C’est ce matin que le Statec a dévoilé les perspectives économiques du pays pour 2017 et 2018. Avec une prévision de croissance de 5% annoncée, il semblerait que la crise soit (presque) un lointain souvenir.
Le contexte conjoncturel national et international tend à s’améliorer au fil des derniers mois. L’économie luxembourgeoise devrait bénéficier d’une croissance du PIB proche de 5% en 2017 et 2018. Cette expansion serait mieux équilibrée, d’une part entre demande intérieure et extérieure, et d’autre part entre les performances respectives des activités financières et non financières.
Poursuite de la reprise dans la zone euro
La croissance mondiale, après avoir ralenti en 2015 et 2016, devrait se renforcer cette année et l’année prochaine, bénéficiant à la fois aux économies avancées et émergentes. La zone euro poursuit un cycle d’expansion relativement modérée mais régulière. Des signaux très positifs émanent des enquêtes de conjoncture au cours des derniers mois, qui laissent entrevoir la possibilité d’un renforcement plus marqué de l’activité dans l’ensemble de la zone euro pour cette année.
Sur base de ces développements et des prévisions des principales organisations internationales, le STATEC table sur une croissance dans la zone euro proche de 2% en 2017 et 2018. La demande intérieure est surtout portée par la consommation des ménages jusqu’à présent. Elle devrait bénéficier d’une accélération de l’investissement privé en 2017 et plus encore en 2018, ce qui permettrait à la reprise en zone euro de prendre un caractère plus auto-entretenu.
Luxembourg: une croissance proche de 5% cette année et en 2018
La progression du PIB luxembourgeois a dépassé 4% en 2016 et la dynamique des années précédentes a été revue à la hausse. L’expansion économique s’est poursuivie sur la fin de l’année écoulée, avec un meilleur équilibre entre demande extérieure et intérieure. Le secteur financier devrait profiter d’un environnement plus favorable, sous-tendu notamment par le redressement des marchés boursiers et la poursuite d’une bonne dynamique des crédits aux ménages et aux entreprises. Pour les autres secteurs, les indicateurs de production (industrie et construction) et de chiffre d’affaires (services non financiers) montrent des évolutions un peu décevantes sur les premiers mois de 2017. Cependant, le moral des entreprises et des ménages, historiquement haut, et le renforcement de la dynamique économique européenne constituent des facteurs très favorables, à même de stimuler l’activité. De nombreux éléments plaident dans le sens d’un renforcement de la consommation privée et de l’investissement, alors que ces deux composantes n’avaient que modestement contribué à la croissance sur les dernières années.
Ainsi, pour l’ensemble de l’année en cours, le STATEC prévoit une hausse du PIB en volume de près de 5%, un rythme qui devrait pouvoir être maintenu en 2018. L’économie se dirige ainsi vers un haut de cycle avec un écart de production nettement positif et un marché du travail en pleine expansion, le tout sur fond d’absence de tensions notables sur les prix et les salaires.
Les prix à la consommation et les salaires progressent davantage, mais les pressions de nature conjoncturelle restent modérées
Au Luxembourg, de même qu’en zone euro, le taux d’inflation s’est considérablement redressé sur les derniers mois et atteint un plus haut depuis 2013. Il fut soutenu en début d’année par les prix pétroliers et alimentaires – et additionnellement au Luxembourg par les effets de la tranche indiciaire appliquée en janvier. Au-delà de ces facteurs, les pressions sous-jacentes sont faibles.
Le STATEC table sur un taux d’inflation au Luxembourg de 1,8% pour 2017 et de 1,7% en 2018. Cette remontée substantielle découle non seulement du retournement à la hausse des prix pétroliers, mais également du renforcement projeté de l’inflation sous-jacente. Celle-ci se redresserait à 1,4% en 2017 et 1,8% en 2018.
En 2017, le coût salarial moyen au Luxembourg est amené à se renforcer significativement, principalement sous l’effet de l’indexation intervenue en début d’année, mais aussi de l’accord salarial dans la fonction publique et – dans une moindre mesure – de la revalorisation du salaire social minimum au 1er janvier. La baisse du chômage prévue pour cette année et l’année prochaine devrait aussi contribuer à renforcer les pressions conjoncturelles sur les salaires. En termes réels, c’est-à-dire hors impact de l’indexation, la trajectoire de ces derniers resterait néanmoins relativement modérée jusqu’en 2018.
L’emploi plus dynamique, le chômage solidement orienté à la baisse
L’emploi salarié intérieur a accéléré sur la fin de 2016, atteignant +3,3% sur un an au dernier trimestre. Toutes les branches participent à cette amélioration et les offres d’emplois restent à un niveau historiquement élevé. Le chômage reflète cette dynamique et continue de baisser, atteignant 6,0% de la population active en avril 2017, après 6,2% au tournant de l’année. La baisse touche un peu plus les catégories les plus fragiles mais le niveau absolu du chômage reste trop élevé pour générer des tensions significatives sur les prix et les salaires. Ces développements, ainsi que le renforcement de la croissance économique escompté pour 2017 et 2018, conduisent à tabler sur une poursuite des créations d’emploi à un rythme élevé et une baisse du taux de chômage cette année et l’année prochaine.
Finances publiques: léger excédent prévu pour 2017 et 2018
Les finances publiques luxembourgeoises se trouvent dans un état très favorable, respectant tous les critères européens et dégageant pour la sixième année consécutive un excédent. Ce dernier, à 850 Mio EUR ou 1,6% du PIB en 2016, devrait pourtant se dégrader en 2017. En cause: les allégements fiscaux relatifs à la réforme fiscale ainsi que les nouvelles pertes en matière de TVA sur le commerce électronique.
L’indexation appliquée au début de 2017 aura pour effet de dynamiser aussi bien les recettes que les dépenses, avec un léger plus pour ces dernières, ce qui pèsera sur le solde. Ce dernier devrait tout de même rester positif puis s’améliorer substantiellement en 2018, sous deux conditions: la poursuite de la reprise et l’absence de nouvelles perturbations structurelles. En revanche, le solde structurel – apuré des effets de la conjoncture – pourrait devenir négatif dès 2017, d’après les prévisions du STATEC, mais respecterait encore le critère européen d’un déficit inférieur à 0,5% du PIB.
Communiqué de presse du Statec.