Nul doute que vous ayez aperçu, depuis quelques semaines, des tote bags imprimés d’un étonnant petit rouleau de papier toilette super-héros. Lui, c’est Rolly, personnage tout droit sorti de l’imaginaire de Matthieu Gillieron qui a réussi le pari un peu fou de rendre cet objet du quotidien (presque) sexy, et de nous sensibiliser à la cause environnementale, par le biais de petits gestes. Nous l’avons rencontré.

Vous avez abandonné l’audit pour rejoindreune première start-up, avant de fonder Rolly. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ces choix ?

La raison est assez simple. Je voulais donner plus de sens à mon travail, et donc aussi plus de sens à ma vie. On passe 80’000 heures de notre vie à travailler, autant les utiliser pour faire quelque chose qui nous plait. Et si en plus cela peut avoir un impact positif sur la planète.

Devenir son propre patron est-il exaltant ou flippant ?

Les deux. Exaltant car on est aux commandes. Aucune journée ne se ressemble, et c’est un véritable kiffe de créer, de faire des vrais choix stratégiques. Mais cette incertitude est aussi flippante. Je suis très bien entouré dans cette aventure, mais je passe la majorité de ma journée avec moi-même, donc il faut se motiver, se réconforter et se challenger. Un bon ami me disait l’autre jour , “on passe par des défaites douloureuses, mais les victoires n’en sont que plus kiffantes”.  L’important c’est de toujours garder le cap que l’on s’est fixé et de bosser pour atteindre ses objectifs.

Comment est venue l’idée de Rolly ?

C’est venue d’un constat assez simple. Si vous êtes un consommateur  soucieux de faire les petits gestes qu’il faut pour sauver la planète, il est difficile pour vous de trouver une alternative satisfaisante au papier toilette des grandes surfaces, emballé dans du plastique. Quand on pense déjà au fait que plus de 27’000 arbres sont abattus quotidiennement pour produire du papier toilette.

Avec Rolly, j’ai cherché à identifier la solution la plus écologique en respectant un cahier des charges précis: une production en circuit court, un produit 100% recyclé, un procédé de fabrication éco-responsable et un emballage carton. J’ai donc trouvé l’usine de Lucart à Laval sur Vologne, en France, et son produit Econatural, fabriqué à 100% à partir de briques alimentaires recyclées. Il a ensuite fallu trouver un moyen de le conditionner sans plastique. Je travaille avec une usine dans l’Aisne pour la conception des boîtes. Au final, je pense pouvoir dire que le produit que vous recevrez chez vous regroupe ces quatre piliers.

La cause environnementale a-t-elle toujours été l’une de vos principales préoccupations ?

Cela a toujours été dans un coin de ma tête. J’ai été scout donc la nature et l’écologie ont toujours fait partie de ma vie. J’ai aussi pu voir les évolutions et l’impact de l’homme au travers de mes nombreuses plongées. Quand j’ai eu l’opportunité de rejoindre une startup dans ce domaine, j’ai sauté sur l’occasion. Aujourd’hui, je crée ma propre structure pour continuer dans cette démarche, et aider les gens autour de moi à faire de même.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées lors de la création votre projet ?

Je pense que le problème majeur  est simplement de trouver un produit qui soit réellement respectueux de l’environnement. Je pense qu’il y a beaucoup de Green Washing aujourd’hui, il faut donc faire attention à ce qu’on achète. Je voulais pouvoir proposer un produit qui réponde à mes envies et à mes valeurs. Il a fallu par exemple tout trouver à moins de 250km pour respecter l’impératif du circuit-court.

Quels sont vos atouts en tant que jeune startuper ?

J’ai moins d’appréhension je pense. Et puis surtout je n’ai pas eu le temps d’être influencé par un modèle déjà existant, je fais beaucoup de choses au “feeling”, quitte à faire des erreurs et à apprendre de mes erreurs.

Quelle clientèle ciblez-vous ?

Les gens qui veulent changer leur mode de vie simplement. Beaucoup d’efforts sont demandés pour pouvoir adopter un mode de vie éco-responsable, mais changer de papier toilette est assez simple au final.

En trois mots, pourquoi choisir de s’abonner à Rolly ?

Pour simplement changer un geste banal en un geste écologique, puis c’est local et notre mascotte est plutôt cool je trouve.

Racontez-nous l’histoire de Rolly, votre super-héros ?

Rolly, c’est simplement un rouleau de papier toilette qui veut faire de grandes choses. Il est né au détour d’une discussion. Depuis il est passé par plusieurs étapes, mais c’est Camille Sallan, une amie illustratrice, qui lui a donné vie. L’objectif c’était une image plus positive de ce produit du quotidien. Mais au final, ce n’est qu’un rouleau de pq avec un bandeau sur les yeux et un slip.

Quels sont vos projets ?

Le site a été lancé le 18 janvier 2019, donc la marque est toute jeune. Je me concentre sur la finalisation de l’outil pour les consommateurs. Pour le moment les abonnements ne sont pas encore opérationnels, tout comme la version luxembourgeoise du site, mais cela ne saurait tarder. Le projet à long terme est lui assez simple. Développer Rolly pour pouvoir en vivre. J’ai repris le contrôle de ma vie en créant ce petit super-héro, mais je ne vais pas m’arrêter maintenant.

Crédit photo : ©Ted Kayumba