Une robe spectaculaire, crinoline de superpositions multicolores, tirée du défilé de la créatrice Roksanda qui vient de s’achever au British Museum, fait face à la même robe sur un écran numérique, qui viendra bientôt habiller les avatars du métavers.

En pleine semaine de la mode de Londres, les professionnels se sont penchés lundi, lors d’un évènement consacré à l’avenir du secteur, sur la montée en force des NFT, du métavers, de la réalité augmentée dans l’industrie des belles étoffes et des drapés sophistiqués. Selon Caroline Rush, la directrice du British Fashion Council, la fédération britannique de la mode, les marques doivent déjà réfléchir à leur présence dans cet univers parallèle au risque de se trouver vite dépassées.

Le métavers, contraction de méta et univers, est un réseau d’espaces virtuels interconnectés accessibles grâce à des lunettes de réalité augmentée ou virtuelle (AR ou VR) et parfois décrit comme l’avenir d’internet. Les NFT – “non-fungible tokens” ou jetons non fongibles en français – sont quant à eux des certificats d’authenticité et de propriété infalsifiables, basés sur la technologie des chaînes de blocs (“blockchain”), la même que celle qui authentifie les transactions d’échanges de cryptomonnaies.

Pour les marques, c’est une façon de se connecter aux trois milliards d’adeptes des jeux vidéo dans le monde et de leur vendre des produits numériques: même dans l’univers des avatars, certains soignent leur look.

Des paires de baskets virtuelles

Adidas avait ainsi annoncé en décembre le lancement de sa première collection assortie de NFT et son concurrent américain Nike a racheté RTFKT (prononcer “artéfact”), une start-up de mode numérique qui repose également sur une “blockchain”. Selon la presse spécialisée dans le numérique, RTFKT a écoulé des centaines de paires de baskets virtuelles l’an dernier en seulement six minutes, pour 3,1 millions de dollars.

Les NFT seraient aussi une manière de démocratiser la mode, en permettant d’acheter un vêtement de créateur numérique pour une petite somme, ont affirmé lundi à Londres les participants au panel de discussion. C’est aussi un moyen pour les créateurs d’imaginer des vêtements qui dépassent le domaine du possible, comme des bottes qui s’enflamment ou encore des robes en eau.

Et pour les marques, la réalité augmentée permet à toutes sortes de clients d’être soudain habillés à leurs couleurs: “imaginez que vous portez des lunettes de réalité augmentée et que d’un coup vous voyiez toute cette audience habillée en Roksanda…”, imagine Leanne-Elliott Young, cofondatrice de l’Institute of Digital Fashion.