La plus Frenchie des New-Yorkaises Rebecca Leffler s’est érigée en papesse de la healthy food avec Green, glam & gourmande et de Green, glam & happy. Avec son dernier ouvrage, le Nouveau Manuel de la Cuisine Végétale, elle invite à repenser la cuisine green de façon ludique en réconciliant le bien manger avec l’idée de gourmandise. L’occasion d’aller à la rencontre de la pétillante journaliste.
Ancienne journaliste cinéma, notamment pour Canal+, la pétillante et très frenchy Américaine nous a raconté comment elle était passée du tapis rouge au tapis de yoga.
Comment avez-vous évolué de l’univers du septième art à celui du wellness?
J’y suis venue progressivement. J’ai eu des problèmes de santé. Je n’avais pas une vie très saine. Attention, je n’abusais pas de l’alcool ni ne prenais de drogues (rires)! Mais je dormais peu, je subissais beaucoup de pression et était constamment stressée. Une remise en question était donc nécessaire. En parallèle, aux États-Unis, le mouvement green était en pleine ascension. A Hollywood, les smoothies et les jus verts étaient devenus le nouvel it-accessoire. J’ai lu pas mal de choses sur le sujet. Je trouvais le green super intéressant, même s’il manquait cruellement de fun. J’ai donc eu l’envie d’y apporter ma propre vision, et de l’exporter en France, où il n’était pas encore très répandu.
En quoi votre approche est-elle différente?
Je viens de l’univers des red carpets, je voulais donc prouver que le green pouvait être glam et procurait du plaisir. Vous aimez les épinards à l’eau, vous? C’est tout simplement infect (sourire)! Mixez plutôt du chou kale avec des bananes, du lait végétal et des dattes, et vous obtiendrez un plat savoureux. Et surtout, je ne voulais surtout pas me prendre au sérieux
Les gourous vegans actuels le sont trop, selon vous?
On peut, en effet, reprocher au militantisme de faire peur. Jusqu’à ce qu’ils ne soient vraiment un phénomène de mode, les mouvements végétariens – et vegan à plus forte raison – étaient franchement teintés d’austérité et de manque d’ouverture d’esprit, avec une large tendance à diaboliser. Or, mon but était de me sentir bien et non de donner des leçons de vie.
Depuis, le mouvement a rencontré un franc succès, au point de devenir un statement sur les réseaux sociaux…
Oui, et avec le risque que cela comporte de glisser vers l’orthorexie (quand on contrôle de façon excessive ce que l’on mange, ndlr.). Le problème est qu’ils véhiculent une image lisse et parfaite, qui, au lieu d’inciter, va plutôt démotiver et décourager. Je suis contre cette utilisation de Facebook et autres Twitter et Instagram. Quand on poste pour partager, c’est ok, mais il ne faut pas que cela glisse vers le narcissisme…
L’intolérance au gluten, vrai problème de santé ou phénomène de mode?
Avant d’être diagnostiquée intolérante au gluten, j’étais la première à m’en moquer (rires)! Quand mes amies ont commencé à suivre des régimes «no glu», je ne cessais de leur clamer «but I love gluten» (rires). Même chose dans la pâtisserie près de chez moi, qui proposait des gâteaux gluten free. Jusqu’au jour où je n’ai plus pu en absorber le moindre gramme. Et là, j’étais bien contente de pouvoir me rendre dans mon petit salon de thé sans gluten (rires). Tout ceci m’a amené à un constat: à chacun sa vision du healthy. Finalement, à chacun sa conception d’une vie saine. Chaque personne doit trouver ce qu’il lui fait du bien.
Vous êtes également végétarienne. Comment vous êtes-vous détachée de la viande?
Cela faisait déjà plusieurs années que je n’en mangeais plus. A présent, je suis vegan, la plupart du temps, mais je n’aime pas les étiquettes, pour la simple et bonne raison que je ne le suis pas à 100%. C’est très contraignant. Cela induit de ne pas porter de fibres issues du monde animal, comme le cuir ou la soie, de ne consommer ni miel ni œufs ni produits laitiers. Cela demande même d’être attentif à la composition des médicaments. Je m’habille avec des marques éthiques aussi souvent que je le peux. J’utilise des cosmétiques non testés sur animaux. Mais je ne suis pas milliardaire non plus, et tout ceci représente un coût. Je fais donc de mon mieux.
Êtes-vous sensible à la souffrance animale?
Oui, et de plus en plus, même si mon grand-père était boucher. Je n’ai pas grandi dans une maison pleine de mignons petits animaux (rires).
Votre famille a-t-elle facilement accepté vos choix diététiques?
