Une nouvelle année vient de débuter au Mudam. Une nouvelle ère, presque, puisqu’elle signe l’après Enrico Lunghi. A cette occasion, la presse a été conviée vendredi 11 février, quelques heures avant le vernissage officiel, à découvrir les trois artistes à prendre la suite de la rétrospective triomphale de l’œuvre du Gantois Wim Delvoye.

Trois nouvelles expositions qui s’inscrivent dans le sillage du travail d’Enrico Lunghi, comme le souligne Clément Minighetti: «nous sommes la continuité des monographies que nous consacrons aux artistes de la collection du Mudam, comme nous avons pu le faire pour Franz Erhard Walther ou Wim Delvoye».

Puis c’est au tour de Laurent Loschetter de prendre la parole. Annoncé comme le directeur par intérim du Mudam la veille de la conférence, il s’en amuse, évoquant la tendance des fake news. «Je ne suis pas le nouveau directeur du Mudam. Et je ne le serai jamais. Je n’en ai pas les compétences», explique-t-il avec humour et humilité, avant d’expliquer son rôle au sein du conseil d’administration, qui assure la régence en attendant l’arrivée du futur directeur ou directrice. Il en profite également pour mettre en lumière «l’équipe formidable qui travaille chaque jour et dont on parle trop peu», avant de préciser que cette nomination prendra du temps. «Le Mudam vient de fêter ses 10 ans. Nous avons surtout envie de le mettre sur les rails pour les vingt années à venir. Ces choses-là prennent du temps, et nous le ferons.»

Puis vient l’heure de découvrir les trois expositions, à voir jusqu’à la mi-mai. Monumentale, l’œuvre du Britannique Tony Cragg trône fièrement dans le hall du musée, baigné de lumière, comme un berceau parfait pour cette immensité affranchie de toute contrainte. Espiègle et facétieux, l’artiste qui vit à présent en Allemagne se plait à évoquer sa relation à la matière, prépondérante au cœur de son travail. Si ces premières œuvres étaient fondées sur l’accumulation d’objets, les années 90’s ont signé chez lui un virage vers une approche plus organique de la matière, tout en conservant une large part de prosaïsme. De ses créations se dégage une énergie bluffante, fascinante.

C’est ensuite au tour de Darren Almond de prendre le relais avec Timescape, et invite à explorer le temps, l’espace et les paysages, ainsi que la place de l’individu dans le monde et l’univers. Le spectateur est ainsi plongé dans l’immensité des paysages, à couper le souffle, travaillés au moyen de divers supports. L’artiste touche à tout, de la photographie à la sculpture, tout en passant les des installations vidéos ou des œuvres textuelles, afin de mettre en exergue une temporalité singulière, source de questionnement.

Pour finir, c’est une exposition à mi-chemin entre les arts visuels et le photojournalisme – et au cœur de l’actualité – que propose le Mudam pour ce premier semestre. Baptisée empire, elle est l’œuvre du photographe français Samuel Gratacap, qui s’intéresse aux phénomènes de migration et aux lieux de transit générés par les conflits contemporains. Empire est ainsi la somme de plusieurs séjours dans le camp de réfugiés de Choucha entre 2012 et 2014. Un camp qui d’ailleurs s’affirme comme la première œuvre à voir, prenant vie sous la forme d’une cartographie dessinée à main levée qui s’impose sur l’un des murs de la salle d’exposition. Puis l’artiste nous donne à voir la réalité du camp, sur autant de clichés et de Polaroïds qui mettent en lumière ces «âmes errantes» en latence.

 

Crédit photo: ©Adagp photo Michael Richter