En 2017, Frédéric et Sabrina Biagiotti ont repris la gérance de l’historique Librairie des Lycées, dans le quartier du Limpertsberg. Au prix d’efforts acharnés, le couple a réussi à offrir une seconde jeunesse à la boutique, en améliorant l’expérience d’achat de leurs clients et en élargissant la gamme proposée. Sabrina Biagiotti nous dévoile les secrets de ce renouveau.

Depuis quand êtes-vous à la tête de la Librairie des Lycées ?

Nous, mon mari Frédéric et moi-même, sommes à la tête de la librairie depuis 2017. La reprise de ce commerce est un véritable projet de couple, de famille. La librairie existe depuis près de 30 ans, elle fait partie intégrante du paysage du quartier. Les étudiants des écoles aux alentours connaissent bien la Librairie des Lycées. Elle est connue et reconnue par tous. Lorsque nous avons repris le commerce, il était dans son jus. La librairie était très spécialisée, elle s’adressait directement aux étudiants. Nous avons fait évoluer le magasin en changeant peu à peu le mobilier et en optimisant l’espace. Nous avons mis davantage d’articles en les rangeant par catégorie pour faciliter l’expérience d’achat de nos clients et pour créer une véritable cohérence. Tout en gardant l’esprit de la Librairie des Lycées, nous avons modernisé et diversifié l’offre de la boutique. Désormais, lorsque nous entrons dans le magasin, nous avons une vue profonde de l’espace. Cela invite les gens à arpenter tous les recoins de la librairie. Nous avons en réalité créé un chemin. Il y a d’abord la partie livre, puis au fond du magasin, les manuels scolaires, les souvenirs du Luxembourg, les jeux et les jouets, et les articles de décoration, puis le coin papeterie et les sacs d’école, et enfin les confiseries, les boissons, la presse et pour finir la partie fumeurs.

Pourquoi avez-vous repris la Librairie des Lycées ?

Frédéric et moi-même avions nos activités respectives en France. J’étais gestionnaire entreprises dans une banque. Quant à mon mari, il était responsable commercial dans l’automobile de luxe. Nous souhaitions nous mettre à notre compte, gérer notre propre commerce et travailler en couple. À la base, notre projet n’était pas vraiment de racheter une librairie. L’idée était, plus largement, de reprendre un commerce ou une activité. En réalité, nous cherchions quelque chose de plus petit (un tabac ou un kiosque) et pas forcément au Luxembourg. Nous avions en tête plusieurs projets en France, en Italie et même en Espagne. Finalement, notre regard s’est porté sur cette fameuse librairie. Nous étions en contact avec la Chambre de commerce qui avait une liste de commerces à vendre. La librairie cochait un peu toutes les cases et rejoignait l’idée du kiosque. Après plus d’un an de négociations, nous avons enfin eu les clés.

« Nous avons créé, en quelque sorte, la Librairie des Lycées 2.0 »

Est-ce compliqué de travailler en famille ?

Non, absolument pas. Nous sommes vraiment complémentaires. Frédéric gère toute la partie commerciale et apprécie tout particulièrement le contact avec les gens. Je m’occupe du back office, de toute la logistique et de l’optimisation du magasin. J’ai d’ailleurs fait installer un logiciel pour coordonner la boutique et le stock. Les deux premières années, nous avons vraiment fait un gros travail de rafraîchissement. Auparavant, il y avait seulement 4 000 articles référencés. Aujourd’hui, nous avons une base avec plus de 30 000 produits. Nous avons créé la Librairie des Lycées 2.0.

Quel bilan tirez-vous de vos débuts ?

Dès notre deuxième année, nous avons doublé le chiffre d’affaires de nos prédécesseurs. Avant la pandémie de covid-19, nous étions sur une très belle dynamique. Actuellement, nous dépendons encore trop de la rentrée scolaire. À partir du mois de mai, de nombreuses écoles nous passent directement des commandes. La période estivale, celle où tout le monde part prendre du bon temps, est notre pic d’activité. La vente de fournitures et de manuels scolaires représente 80 % de notre chiffre d’affaires annuel. Cette dernière nous permet de vivre les six mois suivants. Tous les produits que nous proposons, les clients peuvent les retrouver sur internet. Et ce qui nous inquiète le plus ce sont les grandes surfaces. Ces dernières vendent de la papeterie et si en plus, demain, elles étaient habilitées à vendre des manuels scolaires, ce serait terrible. Il en serait fini de notre commerce. 

« La vente de fournitures et de manuels scolaires représente 80 % de notre chiffre d’affaires annuel »

Qu’est-ce qui vous différencie ?

Les gens sont écoutés en venant ici, c’est ce qui fait la différence. Chez nous, c’est familial, nous sommes proches des gens. Nous accordons un soin particulier à l’expérience d’achat de nos clients. De plus, nous sommes ouverts 7 jours sur 7. Nous participons pleinement à l’activité du quartier et nous permettons aux habitants d’avoir un commerce de proximité où ils peuvent trouver de nombreux produits. Car, en réalité, nous sommes bien plus qu’une librairie. Chez nous, vous pourrez trouver plus qu’un livre ou un crayon. En peu de temps, nous nous sommes aussi développés sur les réseaux sociaux et nous avons mis en place un site marchand. Frédéric s’occupe lui-même des livraisons. Nous avons aussi près de 40 000 vues sur notre Chaine Youtube. Et après le confinement, nous nous sommes inscrits sur la plateforme luxembourgeoise Letzshop. Nous essayons au maximum de travailler avec des fournisseurs locaux en nouant des partenariats sérieux et pérennes. Cela nous importe beaucoup.