La rentrée politique et sociale s’annonce pour le moins compliquée pour le locataire du palais de l’Elysée dont le mandat n’est plus renouvelable. Et les échéances des mois prochains risquent de donner les céphalées à la chaine aux barons de la technostructure gouvernementale française et plus particulièrement au très dévoué, très ambitieux et indétrônable ministre de l’intérieur qui viserait la succession de Macron.
Une fronde de la police
Le 24 juillet dernier, Le Figaro titrait « Ça fait 20 ans que tous les gouvernements nous prennent pour des serpillières : après l’incarcération d’un policier de la BAC, un vent de fronde à Marseille ». Les BAC, les brigades anti criminalité, sont aux premières loges dans la lutte contre les pathologies de la société française. A peu près au même moment le patron de la police nationale française estimait « qu’un policier n’avait pas sa place en prison avant un éventuel procès ». Des centaines de policiers contestent cette incarcération, un mouvement sur les réseaux sociaux est suivi par des milliers d’entre eux. Les grèves du zèle se multiplient, les arrêts maladie de soutien augmentent dans de nombreuses villes françaises. A Marseille et à Nice, villes symboles de l’ultra violence, cela se fait sur fond de guerre des gangs et de trafic de drogue à tel point que le ministre a d’envoyé en renfort une unité d’élite, la CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines. Selon Alain Bauer, professeur de criminologie, le ras le bol dure depuis les années 90 dans un pays avec un état de sécurité intérieure en berne. Le nombre de suicides devient inquiétant : 34 policiers et 14 gendarmes se sont donnés la mort en 2022.
En toile de fond une réforme qui ne passe pas
A Marseille toujours, en octobre dernier le patron de la PJ pour la zone sud avait été démis de ses fonctions suite à une « haie de déshonneur » présentée au directeur général de la police nationale qui tentait de justifier une réforme de la police qui ne passe pas. Selon « le Monde » il s’agit de placer « toutes les forces de police sous l’autorité d’un seul chef dans chaque département, un fonctionnaire territorial envoyé par Paris ; « des managers sans expérience du terrain » comme pensent certains. « Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, montre les fonctionnaires marseillais, bras croisés, debout, dans les couloirs du deuxième étage du siège de la police marseillaise, tandis que le directeur général traverse les locaux, l’œil noir. » La police garde-fou de la société républicaine si chère à Macron est malade. La proposition du Senat d’instaurer un moratoire jusqu’à la fin des jeux olympiques a été écartée. Certains parlementaires considèrent la reforme comme « mal préparée et inconséquente ». Selon « Libération » cela inquiète également les magistrats et les enquêteurs, surtout ceux chargés de dossiers les plus complexes. « On a fait une police plus basée sur la répression, avec des objectifs chiffrés, des statistiques. On est devenu producteur de sécurité et non plus un service public » dit un responsable syndical.
Une France sous observation
L’exemple français est largement analysé à l’international. Lors des émeutes, qui ont pris de court Macron, Paris avait perdu la main pendant 6 jours selon les responsables syndicaux de la police. Il aura fallu 45.000 hommes pour restaurer l’ordre. Ce genre de situations interpelle. Les experts soulignent la demande des dirigeants de la police israélienne d’analyser ce qui a fait éclater les émeutes et les réactions extrêmes des émeutiers. On s’interroge sur les ordres de la police et leur attitude avant, pendant et après les évènements. En Israël les lourdes émeutes de 2021, comportant des analogies avec celles en France, ont laissé un très mauvais souvenir. Un rapport officiel récent avait conclu à des disfonctionnements dans les réactions de la police, du renseignement en amont et de la coordination avec le renseignement intérieur ainsi que des manquements dans le préparation opérationnelle et la répartition des personnels sur le terrain. Des études universitaires anglo-saxonnes soulignent les éléments insurrectionnels dans les évènements en France. La France serait-elle devenue le laboratoire des courants subversifs en Europe ?