Quelle joie de passer la soirée du 5 janvier avec Laetitia Casta, seule sur la scène du TNL, pour jouer la pièce Clara Haskil, prélude et Fugue, signée Serge Tribus et mise en scène par Safi Nebbou, assisté de Virginie Ferrere et de Sandra Choquet.

Par Karin Santer

Dans une petite robe noire à grands cols brodés Saint Laurent et en bottines, Laetitia Casta fait revivre cette immense pianiste roumaine tombée dans l’oubli. Pendant deux heures, elle incarne Clara Haskil à tous les âges, de sa naissance à sa mort, ainsi que toutes les personnes qui ont eu la chance de faire partie de la vie de cette géniale pianiste ou simplement de la rencontrer.  

Clara Haskil naît en 1895 en Roumanie avec un don, celui de jouer merveilleusement du piano ! Elle qui connut les deux guerres, se révèla, dès son plus jeune âge, être une des plus grandes virtuoses du XXème siècle. Laetitia Casta va interpréter, dans ce monologue écrit par Serge Tribus, tout l’entourage de Clara ayant eu un rôle décisif dans sa vie, comme celui de sa maman adorée, tendre et protectrice, de ses soeurs, Lili et Jeanne, de son papa qu’elle perd malheureusement très jeune, de ses oncles dont Avram qui va la prendre sous son aile et l’arracher de cette famille aimante pour l’emmener à Vienne, puis à Paris…Elle va également jouer le rôle de ses professeurs de piano qui ne l’ont pas toujours ménagée, elle qui était constamment dans le doute et la remise en cause quant à ses capacités … Et pourtant ! 

Laetitia Casta, accompagnée de la talentueuse pianiste Isil Bengi, nous entraîne , toute en finesse et en sensibilité, dans l’univers de Clara Haskil et nous fait découvrir sa vie de grande pianiste, à travers ses craintes persistantes, ne comprenant pas le succès qu’elle provoquait et qui, était bien réel ! 

Un beau triomphe mondial, l’emmenant à travers le monde, à Vienne, Paris, New York,….et donnant lieu à de magnifiques rencontres comme celle avec Charlie Chaplin qui dira « Parmi mes amis, j’ai pu côtoyer trois génies : Einstein, Churchill et Clara Haskil » ainsi que le pianiste Dinu Lipatti qui voyait en elle « la somme de la perfection sur terre » !

Malgré cette réussite, Clara Haskil vivra chichement, ne pouvant pas négocier ses contrats comme le faisaient ses confères à cette époque… Elle n’aura son petit appartement à elle seule que très tardivement dans sa vie et ne rencontrera le véritable et grand amour qu’à un âge avancé…

C’est cependant trop jeune, à l’aube de ses 66 ans, suite à une mauvaise chute dans le gare de Bruxelles que Clara Haskil va perdre la vie. 

On retrouve alors son interprète, la magnifique et éclatante Laetitia Casta, comme au lever de rideau, allongée par terre sur la scène, dans sa petites robe noire et ses bottines, pour comprendre que, malencontreusement, suite à cette mauvaise chute, c’est la mort accidentelle !

Les prénoms Clara et Laetitia étaient décidément faits pour s’associer le temps d’une soirée, comme celle du 5 janvier au TNL, qui ne fut qu’une soirée d’ « Eclat » et de « Joie », significations de ces deux magnifiques prénoms… le cocktail de notre soirée provoquant, à son issue, applaudissements et acclamations !

Une véritable ovation !