À l’occasion de la Fashion Week parisienne, Poiret fera son retour sur les podiums. Plus de 80 ans après sa fermeture, l’iconique maison des années 1920 revient sur le devant de la scène grâce à un groupe coréen.

« Récemment acquise par le groupe coréen Shinsegae, la maison Poiret présentera sa première collection de prêt-à-porter, dessinée par sa directrice artistique Yiqing Yin, à Paris pour la saison automne-hiver 2018-2019 », a indiqué la griffe dans un communiqué.

L’entreprise Shinsegae International est l’équivalent des Galeries Lafayette en Corée du Sud et distribue plus de 30 enseignes de luxe dans le pays. C’est au court de l’année 2015 que le rachat des droits de la maison Poiret s’est opéré.

Yiqing Yin est une créatrice française d’origine chinoise qui a lancé sa maison en 2011. Elle a brièvement piloté les collections prêt-à-porter de Léonard de 2014 à 2016. Quant à sa marque, elle a obtenu le label haute-couture et a bénéficié d’un coup de projecteur en 2013, lorsque Audrey Tautou, alors maîtresse de cérémonie, a revêtu l’une de ses créations au festival de Cannes.

Anne Chapelle, surtout connue pour avoir dirigé Ann Demeulemeester et Haider Ackermann, est PDG de Shinsegae. Pour Madame Chapelle, Yiqing Yin était une évidence : « son âme m’a paru la plus proche de celle de Monsieur Poiret. Tous les deux partagent cette liberté, presque un sens de l’anarchie, une volonté de valoriser la beauté des femmes ainsi que le souci de comprendre son époque, d’embrasser l’air du temps. C’était une évidence. Je vous garantis que l’on verra dans ce défilé le style de Yiqing allié à la volupté de Monsieur Poiret. » Quant à la créatrice, elle dit vouloir prolonger « le geste de Paul Poiret qui, au début du XXe siècle, libérait le corps et l’esprit des femmes ».

Courtesy

L’esprit Poiret

Paul Poiret s’autoproclame « roi de la mode, le plus grand » et créé sa maison en 1903. Véritable précurseur, il popularise la suppression des corsets chez les femmes et importe l’esprit oriental dans ses créations. En 1911, il est le premier couturier à diversifier les métiers de la mode en produisant parfums et cosmétiques. Raoul Dufy, André Derain, Henri Matisse ou encore Pablo Picasso font partie de ses fréquentations. Il devient également collectionneur d’art tout en se lançant dans la décoration d’intérieur.

La crise de 1929 a raison de lui. Créations, parfums et objets d’intérieur sombrent avec le couturier. Il disparaît en 1944, à Paris, dans l’indifférence la plus totale. Presque un siècle après que la légende se soit écroulée, la maison renaîtra de ses cendres pendant la Fashion Week parisienne, en mars 2018.

© Seeberger Freres/Stringe

© REX/Shutterstock

© AP/Rex/Shutterstock