Les médias pro-russes RT et Sputnik interdits au cœur de l’Union Européenne. Les chaînes françaises RFI et France 24 coupées au Mali. Censure ou restrictions, sanctions ou condamnations, les médias souffrent. Quel est le prix à payer pour les médias étrangers ?

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Depuis le début de l’année 2022, les tensions entre la Russie et l’Ukraine se sont intensifiées jusqu’à se concrétiser à la fin du mois de février. L’une des principales causes de ce conflit est l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine, élargissement contre lequel s’oppose fermement la Russie. En France, les chaînes RT France et Sputnik voient leur diffusion officiellement coupées mercredi 02 mars. La chaîne d’informations télévisée RT et sa déclinaison Sputnik sur le web sont alors confrontés à des sanctions et des mesures fortement restrictives lancées par Bruxelles.

Peut-on parler de censure ? Pour l’Union européenne et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ces mesures ne sont appliquées qu’en raison des actions russes envers l’Ukraine et les exactions menées contre celle-ci. En parallèle, la filiale RT dénonce « un acte de censure pur et simple sans fondement légal », selon le Figaro. L’UE assure que ces décisions sont prises dans le cadre de la lutte contre la désinformation et la propagande russe menées à travers ces chaines financées par le Kremlin. Pour Xenia Fedorova, présidente de la chaîne RT France, la suspension de ce média est une réelle « censure » que rien ne peut justifier. Selon elle, c’est « une violation de l’Etat de droit et [une décision qui] va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression ».

Une enquête RFI condamnée par le gouvernement malien

Le Mali fait face à une grande instabilité politique où les forces armées du pays, les FAMa, ont pris le pouvoir suite à un second putsch mené il y a près d’un an dans la capitale, Bamako. Depuis, le pays connaît une guerre civile où dans de violentes exactions sont impliqués les groupes terroristes, les forces armées maliennes et les civils. Il y a un mois, RFI publie une enquête montrant à travers des témoignages directs de sévices menés par les FAMa contre les civils. En réponse à cela, le gouvernement malien, et particulièrement le ministère de l’Administration territoriale, procède à la suspension de RFI et de France 24.

Peut-on parler de censure ? Le respect de la liberté d’expression, le respect du droit international et surtout le respect des droits humains sont clairement remis en cause et même « violés » du point de vue de Michèle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Pour le Président français, Emmanuel Macron, la décision prise par le ministère malien de l’Administration territoriale est « contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance ».