Lorsqu’on est mère, certains choix s’imposent d’eux-mêmes. L’instinct, la raison, le cœur vous y conduisent. C’est ce qui a poussé Rafaëlle Weiss, avocate à la cour, à ralentir sa carrière pour se consacrer à ses enfants, son fils notamment, atteint d’une pathologie rare.

Pour autant, elle a trouvé en elle les ressources nécessaires pour mener de front sa carrière tout en mettant sa famille au premier plan. Équilibriste de génie et passionnée, elle a accepté de répondre à nos questions.

Avez-vous toujours voulu exercer ce métier ?

Oui. Quand je suis entrée en fac de droit, je savais parfaitement que je voulais devenir avocate. Des opportunités professionnelles et des raisons personnelles m’ont conduite au Luxembourg, où j’ai intégré un premier cabinet en tant que collaboratrice. J’ai eu une carrière stable, restant toujours plusieurs années dans les différents cabinets par lesquels je suis passée.

À l’aube de mes 40 ans, j’ai décidé de devenir maître de mon destin en devenant associée. En 2013, nous avons découvert mon mari et moi que notre deuxième enfant souffrait d’une pathologie lourde. Je suis donc revenue au statut de counsel – je ne suis ni associée ni collaboratrice –, au sein de l’excellent cabinet Lextrust, afin de pouvoir dégager du temps pour m’en occuper.

Gérer votre carrière et votre vie de maman n’est-il pas trop difficile au quotidien ?

C’est l’une des richesses du métier d’avocat. Je n’ai pas besoin d’être 50h/semaine, à mon bureau, je peux travailler de presque n’importe où. Je suis indépendante, je gère mon temps, mes rendez-vous.

Il est clair que si j’étais salariée, cela serait d’autant plus difficile. Je suis sans cesse amenée à honorer des rendez-vous médicaux, à plus forte raison depuis deux mois. Cela demande de l’organisation, mais pour autant, continuer à exercer ma profession était nécessaire pour moi. Mon histoire personnelle est plus complexe, mais quand on est maman, c’est normal de ralentir son activité professionnelle, du moins pendant un temps. En tous cas, je ne l’envisageais pas autrement.

Au sein de votre famille, vous avez endossé le rôle du parent qui ralentit sa carrière. Pourquoi vous et pas votre mari ?

Je pense que la relation mère enfant, surtout quand ceux-ci sont encore en bas âge, est plus fusionnelle. Ce choix s’est imposé de lui-même dans notre foyer. Cette question relève davantage du rapport de parents que de la question de l’égalité des sexes.

Le milieu des avocats est réputé pour être particulièrement sexiste. L’avez-vous constaté ?

Non, je n’ai jamais souffert d’être une femme. Pourtant, j’ai débuté dans le droit de la construction. J’étais toute jeune, et quand j’arrivais sur les chantiers, les professionnels du BTP me regardaient un peu de haut. Mais cela n’a pas duré longtemps, j’ai élevé la voix et c’était réglé (sourire). Une femme est plus bienveillante, plus conciliante, cela peut même être un atout.

Trouvez-vous que l’on en demande toujours plus aux femmes ?

Bien sûr, il y a des réflexes qui perdurent. Quand il faut changer la couche du bébé, souvent le papa attend que la maman s’en charge. Malgré tout les hommes font preuve de plus en plus d’ouverture et les mentalités sont en train de changer. C’est vrai que les femmes ont souvent une double journée. Mais je pense que, le plus souvent, elles s’en accommodent.

Où puisez-vous votre force?

Dans l’amour de mes enfants et de la vie en général.