Quel plaisir de retourner au Grand Théâtre découvrir le chef d’œuvre Rigoletto de Giuseppe Verdi sous la direction musicale d’Alexander Joel et mis en scène par Richard Brunel. Cet opéra fut commandé en 1850 par La Fenice de Venise à Verdi qui s’inspira de la pièce Le Roi s’amuse écrite en 1832 par Victor Hugo.

Par Karin Santer

Le personnage principal interprété par Juan Jesus Rodriguez, est un bouffon de la cour, un anti-héros : un être disgracieux et cruel mais un père protecteur et aimant alors que sa seule préoccupation est sa fille Gilda, campée par Marina Monzo. Gilda va connaître une situation tragique alors qu’elle est séduite par le Duc de Mantoue, interprété par Alexey Tatarintsev. Séducteur invétéré, il ne veut s’engager auprès d’aucune femme ! La Comtesse Ceprano (Jue Zhang) fait également partie de ses élues et Rigoletto se moque publiquement du Comte Ceprano (Samuel Namotte) qui le maudit et promet de se venger ! Rigoletto se rend alors chez sa fille et lui interdit de sortir de la maison. Le Duc qui avait remarqué Gilda et l’avait suivie, se cache pour écouter ses échanges avec Rigoletto et apprend qu’il est son père. Alors que Rigoletto sort pour surveiller les alentours, le Duc en profite pour se rendre auprès de Gilda et lui déclarer son amour.

Entre temps, des courtisans, Marullo (Francesco Salvadori) et Ceprano, apparaissent, se cachant derrière des masques, et rencontrent Rigoletto. Ils proposent, pour s’amuser, de kidnapper la Comtesse Ceprano et Rigoletto se joint à eux pour les aider. Ayant les yeux bandés, il ne s’aperçoit pas qu’il aide à l’enlèvement de sa fille qui sera par la suite livrée au Duc ! Rigoletto parvient tout de même à récupérer Gilda qui lui supplie de lui pardonner de s’être donnée au Duc. Rigoletto décide alors d’emmener sa fille dans un endroit glauque, l’auberge de Sparafucile (Onay Köse) à qui il a demandé d’assassiner le Duc. Rigoletto et Gilda s’approchent ainsi de la maison de Sparafucile et observent à travers un trou dans le mur Maddalena (Francesca Ascioti), la sœur de Sparafucile, en train de se faire courtiser par le Duc. Bien que Gilda réalise que le Duc va la trahir et malgré l’ordre de son père de fuir à Vérone avec des habits d’homme, elle revient déguisée en homme, rentre dans l’auberge et se sacrifie pour sauver le Duc, se faisant poignarder par Sparafucile !

Ainsi la cruauté que Rigoletto encourage joyeusement au début va se retourner tragiquement contre lui : la malédiction s’abat sur Rigoletto ! L’interprétation de cette production mise en scène par Richard Brunel, assisté d’Alex Crestey, est magistrale, la distribution étant exceptionnelle dans chacun des rôles.

L’orchestre de l’Opéra national de Lorraine est également excellent, étant à la fois nuancé et puissant, s’unissant parfaitement aux voix. Dans une chorégraphie de Maxime Thomas, danseuses et danseurs sont magnifiques et fusionnent merveilleusement dans les décors d’Etienne Pluss avec les lumières de Laurent Castaingt. Le spectacle se joue au sein d’une compagnie de danse.

Avec une mise en scène captivante de cette tragédie, dont Verdi déclara lui-même à la fin de sa vie que c’était sa meilleures composition, les émotions sont au rendez-vous et c’est une grande réussite !Une véritable ovation !