Pour la première fois, les chances françaises lors des épreuves au Bocuse d’Or Europe seront incarnées par une cheffe : Naïs Pirollet. Coachée par Tabata Mey, la cheffe entrepreneuse qui embrasse le succès à Lyon avec le concept de food court Food Traboule, la candidate s’envolera pour Budapest (Hongrie) les 23 et 24 mars afin de décrocher son sésame pour la grande finale prévue l’année prochaine. En pleine préparation, on a eu l’opportunité d’échanger avec Naïs Pirollet pour découvrir son programme d’entraînement et comprendre son état d’esprit à quelques jours du concours.
Comment vous sentez-vous à quelques jours des épreuves ?
Hyper concentrée. J’ai vécu ce concours aux côtés du chef Davy Tissot qui a remporté le Bocuse d’Or 2021. Je travaillais sur la recherche et le développement des recettes. Une sacrée aventure ! Cela m’a donné envie de vivre ma propre expérience et de passer de l’autre côté du box. Bien sûr, c’est une grosse pression de représenter son pays et je veux être à la hauteur. Je ne veux rien laisser au hasard. Il faut tout anticiper et cela demande d’être extrêmement vigilante. C’est la dernière ligne droite. Je pense cuisine, je vis cuisine, je dors cuisine ! Mon but : prendre du plaisir avec mon équipe. Et je donnerai le maximum. Il faut se donner à fond pour ne rien regretter.
À quoi ressemble votre programme d’entraînement, aussi bien en terme d’horaires que d’exercices ?
On enchaîne les blancs avec mon commis Cole Millard et ma coach Tabata Mey. On se met dans les conditions du réel et on minute chaque geste. On a 5h30 pour réaliser un plateau autour du chevreuil avec ses garnitures et une assiette de dégustation autour de la pomme de terre. On s’entraîne de manière continue. Puis c’est la dégustation et le débrief avec des chefs de la Team France pour affiner, repenser et améliorer si besoin. Les journées sont longues et denses. L’équipe est très impliquée.
Qu’avez-vous pensé des variétés de pommes de terre proposées pour l’épreuve du plat végétarien ? Et concernant le chevreuil, est-ce une viande que vous avez l’habitude de travailler ?
On travaille avec une variété hongroise. La pomme de terre est un produit apparemment simple. En réalité, il nécessite beaucoup de technique. Pour le chevreuil, c’est une viande fragile. C’est à la fois fort et subtil. J’ai appris différentes techniques et fait beaucoup d’essais sur ces deux produits pour essayer de les sublimer avec simplicité. J’aime les goûts francs. L’aspect esthétique est aussi très important. Un vrai défi !
Les épreuves du Bocuse d’Or sont très physiques. Faites-vous du sport également pour vous préparer ?
La pression peut être importante et le concours est aussi très physique. Il faut se mobiliser pendant plus de 5h30 non-stop si on compte la mise en place du box. Impossible d’avoir mal au dos ou une crampe, de se déconcentrer et de se blesser. Il faut se préparer mentalement et physiquement. Le sport peut aider. Je cours dans les bois, dans la nature environnante. Je peux ainsi me vider la tête.
Vous êtes la première femme à représenter les couleurs de la France. Ressentez-vous une forme de pression ?
Non, je ne ressens pas de pression d’être la première femme à représenter la France. J’ai conscience que c’est symbolique mais ce n’est pas un sujet pour moi. Je n’ai pas plus de pression que les autres candidats. On est dans un concours, à égalité avec tout le monde, peu importe que l’on soit un homme, une femme, que l’on soit jeune ou moins jeune… Nous aurons tous 5h30 pour nous exprimer et montrer de quoi nous sommes capables. Nous serons jugés sur notre cuisine, notre savoir-faire et notre créativité. Tout se joue sur la cuisine avant tout, mais aussi le goût et la façon dont on travaille. Que le meilleur ou la meilleure gagne !