Traditions, arts contemporains et engagement symbolique étaient au rendez-vous des collections croisières 2017. Les créateurs ont fait voyager leurs muses, mannequins et acheteuses aux quatre coins du monde, loin du sempiternel quatuor New-York/Londres/Paris/Milan. De Cuba à Rio de Janeiro en passant par la campagne anglaise, retour sur trois défilés Croisière particulièrement attendus qui ne manqueront pas d’inspirer notre dressing estival.

Dior au Palais Blenheim

Le temps d’un défilé, la maison française s’exporte outre-manche pour livrer une collection croisière 2017 élégante et raffinée.

C’est à bord du Dior Express que les invités ont pu se rendre dans la campagne anglaise pour découvrir les nouvelles créations du studio Dior. Mêlant différentes périodes marquantes comme le début du XIXe siècle, les sixties ou encore les années 90, la maison de couture a livré un défilé plein d’influences diverses. Entre les imprimés bucoliques des robes midi, les touches de kaki disséminées çà et là ou encore les blazers rigides s’habillant de foulards fluides, le mix’n’match s’avérait risqué. Pourtant l’ensemble apparaît cohérent. Notamment grâce à l’utilisation de nuances comme le beige, le bleu marine, les rouges ou le jaune que l’on retrouve au fil des silhouettes. Ainsi la mini-jupe chère à Mary Quant se porte sur un pantalon de tweed de Lord anglais, les slip-dress se portent avec des bottines fines, les robes baby-doll côtoient la longueur des robes midi qui évoquent celles des héroïnes de Downtown Abbey.

A la fois joliment désuète et définitivement moderne par l’emploi de coupes rigides et minimalistes, signée Serge Ruffieux et Lucie Meier à la tête du studio de création Dior depuis le départ de Raf Simons, cette première collection souffle un vent nouveau sur la maison française.

Chanel, de Paris à Cuba

Depuis la levée de l’embargo américain sur la petite île des Caraïbes, les Cubains ont vu débarquer en peu de temps les Rolling Stones et la marque au double C, venue défiler dans La Havane.

Empruntant tous les codes de l’imaginaire cubain, du béret de Fidel à la veste d’inspiration militaire, et en les mixant à ceux de Chanel, veste en tweed et collier de perles obliges, Karl Lagerfeld réussit son coup, comme à son habitude. On se pâme devant les volants d’une jupe midi, on envie les vestes roses flamingo et on meurt d’impatience de revêtir un t-shirt estampillé ‘Coco Cuba’.

Ressuscitant l’âge d’or cubain, cigare et col pelle-à-tarte compris, Chanel imagine une égérie exotique et tropicale, chaussée de brogues bicolores, habillée d’un costume rayé ou d’une saharienne kaki, parée d’un imprimé fougère, perroquet ou palmiers, se dandinant aux sons d’une musique locale, margharita dans une main, sac matelassé dans l’autre. Sans oublier son sempiternel rang de perle, son tweed ni sa marinière, la femme Chanel version croisière est bohème et festive, colorée et pimpante, tout droit venue des fifties. Un vestiaire estival que l’on s’empresse de copier.

Vuitton s’envole pour Rio de Janeiro

C’est au sein de l’intriguant – et néanmoins sublime – Musée d’arts contemporains Niteroi que Nicolas Ghesquière a pris ses quartiers le temps d’un défilé.

Situé non loin de Rio de Janeiro, le musée pensé par l’architecte Oscar Niemeyer (qui a créé entre autre le siège du Parti Communiste français ainsi que le siège des Nations Unis avec Le Corbusier) semblait en effet tout indiqué pour accueillir cette collection aux accents futuristes, faite de robes de sirènes aux découpes onduleuses. Un choix cohérent à l’image du lieu, aux allures de vaisseau spatial.

Il faut dire que, depuis son arrivée chez Vuitton, Ghesquière laisse libre cours à ses passions pour l’art et la mode. Esquisses, photographies, peintures, architectures, tout semble bon à prendre pour inspirer la courbe d’une robe, la fermeture d’une veste, le talon d’une bottine. Ainsi, ce défilé voit ses mannequins revêtir des robes aux découpes travaillées, des superpositions de tissus plissés. Les hauts et robes sont coupés sous la poitrine pour laisser voir le ventre, les blouses se parent de sangles, de boucles. Infiniment modernes et innovantes, les silhouettes imaginées par Nicolas Ghesquière pour Vuitton cette saison détonnent par leurs originalités.

 

Hélèna Coupette

Crédit photo: ©ADRIAN DENNIS / AFP