C’est l’histoire d’un pari fou : traverser l’Amérique du Sud en quelques semaines, sac à dos sur les épaules, en partant de Lima pour rejoindre Buenos Aires. Une odyssée de découvertes, pour explorer des paysages à couper le souffle, franchir les sommets des Andes, arpenter vallées et plateaux, et se laisser surprendre par la richesse infinie de ce continent. Les émotions se bousculent, l’émerveillement se mêle à la fatigue, et chaque rencontre, chaque instant devient une histoire à raconter. Première étape de cette aventure : Bienvenido al Perú !

Rédaction : Kevin Martin

Cusco : le cœur battant des Andes

Après quelques jours passés à Lima, le temps de récupérer du décalage horaire, de s’imprégner des saveurs locales et de peaufiner notre itinéraire, cap sur Cusco. Ici, à 3 399 mètres d’altitude, ancienne capitale de l’Empire inca, l’aventure commence vraiment. Cusco sera notre camp de base pour quelques jours, l’endroit idéal pour explorer la région et s’imprégner de la culture andine. Nous avons choisi de séjourner au Casa Andina Premium Cusco, un hôtel qui allie confort moderne et charme traditionnel. L’ambiance chaleureuse, le mobilier en bois et les touches locales rendent l’expérience agréable, surtout après de longues journées d’exploration, lorsque le corps est mis à rude épreuve par l’altitude.

La Compania de Jesus sur la Plaza de Armas

La Plaza de Armas est le cœur vibrant de Cusco, un endroit parfait pour observer la vie locale et ses traditions. Ici, les habitants passent en poncho coloré, les enfants jouent sur les pavés, et les marchés éphémères s’installent parfois sur les marches des églises. Chaque coin de rue offre un détail qui raconte la ville : artisanat, musique qui s’échappe d’un café, parfums d’épices et de maïs grillé. Le quartier de San Blas se découvre ensuite, avec ses ruelles étroites et escarpées, ses maisons blanchies à la chaux et ses ateliers d’artisans où l’on prend plaisir à flâner. Le marché San Pedro, plus animé, plonge dans la vie quotidienne de Cusco : couleurs vives, odeurs fortes, échanges chaleureux. Mon conseil : laissez-vous tenter par un jus de fruits frais, mangue, papaye ou fruit de la passion, pressé sur place. Et pour les plus curieux, goûtez le Chiriuchu, plat emblématique de la région : pas très appétissant au premier abord, mais impossible de repartir sans l’avoir goûté.

Machu Picchu : là où les nuages s’inclinent

C’est une véritable expédition qui commence bien avant l’aube. On quitte Cusco dans la pénombre pour rejoindre en bus la vallée sacrée et le village d’Ollantaytambo. Là, deux options s’offrent aux voyageurs : embarquer à bord du train qui file vers Aguas Calientes ou enfiler ses chaussures de marche. J’ai choisi la seconde, une immersion d’une dizaine de kilomètres en pleine jungle. Le sentier serpente à travers une végétation dense et humide, où chaque pas résonne d’odeurs de terre mouillée et de cris d’oiseaux tropicaux. Sur le chemin, on croise parfois des habitants en tenue traditionnelle, vendant quelques fruits, de l’eau ou des encas improvisés pour les randonneurs de passage. L’effort est soutenu, mais chaque détour dévoile un décor nouveau, tantôt luxuriant, tantôt vertigineux.

À la tombée de la nuit, enfin, Aguas Calientes apparaît : petit village vibrant niché au creux des montagnes, où l’on trouve refuge dans une auberge simple mais réconfortante. Quelques heures de sommeil volées, puis le réveil sonne avant l’aube. Car l’objectif est clair : atteindre le sommet à temps pour le lever du soleil. L’ascension est rude, marche après marche, sur une pente raide et exigeante. Les muscles brûlent, la respiration s’accélère, mais l’excitation de ce moment unique pousse à continuer. Pour les moins sportifs, des minibus serpentent la route jusqu’au sommet, mais pour moi, l’effort fait partie de la magie.

Et puis vient la récompense. Lorsque les premières lueurs du jour percent la brume, la cité se révèle peu à peu. Les terrasses vertigineuses, les temples de pierre et les montagnes majestueuses se parent d’une lumière dorée. Les nuages, suspendus entre ciel et vallée, semblent s’incliner pour laisser apparaître la grandeur du Machu Picchu. On s’assied, on observe les lamas qui broutent paisiblement, et l’on réalise qu’aucune photo ne pourra égaler cette émotion. Le Machu Picchu n’est pas seulement une merveille du monde : c’est l’ascension d’une vie, le moment où l’on peut se dire enfin : oui, j’y étais.

Rencontres au fil de l’eau

L’aventure continue dans un décor différent, mais tout aussi fascinant. Après l’effervescence des Andes et du Machu Picchu, cap sur Puno, perchée à près de 4 000 mètres d’altitude, au bord du mythique lac Titicaca. Le trajet depuis Cusco dure une bonne huitaine d’heures en bus local, une lente immersion dans les paysages andins et la vie des villages traversés. C’est aussi l’occasion de partager le voyage avec les habitants, de découvrir leur quotidien et de parfaire mon espagnol. Chaque arrêt, chaque conversation, chaque sourire ajoutent une dimension humaine à cette traversée.

Puno n’est pas transcendante en soi : c’est un point de départ pour explorer le lac et ses merveilles, notamment les célèbres îles flottantes d’Uros et l’île de Taquile. Mais ici, ce qui marque vraiment, ce sont les rencontres et les échanges. Sur les îles d’Uros, construites en roseaux flottants, chaque famille nous accueille comme des amis, partageant leur quotidien et leurs traditions. On passe d’île en île, découvrant les maisons, les barques et les savoir-faire ancestraux. Certains voyageurs choisissent même de dormir sur place, pour prolonger cette immersion unique. Puis vient Taquile, petite île suspendue au cœur du bleu intense du lac. Sans voitures, où le temps semble s’être arrêté, l’île offre une pause douceur : tricotages minutieux, artisanat local, savoir-faire transmis de génération en génération. Ici, le rythme est plus lent, les échanges plus intimes, et chaque rencontre devient un souvenir précieux, gravé bien plus profondément que n’importe quelle photo. Le lac Titicaca, vaste et majestueux, est sublime, mais ce sont ces moments de partage et de vie authentique qui restent, pour moi, le cœur de cette dernière étape péruvienne.

Comme le dit un proverbe local : « Quien no ha visto el Perú, no ha visto maravillas ». Après avoir foulé les Andes, défié le Machu Picchu et navigué sur le lac Titicaca, l’aventure continue… Cap sur la Bolivie, pour de nouvelles aventures à vous partager.

Cet article a été publié initialement dans le Femmes Magazine d’octobre 2025, numéro 270.

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