En mars 2019, un incendie ravageait une grande partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Grâce à une mobilisation politique exceptionnelle, ce chef-d’œuvre, pilier de la culture judéo-chrétienne, a pu renaître de ses cendres tel un phénix, et ce, dans un délai record. À l’opposé, une simple banane s’est érigée en symbole d’une forme de provocation culturelle…
Texte : Cadfael
Des siècles partent en fumée.
La construction de Notre-Dame de Paris, entamée vers 1163, s’est étalée sur près de deux siècles. Érigée sur les vestiges d’une ancienne église bâtie sous Childebert, fils de Clovis, et à l’emplacement d’un temple dédié à Apollon au IVᵉ siècle, elle incarne des siècles d’histoire. Du 15 au 16 avril 2019, la cathédrale a été dévastée par un incendie qui a duré une quinzaine d’heures. Cinq ans plus tard, le 29 novembre 2024, elle rouvrait ses portes pour une première visite, signe d’un défi colossal relevé avec succès : sa reconstruction à l’identique. Ce chantier titanesque, rendu possible par une volonté politique forte incarnée par le président Emmanuel Macron, s’inscrit dans un contexte où la popularité présidentielle vacille. Devant les 1 300 artisans, ingénieurs et contributeurs du chantier réunis pour l’occasion, le chef de l’État a déclaré : « Vous avez été les alchimistes du chantier et vous avez transformé le charbon en art. » Ces propos résonnent avec une citation de Fulcanelli, écrivain et alchimiste, qui décrivait en 1926 les cathédrales gothiques comme des “sanctuaires de la Tradition, de la Science et de l’Art”, véritables reflets de la pensée collective des ancêtres dans tous les domaines : religieux, philosophique, laïque ou social. Cette renaissance, à la croisée de la science et de l’art, a mobilisé des ressources d’une rare excellence et a été soutenue par une solidarité internationale exceptionnelle. Au total, 340 000 donateurs issus de 150 pays ont contribué au financement, dont 60 millions d’euros provenant de l’étranger, majoritairement des États-Unis. Ce succès éclatant symbolise la puissance d’un patrimoine universel, restauré grâce à une conjugaison d’efforts humains, techniques et financiers sans précédent.
Ce que la France possède de mieux.
L’incendie, malgré sa puissance destructrice, a ouvert une opportunité unique dans le domaine de l’architecture médiévale : celle de revisiter et redécouvrir les techniques de construction employées par les loges de bâtisseurs du Moyen Âge. Cette redécouverte a mobilisé 2 000 compagnons et artisans spécialisés dans des métiers variés, tels que le travail du bois, du métal, la taille de pierre, la sculpture, l’échafaudage, la couverture, la campanisterie, la dorure et l’archéologie. En tout, 250 entreprises et ateliers d’art ont pris part à cette aventure exceptionnelle.Parallèlement à ce gigantesque chantier artisanal, un projet scientifique multidisciplinaire de grande envergure s’est déployé. Selon le Journal du CNRS, l’incendie a suscité une mobilisation spontanée de nombreux chercheurs désireux de mettre leurs compétences au service de la restauration de la cathédrale. Pas moins de 175 scientifiques se sont investis dans neuf unités de recherche coordonnées par le CNRS, couvrant des domaines aussi variés que le bois et la charpente, le métal, les vitraux, la pierre et le mortier, les décors monumentaux, les structures, l’acoustique, les données numériques, et même l’étude des émotions et de la mobilisation autour de Notre-Dame.Ces initiatives conjuguent savoir-faire traditionnel et expertise scientifique de pointe, exploitant des ressources nationales et internationales pour relever un défi architectural, culturel et historique sans précédent.
Le jeu de la Banane.
Symbole criant des dérives de nos sociétés, où le cynisme ambiant et la déculturation se mêlent, une œuvre singulière a récemment fait sensation. Fin octobre, une banane fixée à une surface par un ruban adhésif argenté, qualifiée d’art par certains, a été mise aux enchères chez Sotheby’s. Créée par l’Italien Maurizio Cattelan, cette pièce provocatrice rappelle l’approche audacieuse de Piero Manzoni qui, en 1961, avait mis en vente 90 boîtes de conserve contenant 30 grammes de « merda d’artista », indexées sur le prix de l’or.Sotheby’s, jamais avare de superlatifs pour justifier des marges mirobolantes, défend l’œuvre de Cattelan comme une critique satirique et ironique destinée à « reconsidérer la définition de l’art et la valeur qu’on lui attribue ». Deux des trois exemplaires de la banane, présentés à Art Basel, se sont déjà vendus pour 120 000 dollars chacun. Lors de la vente à New York, la troisième a atteint la somme astronomique de 6,2 millions de dollars, frais compris.L’acquéreur, Justin Sun, entrepreneur sino-américain spécialisé dans les crypto-monnaies et proche de Donald Trump, a promis de consommer la banane, en faisant une « expérience artistique unique » célébrant à la fois l’histoire de l’art et la culture populaire, selon le magazine AD. Promesse tenue : cet acte, à la fois absurde et symbolique, rappelle les liens étroits – et parfois inconfortables – entre l’homme et le singe.
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