Celui que son biographe décrivait comme maladroit et introverti dans sa jeunesse s’est entretemps forgé une image publique de quelqu’un d’avide de publicité, autoritaire et au-dessus des règles. L’homme considéré actuellement comme le plus riche de la terre se prendrait-il pour Dieu ?

Par Cadfael

Le petit oiseau bleu

La mascotte de Twitter est un oiseau bleu nommé Larry en hommage au basketteur américain Larry Bird. Le 27 octobre dernier, Elon Musk attrape le petit oiseau bleu pour 44 milliards de dollars, soit un total de 46.5 milliards avec les frais. Suivent un ensemble de décisions chaotiques afin de formater la société aux « diktats » de son nouveau maître. Il convient de garder à l’esprit que Twitter n’est pas une société rentable, malgré les 450 millions d’utilisateurs mensuels.

Les visions du maître

Depuis la prise de pouvoir de Musk, les choses bougent chez Twitter, mais pas dans le bon sens selon les analystes financiers. Il a immédiatement licencié le gros des employés. Sur les 7500 il ne resterait que 2000 survivants. Il a quasi supprimé les équipes en charge des droits de l’homme, de la sécurité ou celles en charge des risques de prises d’influence asymétriques. Toute l’équipe en charge du risque « Chine » a démissionné.  En même temps il a annoncé sur Fox news que son management était « modéré et pas d’extrême droite ». Le bureau a Bruxelles, siège des institutions européennes est fermé illico presto. Comme Dieu, il donne l’absolution : il vient de lever le bannissement de personnes mis en place par l’ancienne équipe. 

Trump et sa proche alliée Marjorie Taylor Greene peuvent de nouveau se défouler sous prétexte que lui, Musk, est un défenseur absolu de la liberté d’expression. Mme Greene, une élue républicaine est une théoricienne conspirationniste d’extrême droite, antisémite, qui défend publiquement la théorie du « génocide blanc » voulant que les mariages interraciaux soient un complot pour faire disparaître la race blanche ! Selon « the Hill » du 28 octobre, la suppression des contrôles a entraîné un déferlement de racismes et antisémitismes homophobes sur Twitter. Le même flot de nuisance a été constaté sur les réseaux twitter chinois. Des comptes dormants depuis des années se sont réveillés avec des contenus pornographiques. Selon le Washington Post, cette situation est provoquée par des organes d’état chinois tentant de noyer toute communication sur les manifestations anticovid.

Un management chaotique

Le management de Musk, qualifié de « chaotique », a fait fuir la moitié des annonceurs sur Twitter, incluant des marques comme General Motors, United Airlines, Merck et d’autres. Selon les analystes, ils représentent 750 millions de dollars en 2022 pour un total de 2 milliards de dollars depuis 2022. Google et Apple veulent le bannir de leurs Appstores. En réaction, Musk a claironné qu’il allait construire ses propres GSM avec réception de Twitter intégrée.

En voulant lancer un nouveau produit faisant payer l’utilisation de la petite icône bleue des « likes », il a fait fuir nombre de célébrités: résultat le programme a été stoppé. Il a relancé sa querelle avec Bill Gates qui a osé douter officiellement de la capacité de ses véhicules électriques à apporter une solution au changement climatique pour des raisons techniques touchant les batteries.

Money, money…

Les dettes de Musk sont devenues colossales, elles représenteraient les deux tiers des 46.5 milliards. La société « audit analytics » fait de Musk le CEO le plus endetté des États-Unis. Comme les banques demandent une surprime pour prendre en gage des titres à risque comme ceux de Tesla, il lui faudra selon des documents de la SEC, l’agence de contrôle des marchés, mettre en garantie 65 milliards de parts soit 25% de sa fortune actuelle.

Les dettes de Musk sont également les dettes des banques. Avant le rachat de twitter selon la presse financière américaine, il aurait déjà gagé 88 millions de titres de Tesla pour des prêts complémentaires d’où des questionnements à Wall Street. Il est certain qu’en privatisant le rachat de Twitter Musk évite les règles du SEC américain et d’autres instances de contrôle et peut disposer de manière quasi absolue des données complexes produites par Twitter en les utilisant pour ses activités de voitures auto conduites, de robotique, d’intelligence artificielle ou d’implants neuronaux. Des essais sur des singes, ou 23 spécimens sont décédés, lui ont amené des plaintes d’organisations scientifiques en février dernier. Il n’en demeure pas moins selon CNBC que ses co-investisseurs comme Horowitz avec ses 400 millions et « Binance », tous deux issus des cryptomonnaies ou la Qatar Investment Autority ainsi qu’un groupe de banques parmi lesquelles on retrouve Société Générale et Paribas lui restent fidèles, pour l’instant !