Constat de notre Premier Ministre dans une interview publiée sur le site web de nos confrères de Paperjam il y a quelques jours. Mais qui était Merlin l’Enchanteur ? Merlin le druide est un personnage clef́ des légendes arthuriennes. Sans revenir sur la complexité́ littéraire, philosophique et culturelle de Merlin, relevons simplement qu’il est une figure clef de la mythologie celtique enracinée dans un terreau historique solide recouvrant les cultures celtes et gauloises.

Les druides étaient des personnages importants dans la hiérarchie celte en Irlande et en Gaule, théologiens, philosophes, gardiens du savoir et de la sagesse, conseillers des rois et de la classe guerrière. Polyvalents, ils étaient ministre du culte et juristes. « Nul ne parle avant le roi mais le roi ne parle pas avant son druide » est-il dit dans l’un des grands récits de la mythologie irlandaise.

Merlin, le politique par excellence ?

Jules César dans la description des druides de la « Guerre des Gaules » souligne qu’une des fonctions de ces personnages érudits consistait à̀ trancher presque tous les confits entre les états ou entre particuliers, ce sont eux qui jugent et fixent les compensations à donner. Et César de préciser qu’ils présidaient aux comptes publics et privés se servant de l’alphabet grec.
Notre Premier Ministre clame haut et fort qu’il n’est pas Merlin, mais au vu de son interview il s’en approche. En dehors du fait qu’il soit ministre du culte et qu’il règle de manière élégante et intelligente le problème de la Cour Grand Ducale, il se pose en véritable arbitre.

L’urgence du logement.

Le problème du logement et de l’immobilier en général, qui a engendré la création de fortunes substantielles, ces dernières trente années, et dont les bénéfices ne fructifient pas nécessairement dans le pays, demeure un des talons d’Achille de l’économie luxembourgeoise. Les solutions en gestation proposées par le gouvernement sont pragmatiques et constituent des options solides : l’utilisation judicieuse de leviers fiscaux pour inciter les grands propriétaires à urbaniser leurs terrains et à augmenter le parc locatif accessible et aux jeunes en début de vie professionnelle et à ceux qui sont économiquement fragiles .

Mais un retard de quelques décennies ne se rattrape pas, même avec une baguette magique ultra-performante. Comme notre Premier Ministre gère également le portefeuille de la réforme administrative, un certain nombre de corrections des processus administratifs concernant les autorisations à bâtir semblent s’imposer afin d’accélérer et d’alléger un processus d’une complexité́ byzantine.

Image de la place financière

Si le logement est l’un des points problématique, un second semble être celui de la place financière. Les mastodontes bancaires, russes, chinois, anglais et autres européens s’y sentent à l’aise, malgré un alourdissement des coûts, résultat des contraintes imposées par la CSSF, qui se réfugie derrière les règlements d’origine internationale.

Il y a quelques jours de cela, le ministre Gramegna est monté au créneau pour défendre l’image de la place et « la conformité avec les règles » à la Chambre des Députés, suite à une question parlementaire de l’opposition. Et ce type de question parlementaire donne à penser que l’opposition n’a actuellement pas mieux à se mettre sous les dents.

Par contre là où il y a un réel problème, c’est au niveau des sociétés financières de taille moyenne souvent gérées par des privés. Les bruissements chez les family office vont dans le même sens : la place devient trop chère et les administrations trop tracassières et abonnées au dialogue de sourds. Certains et non des moindres vont vers des prés plus verts. Leur départ ne fait guère de vagues, mais constitue une perte de substance pour la place.

A -t-on décidé de privilégier les mastodontes de la finances au détriment des petits ? Merlin, inspirera certainement nos décideurs politiques vers des voies plus proches des préoccupations des électeurs.

Texte : Cadfael