Dossier épineux. D’autant plus qu’au début, j’étais très excitée par tout ce que j’apprenais, j’étais donc dans une démarche très didactique. Plus je leur donnais des conseils, plus ils se braquaient. Quand j’ai lâché prise, ils ont commencé à être sensibles à ma philosophie. Cette expérience a d’ailleurs été très instructive et a largement influencé ma démarche. Je n’écris pas pour les vegans convaincus, mais pour montrer que, quels que soient son budget, son âge, son style de vie, on peut aller vers une vie plus green.
Vous prônez donc l’indulgence avant tout…
La culpabilité est l’ennemie du bien. Ma philosophie? Faire attention la plupart du temps, tout en s’octroyant quelques petits écarts. Je l’ai constaté sur moi-même. Je vais mieux quand je ne suis pas green, du matin au soir et du soir au matin, comme je voulais l’être au début. Les régimes drastiques sont ennuyeux et impossibles à tenir dans la durée. Aujourd’hui, je le suis à 90%. Les 10% sont ceux de la joie, ceux du verre de vin dégusté autour d’un bon repas entre amis. Rire est le meilleur sport du monde. Manger doit rester un plaisir avant tout chose. Le stress est bien plus néfaste que la nourriture, pour l’esprit autant que pour le corps. D’autant plus qu’il entraine la production de cortisol, qui gêne la digestion. Il a aussi été scientifiquement prouvé la majeure partie de la sérotonine, par exemple, était produite par l’intestin. Pour aller bien, il faut commencer par faire attention à ce que l’on met dans son assiette!
Après le gras dans les années 90, c’est autour du sucre d’être diabolisé. Qu’en pensez-vous?
Ah, le sucre! Le nouvel aliment à abattre (rires)! Mais on en fait trop, et on met tout et n’importe quoi derrière l’adage: «le sucre, c’est le mal». C’est vrai pour le sucre blanc, raffiné. Mais celui des fruits, des dattes ou du miel est bon pour la santé. On en a besoin pour le bon fonctionnement du corps, du cerveau notamment. Et il reste une source incontestée de plaisir. Il faut revenir à plus de modération. Tout est une question d’équilibre.
Quelle est votre obsession healthy du moment?
L’avocat est toujours mon best friend for ever (rires), mais ces derniers temps, je confesse une passion pour les superfoods, comme le tocotriénol. C’est une poudre blanche, au goût de vanille, ultra concentrée en vitamine E. Je l’ajoute aux boissons chaudes. C’est de saison. Je consomme également beaucoup d’aliments adaptogènes, comme le maca auquel on prête la vertu de rééquilibrer le système endocrinien en cas de déséquilibre, et qui est excellent pour lutter contre la fatigue, les petites baisses de régime. On l’ajoute aux jus, smoothies ou dans son granola, par exemple. Les superfoods ont vraiment des pouvoirs incroyables.
Un conseil détox pour se remettre d’aplomb après les fêtes?
Bien s’hydrater, on n’y pense pas assez en hiver. L’eau de coco est le meilleur remède anti-hangover que je connaisse. Avec le jus de citron dans de l’eau chaude, un geste détox qui date de la nuit des temps!
Vos pouvez aussi réaliser un smoothie anti-hangover avec du matcha, qui augmente le métabolisme, de l’eau de coco, de la purée d’amandes, des épices pour lutter contre l’inflammation, des noix du Brésil, source de sélénium, et du tocotriénol pour sa richesse en vitamine D, qui aidera lutter contre les baisses de moral, les sautes d’humeur.
Comment remédier aux excès sans culpabiliser?
Les meilleurs conseils qu’on m’aient donné sont ceux de maman: vivez dans le moment présent. Vous avez exagéré la veille, rien de grave! Prenez chaque nouvelle journée comme un nouveau chapitre à écrire. Détachez-vous de ce qui vous a pesé la veille et allez de l’avant. Concentrez-vous sur le positif. Et évitez les résolutions du genre, «je ne boirai plus jamais un verre de vin ou je ne mangerai plus jamais de burger!» Cela ne fera qu’augmenter la pression et la culpabilité. Aimez-vous. On ne peut être bien avec les autres que si on l’est d’abord avec soi-même.
Et le sport dans tout ça?
Je suis accro au yoga, qui m’a vraiment permis de trouver un équilibre entre le corps et l’esprit. J’ai commencé en regardant les vidéos de Strala Yoga de Tara Stiles sur YouTube (une discipline qu’elle a créée en mêlant yoga, danse, fitness et stretching, ndlr.). J’ai tout de suite accroché. Mais, là encore, à chacun de trouver le sport qu’il affectionne. L’essentiel est de pratiquer un peu tous les jours. Mieux faut courir 15 minutes de tous les matins que de faire un marathon tous les mois. Il faut bouger au quotidien.
Nouveau Manuel de la Cuisine Végétale, Rebecca Leffler, aux éditions Solar.