Originaire d’Hosingen, Patrizia Van der Weken, qui soufflera ses 26 bougies le 12 novembre, est la sprinteuse la plus rapide du Luxembourg avec une belle brochette de records sur 60 m, 100 m et 200 m. Championne du monde universitaire du 100m en Chine en 2023, la sportive enchaîne depuis les performances : quatrième aux Championnats d’Europe d’athlétisme à Rome en 2024, médaille de bronze aux Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn, puis aux Championnats du monde à Nankin en 2025. Poursuivant un Master à Lunex, elle est en cette fin 2025 fixée sur l’entraînement avec en vue la reprise des compétitions mi-janvier. Elle se livre en toute simplicité.
Rédaction : Karine Sitarz / Photos : Alena Massen, Massen Photography
Patrizia, où avez-vous passé votre enfance ? Quel est votre premier souvenir sportif ?
J’ai grandi avec un frère dans un petit village au nord du Luxembourg. Mon enfance a été classique, mais j’ai commencé assez tôt le sport. Dès 5 ans, j’ai fait de l’athlétisme avec mon club actuel, celui d’Ettelbruck.
Quels sont les trois mots qui vous définissent ?
Déterminée, appliquée et marrante.
Quand avez-vous su que l’athlétisme serait votre vie ?
A 13 ans, j’ai rallié le Sportlycée et dès que j’ai été à l’internat, j’ai commencé à faire sérieusement du sport. Tout s’est fait naturellement, j’ai investi plus de temps dans mon sport et les beaux résultats sont venus assez rapidement, du coup cela m’a incitée à continuer. Avec le succès, on aime bien faire les choses !
Puis vous avez rejoint Lunex pour un Master en Management du Sport et Digitalisation…
Après le lycée, je me suis focalisée sur le sport, mais sans mettre de côté l’académique. J’ai commencé avec un Bachelor et je suis actuellement en Master, des études qui me plaisent et que je suis presque entièrement en ligne. C’est important d’avoir des diplômes en poche pour après, surtout au Luxembourg où les choses sont un peu compliquées.
À ce jour, quelles ont été vos plus belles courses ?
Probablement la course de qualification pour les Jeux olympiques puis, bien sûr, les JO eux-mêmes, c’est quand même la plus grande scène sportive au monde. Enfin, l’hiver passé, j’ai gagné deux fois sur 60m en salle. D’abord une médaille de bronze aux Championnats d’Europe à Apeldoorn aux Pays-Bas, puis aux Championnats du monde à Nankin en Chine. On peut dire que c’est déjà un palmarès tout à fait correct.
Quels sont les sacrifices à faire pour devenir la meilleure sprinteuse du Luxembourg avec des records sur 60m et 200m indoor et sur 100 m, 200 m et 4×100 m outdoor ?
Je n’aime pas trop parler de sacrifices car j’ai la chance de faire ce que j’aime. Mais c’est clair qu’être sportive de haut niveau, voire professionnelle, est un job 24h/24 7j/7 ! Tout ce que je fais tourne un peu autour de mon sport, dormir tôt, dormir assez, manger bien, manger assez, c’est un job sans fin (rires).
Beaucoup d’athlètes partent s’entraîner à l’étranger, pourquoi avez-vous choisi de rester ici ?
Je m’entraîne avec Arnaud Starck (NDLR : le Français qui évolue depuis 10 ans au pays a été « entraîneur de l’année 2024 », année même où Patrizia était « athlète féminine de l’année ») depuis un bon moment ! Après le lycée, j’ai choisi de rester au pays parce que beaucoup de choses s’y mettaient en place, avec notamment le LIHPS (Luxembourg Institute for High Performance in Sports) et le COSL (Comité olympique et sportif luxembourgeois). Je savais qu’avec Arnaud on allait se donner à fond pour réussir de la meilleure des manières. Au départ, c’était un peu compliqué, car il y avait plein de choses nouvelles, mais j’avais totalement confiance en lui et puis de nouvelles perspectives émergeaient, qui liaient sport et école et laissaient espérer une double carrière. Je ne regrette pas une seconde !
