Rendez-vous incontestable pour tout amateur d’artisanat, féru de robes intégralement brodées demandant des jours de travail minutieux et adepte de défilés alliant opulence et poésie, cette semaine de la haute couture printemps 2016 nous a livré comme prévu son lot de féérie à grand renfort de pièces plus superbes les unes que les autres.

L’occasion donc de dresser un récapitulatif de ce qui a retenu notre attention.

Contrairement aux fashion week “traditionnelles” de Paris à New York, en passant par Londres et Milan qui répondent à la pression des acheteurs, des annonceurs, et autres Anna Wintour, la semaine de la haute couture est l’occasion pour les créateurs de laisser libre court à leur imagination. En résultent bien souvent des défilés oniriques, dont les tenues demandent des heures et des nuits de travaux acharnés.

Lingerie sens dessus dessous

Cette saison, la tendance oscille entre influences orientales et rêves néo-futuristes. Remarquée chez Givenchy ainsi que chez Jean-Paul Gaultier, la tendance lingerie se confirme. Des robes en dentelle délicate et voiles de plumetis pour le premier, aux pyjamas en soie et corsets pour le second, la nuisette prend des airs de robe de soirée quand nos soutiens-gorges se portent sur nos chemises. Jeux de transparences et teintes nude chez Valentino également où Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli imaginent des princesses byzantines toutes de broderies vêtues.

Rêve d’orient

Effectivement, il semblerait que l’opulence moyen-orientale ait inspiré Valentino. Cheveux ornés de serpents dorés, patchwork de soie, tenues parées de broderies et velours chatoyants, la femme Valentino semble tout droit venue d’un empire opulent et luxueux. Enveloppée dans des robes vaporeuses, lui conférant des allures de vestale, ou déambulant dans son jupon plissé soleil, vêtue d’une robe vert émeraude ou bleu royal, quand elle n’est pas parée d’un dragon oriental, la femme imaginée par les créateurs italiens rêve d’exotisme et de mythologie.

De même chez Elie Saab, qui abandonne ses fourreaux hollywoodiens au profit de tenues bien plus inspirées. Des silhouettes plus sobres, moins clinquantes, mais toujours aussi travaillées. Broderies en dentelle, couleurs pastels, plastrons et cols montants, le créateur libanais rêve d’une héroïne néo-victorienne, quelque part entre Jane Austen et les sœurs Brontë.

Surréalisme

De leur côté les Néerlandais Viktor et Rolf travaillent le blanc. Un défilé monochrome donc, tout en silhouettes déstructurées. D’abord simple robe immaculée, les cols grimpent le long du cou à mesure que les mannequins défilent pour finir par occulter complètement la tête dans un nuage de coton blanc. Des créations où se mêlent des visages surréalistes qui ne seraient pas sans rappeler une sculpture de Dali ou une toile de Picasso.

Tout aussi poétique et onirique, Giorgio Armani conçoit des tenues presque futuristes où le bleu ciel côtoie les volants des robes courtes, où la transparence d’une jupe se mêle aux reflets irisés d’un blouson lilas et où enfin les coupes courtes des mannequins s’accompagnent des lunettes rétro à la monture blanche. Un défilé qui nous évoque aussi bien Courrège que la fée des Lilas du Peau d’âne de Jacques Demy.

Glam-rock

Revisitant ses propres codes, Jean Paul Gaultier livre ici un défilé empli d’humour et de décadence héritée des années Palace. Crinière de lionne ramenée sur le côté à la Jerry Hall, laissant entrevoir une mono boucle d’oreille, ou coupe courte aux accents punk et khôl savamment estompé sur les tempes, ce défilé haute couture mêle glamour décadent des années 70 et no futur propre aux mouvements punk. Les bas résille et les creepers s’associent ainsi aux costumes rayés et autres corsets apparents, quand ce n’est pas l’imprimé tattoo, chère au créateur qui vient se greffer sur un tutu.

 

Au final, on retiendra de cette semaine de la haute couture des défilés emprunts d’exotisme, des univers variés et poétiques, ainsi que des tenues, dont le travail de conception force l’admiration quand le résultat nous laisse indubitablement rêveuses.

 

Hélèna Coupette