Mariam Nouri est l’une des 27 personnes ayant trouvé la mort la semaine dernière en tentant de traverser la Manche depuis Calais. Ses proches dénoncent désormais l’insécurité que rencontrent les migrants obligés de s’en remettre à des passeurs. Cet événement tragique est le reflet d’une crise migratoire devenue une crise diplomatique de grande ampleur. 

Le 24 novembre dernier, Mariam Nouri et 26 autres migrants ont perdu la vie lors d’un naufrage alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes britanniques dans une embarcation de fortune. Mariam Nouri n’avait que 24 ans lorsqu’elle est décédée au milieu de la Manche. Elle était mariée depuis moins d’un an et essayait de rejoindre son mari au Royaume-Uni. D’après ses proches, elle aurait d’abord obtenu un visa italien pour quitter le Kurdistan irakien. Elle serait passée par la Turquie avant de rejoindre l’Italie pour enfin rester quelques jours en Allemagne, puis en France. Dans l’impossibilité d’obtenir un visa britannique, la jeune femme remplie d’espoir aurait alors décidé de payer un passeur afin de traverser la Manche.

Destin brisé

Mariam ne verra jamais la couleur des côtes anglaises, ni son mari, ni ce que sa vie aurait pu être. Le bateau se serait dégonflé en pleine mer, comme l’explique son mari, qui a vécu la disparition de sa femme et des 26 autres passagers presque en direct. Mariam échangeait des messages avec lui sur les réseaux sociaux, laissant la localisation GPS proposée par Snapchat en marche. Son époux la suivait de près lorsque soudain la position de Mariam a cessé d’évoluer.

Les membres de la famille de Mariam qui ont accepté de témoigner devant la presse se souviennent d’une jeune femme “pleine d’espoirs et de rêves”. Une jeune épouse qui voulait simplement rejoindre son époux, qui lui résidait légalement en Angleterre. Mais comme beaucoup de destin, celui de Mariam s’est brisé dans les eaux internationales. Son visage est aujourd’hui celui d’une crise migratoire universelle.

Une tragédie qui en cache des centaines

La tragédie survenue la semaine dernière n’est pas un cas isolé. Ces accidents arrivent tous les jours dans les eaux de la Manche, et ailleurs dans le monde. À l’image du décès de Mariam Nouri, nombreux sont ceux qui perdent la vie en tentant de rejoindre désespérément les terres anglaises. De nombreux appels au secours sont lancés tous les jours par des migrants en détresse lors de leur traversée entre les eaux françaises et anglaises. Pourtant, les autorités démentent fermement ces informations, d’après un témoignage dans La Croix. Mercredi 24 novembre, plus de 90 appels au secours auraient été passés. Pourtant, les pertes humaines sont bien réelles et impossibles à contester.

Calais, le berceau de nombreuses tensions

Les camps de migrants, comme celui de la “jungle de Calais” évacué et détruit en octobre 2016, entretiennent la présence des migrants sur les côtes du nord de la France. Le premier ministre anglais Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron ne cessent de se renvoyer la balle. 

Le naufrage du 24 novembre dernier a envenimé les relations diplomatiques entre les deux puissances européennes. Emmanuel Macron aurait dû tenir à Calais des pourparlers européens ce dimanche en présence de Boris Johnson. Cependant, suite à une lettre du premier ministre britannique adressée au président français, la rencontre a été annulée. Il retira finalement l’invitation. 

Le nombre de migrants traversant la Manche pour tenter de rejoindre les côtes britanniques augmente drastiquement. Depuis le début de l’année, plus de 25 000 personnes ont réussi à atteindre le Royaume Uni. Mais nombreux sont ceux qui échouent quotidiennement. Des hommes, des femmes, des enfants, personne n’est épargné. Le constat est catastrophique et la diplomatie européenne ne trouve pas de solutions.