Figure clé des négociations de Brexit, l’un des plus hauts responsables de l’Union, a démissionné mercredi, après une semaine de pression pour violation des directives sur le coronavirus.
Hogan, 60 ans, a remis sa démission à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, alors que le conflit grondait et que le gouvernement irlandais indiquait clairement qu’il devrait tomber sur son épée. “Il devenait de plus en plus évident que la controverse concernant ma récente visite en Irlande devenait une distraction de mon travail de commissaire européen et qu’elle saperait mon travail dans les mois clés à venir”, a-t-il déclaré dans une déclaration.
Son départ place M. von der Leyen devant un dilemme : les pourparlers de Brexit avec la Grande-Bretagne sont dans l’impasse et une date limite de décembre approche, et rien ne garantit à l’Irlande qu’elle conservera sa position de force.
Le ressortissant irlandais a refusé de spéculer sur son successeur mais a déclaré à la chaîne publique RTE que l’UE “veillerait aux intérêts de l’Irlande” dans les négociations.
La perspective de perdre un commissaire considéré comme un puissant défenseur des intérêts commerciaux de la République, qui menacent d’être perturbés en cas d’échec des négociations, a suscité des craintes en Irlande.
Mme Von der Leyen, qui lui avait demandé de présenter un rapport détaillé de ses déplacements après l’éclatement du conflit, a déclaré qu’elle respectait sa décision, le remerciant pour son “travail inlassable”.
Violation des lignes directrices
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin et ses partenaires de la coalition ont déclaré que la démission de M. Hogan était “la bonne ligne de conduite compte tenu des circonstances de la semaine passée”.
“Nous avons tous la responsabilité de soutenir et de respecter les directives et les règlements de santé publique”, ont-ils ajouté, en précisant que le remplacement de M. Hogan serait envisagé “en temps voulu”.
L’administration de Martin avait déclaré mardi que Hogan avait bafoué un trio de directives sur les coronavirus lors d’un récent voyage de retour de Bruxelles.
Elle a déclaré que Hogan, propulsé au poste de délégué commercial en 2019 alors que l’UE était en proie à des batailles commerciales avec les États-Unis et à des tensions avec la Chine, avait mis fin à une quarantaine de 14 jours après son arrivée en Irlande et n’avait pas limité ses déplacements dans un comté en plein verrouillage localisé.
Il a également assisté à un dîner au club de golf du Parlement le 19 août, en violation des restrictions sur les coronavirus annoncées 24 heures plus tôt afin de limiter l’augmentation du nombre de cas.
La soirée sportive a été suivie par environ 80 personnes, dont un ministre, un juge de la Cour suprême et des législateurs des chambres haute et basse du Parlement irlandais.
L’affaire fait actuellement l’objet d’une enquête policière et a entraîné une série de démissions de haut niveau dans la politique irlandaise, dont celle de la ministre de l’agriculture Dara Calleary et du vice-président de la chambre haute du parlement Jerry Buttimer.
Lent à s’excuser
Hogan a toujours nié avoir enfreint la législation sur les coronavirus et a déclaré qu’il essayait d’agir en accord avec les directives volontaires du gouvernement.
Mais plus tôt dans la journée de mercredi, M. Martin a déclaré que le gouvernement ressentait de la colère et de l’agacement face à “la mesure dans laquelle le commissaire a sapé la confiance du public dans le respect des lignes directrices en matière de santé”.
“Nous sommes très clairs sur les trois fronts : il a enfreint les lignes directrices”, a-t-il déclaré aux journalistes à Dublin.
Hogan a d’abord refusé de s’excuser pour sa participation au golf, mais une série de révélations sur ses mouvements la semaine dernière a alimenté la colère du public.
Le scandale a été aggravé après qu’il ait été révélé qu’il avait été arrêté par un policier irlandais pour avoir utilisé son téléphone au volant.
Hogan avait auparavant affirmé qu’il était libre de voyager à travers l’Irlande plutôt que d’observer une quarantaine parce qu’il avait reçu un test de coronavirus négatif.
Mardi, il a donné une interview à RTE qui semble contredire les directives sanitaires du gouvernement, qui demandent aux personnes arrivant dans le pays d’être mises en quarantaine sans condition pour tenir compte de la période d’incubation du virus.
“Je n’accepte pas cela – j’ai fait tout mon possible pour m’assurer que je ne présentais aucun risque pour quiconque”, a déclaré M. Hogan à RTE.
“Mon personnel médical a dit que j’étais libre de partir.”
