Netty Tines, Netty Thines, administrateur délégué de Mediation SA, bureau de conseil en communication personnalisée; évoque son parcours.

Vous êtes aujourd’hui fondatrice et administratrice déléguée de votre propre société Mediation, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

J’ai réalisé des études de journalisme et de communication avant de poursuivre en gestion commerciale à l’Institut Saint-Louis de Bruxelles. J’ai ensuite travaillé dans cette ville où j’y ai fait un recueil sur ce qu’est la déontologie de la publicité en Europe. Plus tard, j’ai posé mes valises au Luxembourg. J’ai commencé au sein de Luxair puis dans la première boîte d’évènements ouverte au Luxembourg, une société britannique. En 1991, aux côtés de trois partenaires j’ai co-crée Mediation. Auparavant, nous avions déjà co-crée une agence avec d’autres partenaires européens “Twenty Seven Names”.

J’ai également été co-fondatrice des femmes pionnières du Luxembourg, qui s’engage à rendre visible tout ce que les femmes ont fait dans les différentes professions. Par ailleurs, la dernière exposition en date est celle sur les femmes dans le journalisme.

Comment s’est déroulée la création de Mediation ?

C’était un pur hasard. Je me suis trouvée au bon endroit, au bon moment. Il m’a été proposé de prendre la direction. L’idée ne venait pas de moi ! J’ai dit oui, mais je ne pensais pas que cela serait si simple. Mediation faisait contrepoids avec les agences de publicité. Nous ne travaillons pas avec les médias de masse, uniquement les supports où l’identification directe de l’interlocuteur est possible. Utiliser l’évènement comme support de communication était encore inconnu. Nous nous considérons réellement comme des pionniers car nous avons développé une communication de niche de télémarketing. C’est très important ! Je suis devenue co-actionnaire et co-fonctionnaire à l’âge de 27 ans.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la construction de Mediation ?

Ma plus grande difficulté a été de faire comprendre aux clients ce qu’est le marketing relationnel, la communication personnalisée. A mes débuts, lorsque je les rencontrais, c’était compliqué. Les entreprises essayaient sans cesse de mettre une casquette sur ce que nous faisions. Pour eux, il s’agissait simplement d’organiser un évènement. Le métier de relation presse était inconnu, tout comme la mise en scène et le développement. J’ai passez énormément de temps à expliquer ce que nous faisons. Et encore aujourd’hui, ce n’est pas facile (rires). Tout ce qui est nouveau met du temps à s’implanter et mesurer le retour sur investissement n’était pas si simple. Nous avions une volonté de faire progresser le marché, d’apporter une valeur ajoutée au client. C’est également pour cela que nous avons créé l’agence européenne avec 18 partenaires, pour savoir ce qui se fait à l’étranger.

De quels soutiens avez-vous bénéficié ? Quels soutiens auriez-vous souhaités ?

Je pense que je me suis reposée sur moi-même. J’ai rencontré des gens bienveillants. Je n’ai pas eu de soutiens financiers. Les associations sont intéressantes. J’ai soigné le contact avec le marché uniquement. Je n’attends rien de personne, je pense que lorsque l’on est entrepreneur, on est entrepreneur. Il ne faut pas attendre ou dépendre d’un soutien particulier. Il faut travailler, être créatif. De toute façon c’est le marché qui fait la sélection.

Qu’apporte la FFCEL aux femmes qui souhaitent tenter l’aventure entrepreneuriale ?

Sortir de la solitude. Lorsque nous sommes entrepreneur, nous sommes seules. Nous gérons des équipes et chacun d’entre nous possède les mêmes challenges. C’est très rassurant de pouvoir échanger et partager avec d’autres personnes qui vivent la même chose. L’existence de ce genre d’association est importante.

Quel a été votre plus grande réussite professionnelle ?

Je ne sais pas (rires), je considère que je dois toujours apprendre. Nous devons toujours travailler sur nous-même pour nous améliorer. Je ne peux pas parler d’une réussite, il y a des beaux projets. La communication est passionnante tous les jours.

Quels sont vos prochains challenges ?

Je viens de recruter trois personnes et je tiens à ce que l’équipe évolue bien ensemble. Je pense que ce sera une équipe de choc sur le marché. Nous avons trouvé des personnes qui s’entendent et la bonne entente est importante.

Lorsque l’on est cheffe d’entreprise, le fait d’être une femme est-il un frein ou un atout, selon vous ?

Ni l’un, ni l’autre. Femme ou homme chacun à ses talents, ses points forts et ses points faibles. Je pense que c’est une question de tempérament, de caractère.  Ce qui est vrai, c’est qu’il y a moins de femmes dans certaines professions surtout quand c’est physique. Le talent des femmes est sous-estimé. Pourtant, je me suis déjà trouvée dans des situations où je me demandais ce que les hommes racontaient (rires). J’avais l’impression d’être dans un autre monde. J’en ai conclu que c’était à moi de me faire comprendre et entendre. Trouver une voix pour m’exprimer, pour être mieux perçu ou plutôt différemment. Réussir à partager et imposer mes idées. Les hommes communiquent différents, les femmes ont d’autres codes. Dans un autre pays c’est la même.

Quelles sont les forces que doit posséder un chef d’entreprise ?

La ténacité. Il faut aller jusqu’au bout des choses. Il ne faut pas dire « je suis malade, j’ai le rhume, je suis fatiguée ». Il faut assurer tous les jours. Je pense qu’un chef d’entreprise possède une responsabilité envers le personnel et les clients. Il ne faut décevoir personne donc il faut assurer même quand c’est compliqué, trouver des solutions.

Avez-vous un modèle ?

J’ai eu plein de modèles, des personnes qui m’ont inspiré. Elling Hamso, Norvégien et directeur fondateur de l’Europen Event ROI Institute. Sa personnalité est inspirante notamment car il se bat pour la professionnalisation de la communication. Il a plein de talents que j’admire.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui veulent se lancer dans l’entreprenariat ?

Garder la passion et ne jamais abandonner parce que de toute façon comme dans toute profession, il y a des hauts et des bas mais il ne faut jamais abandonner.

 

Sabrina Pontes