Aujourd’hui le Luxembourg ne donne pas la mesure de son potentiel avec un management politique montrant des signes clairs d’usure. À force de faire manger aux électeurs des omelettes sans casser d’œufs, le pays stagne à haut niveau. L’immobilier, symbole de tous les maux, souffre et le pays avec lui.

Par Cadfael

Le logement pour tous, un rêve impossible

Le logement pour tous est une revendication historique des gauches européennes. Après des années de stagnation, le ministre du Logement et de la Sécurité intérieure a au début de l’année passée eu une révélation qu’il exprime dans un communiqué de presse. « Le Luxembourg a besoin d’un parc de logements qui restent durablement abordables. C’est ainsi que nous allons assurer le droit au logement et par là, la cohésion sociale ! » a-t-il souligné. A-t-il redécouvert une vérité basique qui au 19e siècle déjà avait fait construire des cités ouvrières aux groupes sidérurgiques européens ? Peut-être devrait-il relire Victor Aimé Huber (1800-1869) qui en 1846 rédigeait un ouvrage fondamental sur l’amélioration de la situation dans le logement au sein de l’empire allemand. En attendant, il se passe peu de choses. Après des années de spéculation foncière insensée ayant transformé le pays en terrain de jeu pour toutes sortes d’ambitions financières c’est l’impasse. « Mettez-moi de l’ordre dans ce foutoir », aurait dit de Gaulle à son ministre de l’aménagement de l’époque.

Peu d’espoirs d’amélioration

Les prochaines élections n’offrent que peu d’espoir à la jeune génération. Entre un parti conservateur qui recycle ses vieux crocodiles faute de mieux, un parti socialiste ou la bonne volonté existe, mais est insuffisante, et des verts qui au lieu de prendre exemple sur leurs frères allemands au gouvernement, se perdent dans les détails. Se loger dignement et décemment demeurera un mirage. Si les verts au gouvernement actuel, qui ont brillamment tenu les plannings sur le calendrier du tram, avaient investi autant d’énergie dans un programme non dogmatique et intelligent de logements soutenus par l’état, la crise actuelle ne serait probablement pas ce qu’elle est. Peu d’offres locatives et les programmes d’acquisition à la propriété battent tous les records de prix. La jeune génération et avec eux ceux qui ne gagnent pas des salaires élevés éprouvent le plus grand mal à se loger, à moins d’aller hors frontières. Ainsi le pays exporte ses difficultés au grand dam des habitants d’outre-frontière où tout augmente. Dans l’hôtellerie et la restauration, du personnel paramédical et médical, les jeunes universitaires dont les big four sont friands, ne peuvent tout simplement plus se loger et pourtant ce pays a un besoin crucial de leur « force de travail ».

Un cas parmi d’autres

Un jeune couple luxembourgeois cherche à se loger : elle, future avocate, travaille auprès d’un grand cabinet d’avocats et lui dans la dernière ligne droite pour devenir cardiologue. Ils ne veulent pas le grand luxe, juste deux chambres, l’une pour dormir et plus si affinités et l’autre comme bureau pour deux, car ils ont encore des examens à passer. Les prix du marché font penser qu’ils vont louer Versailles. Les recherches parmi les agences, à part des fautes d’orthographe, ne donnent guère de résultats. L’arrogance de certains « tenanciers » d’agence, qui avant même de répondre, demandent un bulletin de salaire et autres, si possible également le groupe sanguin du chat du couple. Car il y a un hic, chacun d’eux séparément ne gagne pas assez pour avoir droit au paradis de la spéculation immobilière, il faut que le loyer fasse un tiers du salaire net. Comme en dessous de 2000 euros (charges comprises) pour ce genre de local, ce critère est prohibitif. Alors…à deux, est-ce possible ? Mais voilà, notre homme de la médecine vient de changer d’employeur en Allemagne, car dans l’établissement hospitalier dans lequel il se trouvait, on n’enseigne pas certaines techniques de pointe. Il n’a pas encore de CDI malgré les dix ans d’études au compteur. Comme certains loueurs veulent le beurre, le prix du beurre et le sourire de la fermière, cela ne passe pas. Ils avaient failli trouver l’objet de tous les bonheurs. Le propriétaire semblait d’accord, mais se cachait derrière l’assurance. Selon lui, il fallait l’accord de cet assureur, le propriétaire ayant aliéné son libre droit d’agir à l’assurance.

Notre couple proposait une garantie des beaux-parents tous deux médecins. Que nenni, notre assureur a opposé un « niet » catégorique. Aux blocages dus à un marché exsangue se rajoute l’attitude bureaucratique d’une société d’assurance aux bilans annuels réjouissants, et dans le conseil duquel siège la directrice générale de « Caritas jeunes et famille » !

Que dire de ceux, célibataires ou familles mono parentales, aux perspectives professionnelles et sociales moins positives, qui payent l’inertie de la politique des décennies passées. L’économie du pays et ses perspectives raisonnables exigent plus de créativité, moins de bureaucratie et plus de liberté de penser de la part de ceux qui nous dirigent. Un rêve impossible.