Par Cadfael
Le marxisme-léninisme, revu et corrigé par le dirigeant de la République Populaire de Chine, n’admet aucune indépendance culturelle pour les ethnies non-han. Les Ouïghours et les Tibétains en font l’expérience, leur histoire et leur culture doivent disparaître.
Pas de droits de l’homme pour les Ouïghours.
Dans l’empire de Xi, les Hans représentent 92% de la population chinoise. Le gouvernement de Pékin a fait formater les 55 minorités reconnues officiellement aux normes du « socialisme aux caractéristiques chinoises ». Il a fait une fixation sur le peuple ouïghour représentant environ 12 millions de personnes qui depuis 2014, est soumis à une répression systématique. Au Xinjiang la pratique de leur langue et de leur culture est interdite. Les moyens high-tech de surveillance, mis en place, sont doublés d’un maillage dense des postes de contrôle et de police. Entre un à deux millions de personnes se trouvent dans l’un des 1200 camps de rééducation, avec des Kirghizes, des Kazakhs et d’autres minorités turkmènes. Création de l’ère Xi, ces camps sont destinés officiellement « à garantir une adhésion aux principes du parti communiste chinois, combattre le séparatisme et le terrorisme et donner une formation professionnelle aux Ouïghours » ! Selon un officiel « les ouïghours n’ont pas de droits de l’homme ». Ces camps permettent, hors de tout contrôle, de pratiquer des actes de torture, des viols, des avortements et des stérilisations forcées. La natalité a baissé de plus de 60% dans la population ouïghoure. Les informations qui filtrent vers l’occident donnent à penser qu’un ethnocide à grande échelle est en cours. Les historiens parlent de la plus grande détention de masse depuis la Seconde Guerre mondiale. Le gouverneur de la province du Xinjiang est un spécialiste, c’est lui qui a mis au point les méthodes de pacification du Tibet.
Le Tibet, mêmes buts, mais des méthodes différentes.
Après l’invasion du Tibet par la Chine en 1950 on a assisté à une prise en main progressive par le parti et l’armée afin de siniser et de marxiser l’ancien royaume. Aujourd’hui le nom même du Tibet doit disparaître. Depuis 1959 le gouvernement présidé par le Dalaï-Lama est en exil en Inde. Le Panchen-Lama, qui reste au Tibet, est le second plus important personnage de la hiérarchie bouddhiste après le Dalaï-Lama. Comme ce dernier est une réincarnation du bouddha de la compassion, le Panchen est considéré comme la réincarnation du bouddha de l’infinie lumière. Il a un rôle clef dans l’identification de la réincarnation du successeur de l’actuel Dalaï-Lama. Malgré son parcours de souffrance et de torture par Pékin, le 10e Panchen a gardé une ligne fidèle à ses principes.
Une succession difficile.
Il est décédé de manière suspecte en 1985, des indices pointent vers un empoisonnement. En 1995 l’actuel Dalaï-Lama annonçait qu’il avait trouvé la réincarnation du Panchen-Lama: un garçon de six ans. Pékin avait l’espoir que cette identification serait effectuée sans l’intervention du Dalaï-Lama toujours en exil en Inde. Dans le cadre des « mesures de la gestion de la réincarnation des bouddhas en vie du bouddhisme tibétain » les services chinois kidnappèrent le jeune garçon, incarnation du 11e Panchen-Lama ainsi que sa famille, depuis lors ils sont introuvables. Pékin s’est arrangé ensuite avec des cadres bouddhistes « amis » pour trouver une incarnation du Panchen made in china. Celui-ci, en tant que membre du parti, a ordonné pour la première fois le 4 novembre dernier, des moines dans le monastère tibétain qui est son siège traditionnel, le tout sous protection des services chinois. Il leur a prêché un sermon éloquent :d’être “reconnaissants envers le parti, de suivre le parti et de promouvoir le parti ». Promu vice-président d’un organe de contrôle du parti il autorise les temples et l’ordination des moines. Pour l’instant la succession du Dalaï-Lama, né en 1940, est un casse-tête théologique.
Un nouveau casse-tête pour Pékin ?
La résistance tibétaine contre l’occupation chinoise n’a jamais tari. La nouvelle génération de jeunes tibétains serait encline à choisir des voies plus radicales que la « voie du milieu » définie par l’actuel 14e Dalaï-lama. La partie secrète du mythe du shambala et du tantra du kalachakra, corpus central du bouddhisme tibétain, contiendrait suffisamment de justifications théologiques. Seule la partie « peace and love » est prêchée actuellement aux fidèles. Les enseignements réservés justifieraient la voie d’une guerre de religion sanglante entre bouddhistes et non-bouddhistes pour la domination du monde. Il convient de garder en mémoire que les bouddhistes tibétains ont une longue histoire de peuple guerrier.