Procureure de l’État de Californie et sénatrice, Kamala Harris a été désignée par le candidat démocrate Joe Biden pour être sa colistière en vue de l’élection présidentielle en novembre prochain. Si ce dernier venait à être élu, elle deviendrait alors la première femme vice-présidente des États-Unis.

Origines jamaïcaines et indiennes, issue d’une famille de professeurs et chercheurs, Kamala Harris vit une vie fondée sur de nombreuses “premières fois”. À l’âge de 21 ans, elle est diplômée de l’Université d’Howard, à Washington, historiquement nommée la “Black Harvard”. Ardente défenseuse du droit à l’avortement, engagée pour l’accès à la marijuana médicale, elle lutte contre le changement climatique, et prône une réforme des lois sur les armes à feu et une couverture médicale nationale.

Des débuts prometteurs

En 2017, elle réalise un discours dans lequel elle explique que déjà, au lycée, elle protestait contre les investissements des américains en Afrique du Sud pour l’apartheid. C’est également à cette période, qu’elle décroche un stage au Sénat. Engagée pour les questions sociales qui touchent sa génération, à 25 ans, elle décroche son diplôme de docteure en droit. Des débuts prometteurs qui préfigurent une carrière engagée pour les droits sociaux.

Le symbole d’une Amérique progressiste, multiculturelle et multiraciale.

Procureure générale de San Francisco à 40 ans, puis procureure générale de l’État de Californie six ans plus tard, son parcours, parsemé de “premières fois”, débute. Elle devient en effet la première femme et première personne de couleur à ces deux postes. Sa carrière se poursuit avec son élection au Sénat, en 2016, en tant que première sénatrice originaire d’Asie du Sud. Pour beaucoup, elle incarne une Amérique, progressiste, multiculturelle et multiraciale. 

Son désir d’ascension dans le système politique national la mène à se présenter, le 21 janvier 2019, lors de la journée Martin Luther King, comme candidate à l’élection présidentielle de 2020.  Affiliée au parti démocrate, elle est tout d’abord l’une des rivales du chef de fil du parti : Joe Biden. Lors des primaires de 2019, Kamala Harris porte des propos virulents envers l’ancien Vice-président d’Obama, clamant alors son incompréhension et son aberration quant à l’opposition de ce dernier au busing, une organisation du transport scolaire, qui vise à promouvoir la mixité sociale ou raciale et outil de déségrégation. Grâce à son passif, à son histoire personnelle et en mettant en avant son ressenti au sein de son discours politique, la candidate démocrate a su se démarquer de ses adversaires. Malgré des paroles fortes et un discours construit, elle est contrainte d’abandonner sa candidature par manque de fonds. Reculer pour mieux sauter ?

Un rebondissement qui remplit d’espoir les partisans démocrates

Car Kamala Harris a su rebondir en se ralliant à Joe Biden. Le 8 mars 2020, l’homme politique la nomme colistière. Une première – encore – puisqu’elle devient la première femme, indienne et noire des États-Unis à se présenter comme colistière. Une nomination qui résonne avec l’actualité. Entre #MeToo et les divers mouvements féministes et la vague de protestation suite à la mort de Georges Floyd, qui a relancé le débat sur le racisme systémique à travers le mouvement #BlackLivesMatter, le choix de Kamala Harris aux côtés de Joe Biden s’inscrit dans une volonté de rendre visibles ces questions sociales.

À l’image de la sénatrice Alexandria Ocasio Cortez, elle représente un souffle d’espoir pour l’égalité hommes/femmes dans les institutions notamment politiques : un choix, décrit comme un “révolutionnaire” par les médias et figures publiques américains.

Pour Barack Obama, prédécesseur de Donald Trump et premier président noir du pays, Kamala Harris “est plus que préparée pour ce job”. Ce dernier affiche d’ailleurs avec détermination son soutien à son ancien vice-président et à sa colistière : “C’est un bon jour pour notre pays. Maintenant gagnons cette élection”, a-t-il déclaré dans un tweet.

Critiquée mais sûre d’elle

Considérée comme trop sévère suite à l’augmentation du taux de condamnation pour crime (le plus haut niveau depuis dix ans) et du nombre d’incarcération pour consommation de cannabis, la procureure générale de San Francisco et de l’Etat de Californie doit faire face à de nombreuses critiques, auxquelles s’ajoutent des accusations concernant le manque d’action dans la lutte contre les violences policières.

La femme politique est également critiquée pour son manque de progressisme, malgré son engagement pour la réforme des prisons et pour de meilleures pratiques policières.

Possible qu’elle reprenne le flambeau…en cas de succès aux élections

En effet, si Joe Biden parvient à détrôner l’actuel président, Donald Trump, lors des élections qui se tiendront cet automne, Kamala Harris deviendra la première femme vice-présidente des États-Unis. Elle serait alors en mesure de reprendre le flambeau lors du mandat suivant et ainsi devenir… La première femme de couleur Présidente des États-Unis. 

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