L’année dernière, vous étiez aux JO, que retenez-vous de cette expérience ? Y a-t-il Los Angeles à l’horizon ?
Paris, c’était incroyable, c’est la plus grande compétition, la plus prestigieuse. Être parmi les meilleurs au monde, c’est une grande fierté et un grand plaisir. C’étaient mes premiers Jeux. Si je suis 15e au classement olympique, je suis quand même partie avec quelques regrets, mais Los Angeles 2028 est déjà dans les plans. Je vais mettre à profit les années à venir pour être dans la meilleure forme possible.
Après deux magnifiques médailles en bronze et une participation aux Championnats du monde à Tokyo, votre fin de saison 2025 a été un peu compliquée…
C’est vrai, mon été 2025 a été assez compliqué, j’ai eu plusieurs problèmes physiques qui se sont enchaînés, ce n’était pas évident à gérer, je n’étais pas à la hauteur de ce que je voulais faire, de ce que j’étais capable de faire, cela a été douloureux non seulement sur le plan physique, mais aussi au niveau du moral. J’ai repris l’entraînement il y a deux jours (NDLR : notre échange date du 16 octobre) et jusqu’à décembre, on va me voir travailler dur pour préparer une bonne année 2026.
En mars, il y aura les Championnats du monde en salle en Pologne, suivis des Championnats d’Europe. Et comme maintenant je suis médaillée, je dois mettre la barre haut et continuer sur la lancée, j’ai de grosses ambitions pour 2026.
À quoi ressemble une journée de la vie d’une athlète de haut niveau ?
C’est chargé ! Je me lève vers 8 h, ce qui peut paraître tard, mais on a besoin de beaucoup de sommeil, puis je prends mon petit déjeuner et pars à l’entraînement, en général de 10 h à 13 h, puis on récupère, on mange et on est en pause jusqu’à 15 h – 15 h 30. Après quoi, on reprend pour trois heures de musculation alors que le matin est le plus souvent réservé à la vitesse. Ensuite, j’enchaîne avec de la récupération, je mange et tombe raide dans mon lit ! Selon les jours, soit on a deux entraînements ou un entraînement et de la kiné.
En somme, peu de temps libre ?
Vraiment peu (rires), mes journées sont pleines, que ce soit pour l’entraînement ou le travail universitaire. Mon Master est étalé sur trois ans, mais j’aimerais bien terminer d’ici fin 2026.
Avec les rendez-vous sportifs, vous avez pas mal voyagé. Quelle destination vous a le plus marquée ?
Je voyage beaucoup, mais bien souvent je n’ai pas le temps de découvrir. Parmi mes destinations phares, il y a l’Afrique du Sud, un pays beau et intéressant où les gens sont super sympas, mais où il y a des écarts énormes entre riches et pauvres, cela fait mal au cœur, c’est triste à voir. Le Japon est une autre destination de choix, les choses sont tellement différentes d’ici.
« Chaque culture, chaque pays, chaque continent est unique et particulier, partout il y a des choses à découvrir et à aimer. »
Patrizia Van der Weken
J’aime aussi être en Europe, j’aime découvrir les paysages, les cultures, les traditions. Mais étant souvent en route, je suis aussi contente de revenir à la maison, il y a toujours un juste milieu à trouver.
Questions à la volée
- UN MENTOR : Mon entraîneur Arnaud Starck, on travaille ensemble depuis septembre 2014 !
- UNE PERSONNE INSPIRANTE : Plein d’athlètes comme la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce ou l’Américaine Allyson Felix.
- UN HOBBY : J’ai peu de temps, mais je m’amuse à embellir mes ongles, ça prend des heures. Avec mes petits pinceaux, je fais un peu de l’art (rires).
- UN RÊVE : Une médaille d’or à un championnat international !
Cette interview a été publiée initialement dans le Femmes Magazine de novembre 2025, numéro 271.
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