A deux jours du réveillon, il semblerait que rien ne soit plus fort que l’esprit de Noël.

Cette fois, c’est l’Allemagne qui a été la cible d’attentats. Lundi soir, un camion a fait une embardée sur le marché de Noël, à Berlin. 12 personnes sont décédées et 48 ont été blessées. Ce soir-là, je me suis couchée en me disant que les réseaux sociaux allaient, une fois encore, être saturés de # Ich bin ein Berliner et de #prayforberlin…

Au réveil, rien.

Quelques posts, comme à l’accoutumée, de ceux qui ne peuvent s’empêcher de commenter à tout va, de ceux qui, selon le sens du vent, se sentent pris d’un élan patriotique, de solidarité ou que sais-je…Sur mon fil Facebook, les médias continuent quant à eux, de relayer les informations, mais de façon factuelle…

Pas davantage.

Et curieusement, ce silence m’interpelle. Comment se fait-il que personne ne réagisse outre mesure? Nous serions-nous habitués à la terreur et à l’ignominie? Est-ce que la pudeur a pris le dessus? Ou avons-nous choisi de nous voiler la face pour ne pas risquer de nous gâcher les fêtes de fin d’années? A moins que nous ne soyons bien trop centrés sur nos propres vies, au point de ne plus nous préoccuper du sort des autres?

Chez nous, le marché de Noël place d’Armes ne se désemplit pas – en Allemagne, non plus, d’ailleurs, les Berlinois ont semble-t-il décidé de ne pas changer leurs habitudes – la Grand-Rue est toujours pleine de badauds pressés, croulant sous les sacs des plus belles maisons de luxe.

Alors puisque l’on préfère songer à nos cadeaux, qu’allons-nous mettre sous le sapin pour observer, cette année encore, une étincelle d’espoir dans les yeux de nos enfants? Eux que nous préparons, doucement, à vivre dans un monde qui ne semble plus jamais être en sécurité.

N’est-ce pas hypocrite de s’effarer des civils massacrés en Syrie, de la montée des extrémismes, du retour à l’obscurantisme, tout en engouffrant un second morceau de bûche?

Aux informations, ce matin, j’entendais une institutrice qui travaillait avec des enfants de Syrie. Elle évoquait l’importance de rattraper les deux ans de retard engendrés par la guerre. «Car ce sont eux qui, demain, vont rebâtir Alep.»

Dans une contrée meurtrie et pourtant pas si loin de la nôtre, le peuple terrorisé a, lui, compris que seule l’éducation lui permettra de se remettre debout…