je ne veux pas en faire une multi-nationale. Je tiens à conserver mon identité, la proximité qui me lie avec mes clients, et aussi avec les chefs avec lesquels je travaille. Ils me portent. J’aime ma petite entreprise, le succès m’effraie un peu.

Pensez-vous que la tendance healthy ait contribué au succès des Paniers de Sandrine?

Bien sûr! Je suis tombée au bon moment de la vague, et j’avais bien cela en tête quand je me suis lancée. Je ne l’aurais sans doute pas fait dans un autre contexte, je le reconnais. J’ai aussi et surtout la chance de connaître de très bons chefs, comme Cyril Molard (Ma Langue Sourit) ou René Matthieu (La Distillerie) qui m’ont permis de me faire connaître. Et le bouche-à-oreille a fait le reste. (sourire) J’ai pris le parti audacieux de ne pas faire de pub, c’était risqué, mais cela a fonctionné. J’ai la meilleure clientèle du monde, qui me suit et me porte. C’est grâce à elle que je me suis fait connaître. Ils sont au rendez-vous régulièrement. Nous avons tissé des liens. Et ce qui est formidable, c’est que je touche toute la population, et pas seulement les vegans ou les végétariens. Les épicuriens, les gens soucieux du goût, ceux qui ont eu un jardin un jour et qui sont désespérés de manger des légumes sans goût.

Votre meilleur atout?

Être merveilleusement entourée. Sans ma famille et mon équipe, tout cela n’aurait jamais été possible. Mon succès, je le leur dois avant tout.

Avez-vous des projets?

Plein, mais je tiens à les garder secrets. En ce moment, tout va très vite, et j’ai peur de ne pas réussir à suivre, de ne pas les assumer. Une chose après l’autre, je suis vraiment dans une démarche «slow», vous savez. Que les choses aillent vite, ok, mais je ne veux pas que cela se précipite. Mon premier objectif est de conserver le lien et de maintenir cette qualité.