Crèmes trop nourrissantes, fonds de teint mal accordés, rouges restés au fond du tiroir… On en a toutes. Des produits en bon état, parfois neufs, mais délaissés. Faut-il les jeter pour autant ? Pas si vite. Ces cosmétiques oubliés peuvent souvent être donnés ou réutilisés autrement. À l’heure où l’on cherche à consommer mieux et gaspiller moins, voici comment offrir une seconde vie à ces produits qui n’ont pas trouvé leur place dans notre routine, mais qui peuvent encore faire le bonheur d’autres peaux – ou d’autres usages.
Rédaction : Alina Golovkova
Savoir ce qui peut encore être utilisé… ou donné
La première étape, c’est de trier ce que vous avez. Un produit ouvert n’est pas forcément périmé. Vérifiez sa PAO (période après ouverture, l’icône du petit pot ouvert : 6M, 12M, 24M), et fiez-vous à vos sens. Une texture qui a tourné, une odeur suspecte ou une séparation inhabituelle sont des signaux d’alerte. Mais si tout semble normal et que le produit a été conservé dans de bonnes conditions, il peut tout à fait être donné ou transformé. Les cosmétiques scellés, évidemment, sont les plus simples à transmettre. Mais certains produits à peine entamés peuvent aussi être redistribués s’ils sont en parfait état.
- Attention : on ne donne pas un mascara utilisé ou une crème prélevée au doigt. En revanche, un flacon pompe ou un spray, entamé mais propre, peut encore servir ailleurs.
Ils ne sont pas pour nous : donner à qui, où, comment ?
De nombreuses associations acceptent les produits de beauté, à condition qu’ils soient neufs ou quasi neufs et en bon état. Au Luxembourg, vous pouvez vous tourner vers :
- L’ASBL Femmes en détresse, Caritas, Croix-Rouge ou Stëmm vun der Strooss : ces structures redistribuent des produits d’hygiène, de soin ou de maquillage à des personnes en situation de précarité, adultes ou enfants.
- Facebook Marketplace : même sans les vendre, vous pouvez y proposer vos produits en don local. La communauté luxembourgeoise y est très active.
- Organiser une “beauty swap party” entre amies ou collègues est une façon simple et conviviale de faire circuler ce qui ne vous convient plus.
Et pourquoi ne pas aller plus loin en mobilisant votre environnement professionnel ? Proposez, une fois par an, une collecte de produits de beauté inutilisés entre collègues (féminins et masculins). Produits d’hygiène, maquillage, parfums : tout ce qui est encore bon peut être donné à des personnes en situation de détresse, via des associations locales.
- Important : on trie avant de donner. Seuls les produits en bon état, propres, bien fermés et non périmés sont acceptés. Donner, oui – mais avec respect.
Détourner les usages : le pouvoir du cosmétique recyclé
Avant de donner, on peut aussi envisager un nouvel usage. Beaucoup de produits sont facilement détournables :
- Un fond de teint trop foncé ? Mélangez-le à votre crème de jour pour créer un effet bonne mine léger.
- Une huile visage non adaptée ? À tester sur les cuticules ou les pointes de cheveux.
- Un rouge à lèvres trop vif ? Tapoté au doigt, il devient un blush crème lumineux.
- Un baume à lèvres trop gras ? Il peut faire un excellent soin nourrissant pour les cuticules ou les zones sèches des coudes et genoux.
- Un gel douche ou shampooing au parfum dérangeant peut aussi servir à nettoyer ses pinceaux de maquillage.
Acheter mieux pour éviter l’accumulation
Le meilleur moyen de ne plus se retrouver avec des produits inutilisés, c’est encore de mieux acheter. Et cela commence dès l’intention :
- Tester avant d’acheter : demandez un échantillon et testez plusieurs jours chez vous.
- Privilégier les petits formats ou les versions voyage pour les produits nouveaux ou les soins spécifiques.
- Choisir des marques qui acceptent les retours, proposent du vrac ou des recharges. Certaines enseignes comme Lush, Sephora ou The Body Shop ont des programmes de reprise.
- Limiter les achats impulsifs : se poser la question « vais-je vraiment l’utiliser ? » avant de céder à une nouveauté.
Et les produits périmés, on en fait quoi ?
Quand un produit est manifestement altéré – odeur rance, séparation de phases, changement de couleur ou texture suspecte – il n’y a pas d’alternative : il doit être jeté. Mais pas n’importe comment. Contrairement aux médicaments, les cosmétiques ne peuvent pas être rapportés en pharmacie. Ils doivent être jetés avec les déchets ménagers, à moins que leur emballage soit recyclable (verre, certains plastiques). Les produits liquides ou pâteux ne doivent pas être versés dans l’évier, au risque de polluer l’eau. En cas de doute, les centres de tri ou initiatives comme SuperDrecksKëscht® au Luxembourg peuvent orienter vers les bonnes pratiques de gestion des déchets cosmétiques.
Le gaspillage cosmétique en chiffres :
- En Europe, une femme utiliserait en moyenne 12 à 16 produits de beauté par jour, mais en posséderait entre 40 et 70 (Cosmetify Beauty Index, 2022).
- Une étude britannique a montré que plus de 50 % des femmes ont dans leur trousse des produits qu’elles n’utilisent jamais (UFC-Que Choisir, 2021).
- En France, seulement 40 % des contenants de cosmétiques sont effectivement recyclés, faute de tri correct ou à cause de matériaux non recyclables (ADEME, 2019).
« Une amie me propose parfois des produits qu’elle n’utilise pas : une crème ou du maquillage qui ne lui conviennent pas… Quand je sens que ça pourrait matcher pour moi, j’accepte volontiers – je découvre ainsi de nouvelles marques. Et surtout, ce geste me touche : je sens qu’elle pense à moi, qu’elle veut éviter le gaspillage. C’est une petite attention à la fois utile et inspirante. »
– Aurélie, 36 ans
Article initialement publié dans le Femmes Magazine numéro 266 de mai 2025.