Samedi, les Rotondes accueilleront une manifestation qui sort de l’ordinaire et pourtant parfaitement dans l’ère du temps : Fashion Revolution. A l’heure où nos façons d’acheter changent, où l’information nous fait regarder d’un autre œil tout les produits de consommation courante, la mode n’échappe pas à cette évolution des moeurs.

Car derrière un simple t-shirt, c’est toute une industrie, une aventure humaine et la planète qui sont engagées. Nous sommes allées à la rencontre des organisatrices, qui nous ont présenté la Fashion Revolution et avec qui nous avons abordé la mode sous un angle durable. Parce que la mode peut être belle dehors ET dedans!

Qu’est ce qui a initié ce projet ? Qui est derrière lui ?

Fashion Revolution a été fondé en 2013 par Orsola de Castro et Karry Sommers, à Londres. Toutes deux travaillaient déjà dans les secteurs de la mode et du design et avaient véritablement en tête de créer une organisation qui contribuerait à faire avancer les mentalités, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources humaines et des matières naturelles de façon durable, afin que la mode soit aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur.

A Luxembourg, la coordinatrice est Stylianee, fondatrice de la marque éthique What.Eve.Wears. Elle partage les mêmes valeurs que sont l’amour de la nature, la beauté, toujours associées à des pratiques fair-trades. Des partenaires sont Caritas Luxembourg, et aussi deux marques de la mode éthique, Impashion et Risaikourou, se sont associées au projet. Et nous pouvons compter sur une team de bénévoles enthousiastes. C’est important de se sentir portées et encouragées dans notre démarche.

Expliquez-nous en quoi consiste votre manifestation ? Que va-t-on trouver en venant samedi aux Rotondes ?

C’est un événement qui vise à sensibiliser le grand public, sans toutefois faire la morale ou l’effrayer à grand renfort de discours culpabilisants. Au contraire, nous voulons aborder le sujet sérieusement, mais de façon plaisante. Nous avons mis en place un « Ethical Fashion Market » avec un choix de marques et créateurs qui travaillent dans le respect de la philosophie durable et locale, et qui sont vigilants quant à la qualité et à la provenance des matérieux utilisés : Made in Luxembourg, Designed in Luxembourg, Upcycled, fait-mains. On pourra y trouver des vêtement,s mais égalements des sacs et accessoires, des bijoux, et même des savons naturels !

Nous organisons également des workshops pour les adultes et les enfants. Il y aura également une table-ronde, sur On continue avec un table ronde qui va aborder le thème de la production et la projection d’un documentaire sur la Fast Fashion.

Envisagez-vous de créer d’autres événements ?

Oui, nous avons de nombreuses idées. Notre volonté est véirtablement d’apporter des concepts nouveaux au Grand-Duché, afin de sensibiliser les Luxembourgeois à changer leur façon de consommer pour aller notamment vers une approche de la mode plus éthique et durable.

Qu’est-ce qui vous a amené, vous, à repenser votre vision de la mode ?

Le déclic s’est fait quand j’ai pris conscience de l’impact du secteur de la mode sur l’environnement. Aux Etats-Unis, 11 millions de tonnes de vêtements finissent chaque année à la décharge. Vous vous rendez compte ? En m’y intéressant de plus près, j’ai aussi découvert que les teintures utilisées pour les vêtements sont également néfastes pour l’environnement, voire pour notre santé.

Et puis, il y a la dimension humaine, la surexploitation de la main d’œuvre, sans évoquer le travail des enfants. Après Rana Plaza, il y avait plus aucun doute : il fallait réagir avant que la situation n’empire encore davantage.

L’effondrement du Rana Plaza a-t-il accentué votre position ?

Bien évidemment. C’est affreux de penser qu’en une seule journée 1150 personnes sont mortes et 2200 ont été mutilées. Voilà le coût humain d’un t-shirt à 5 euros. Pourtant, en repensant notre façon de consommer, nous pouvons tous apporter notre pierre à l’édifice pour faire évoluer la situation dans le bon sens. Notre pouvoir réside dans notre porte-monnaie !

Faut-il boycotter toutes les enseignes de fast fashion ?

La question est délicate, mais ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas favoriser de telles marques. Et surtout ne pas hésiter à regarder les étiquettes pour savoir où ont été fabriquées les vêtements, demander aux vendeurs, se renseigner. Il faut arrêter de porter des œillères mais s’informer, afin d’aller vers davantage de transparence dans la production. Et ne pas hésiter à dénoncer.

Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices pour aller vers une consommation plus réfléchie ?

Acheter moins mais mieux. Une belle pièce, fabriquée dans de bonnes conditions plutôt que 10 t-shirts douteux. On commence par des basiques, des pièces intemporelles, de bonne facture qui dureront dans le temps, que l’on associera avec des accessoires, pour suivre les tendances. On peut aussi acheter vintage et dans les boutiques « second-hand ». Et pourquoi pas ne pas organiser des tocs avec ses amies ! Une nouvelle tendance consiste également à customiser ses vêtements pour leur offrir une nouvelle vie. Il faut aussi apprendre à réparer au lieu de jeter, comme le faisaient nos grands-mères. Et le plus important, il faut aimer nos vêtements, faire des voyage, se construire des souvenirs, bref vivre intensément !