Depuis de nombreux mois, la sécurité publique dans le pays se dégrade. Les incivilités, agressions verbales et physiques se multiplient. À Luxembourg-ville, les hotspots d’insécurité se développent.

Par Cadfael

O tempora, o mores

Avec la proximité des élections municipales, les candidats sont devenus sympathiques, sur les affiches, ils sont souriants, frais et pimpants. Il convient de noter le talent de certains photographes. Ceux que l’on n’a jamais vus sont de toutes les manifestations même les plus bizarres. Les messages et promesses émis sont presque angéliques, ressemblant trop souvent à de pures constructions de l’esprit produites en fonction de la demande. On y chercherait vainement du concret, du tangible, un calendrier d’applications de mesures, leurs coûts et leur financement. Il en va ainsi du manque de logements à prix abordable, des routes embouteillées la majeure partie de la journée : véritables casse-tête, résultats d’années de laisser faire, d’erreurs stratégiques et d’inaction publique.

La sécurité publique, un chantier inexistant

Les dernières années de gestion de la sécurité publique ont laissé des traces. Sur le terrain les choses dérapent. Cambriolages à la chaîne, agressions sur la voie publique et dans les transports en commun, incivilités en tout genre. La bourgmestre de la ville de Luxembourg fait une fixation sur la mendicité sur la voie publique, mais n’arrive pas à être une force de proposition solide en matière de sécurité des quartiers. En dehors de celui de la gare, un problème ancien, d’autres espaces de la capitale sont touchés par cette gangrène. Le centre-ville se transforme en arène pour les vols à l’arrachée, agressions au couteau et autres activités de petite délinquance. Certains connaisseurs ne prétendent-ils pas que notre pays est devenu un marché du travail fort lucratif pour des réseaux criminogènes étrangers. Face à la multiplication des incidents, les habitants du Limpertsberg ne sont plus rassurés, ils ont carrément peur et prennent les mesures à leur disposition. Ainsi certains ont créé un groupe citoyen sur WhatsApp dont la fonction consiste à informer et à communiquer sur les agressions et les activités suspectes du quartier. Loin d’être un outil de délation, le site ne désemplit pas de messages souvent suivis d’alertes à la police. Parfois il y a des interpellations, car les unités de police sont assez réactives. Les incidents sont pratiquement quotidiens pour un des quartiers qui autrefois étaient prisés pour sa qualité de vie considérée comme la meilleure de la capitale.

Des coups de feu

Le 29 mai dernier, une habitante Limpertsberg qui descendait dans la buanderie de son immeuble, s’est retrouvée face à trois individus masqués et cachés dans le noir. Malgré l’absorption de gaz lacrymogènes, elle s’est mise à hurler et s’est enfuie. Son époux alerté par les cris est descendu à sa rescousse et s’est fait violemment accueillir par les malfrats. La police est contactée et des coups de feu retentissent depuis la buanderie. La police arrive très rapidement sur site. Ils arrêtent trois personnes. La vérification des empreintes les innocente sur cette attaque. En revanche, ils ont quand même été mis en cellule :  leur ADN a été retrouvé sur un autre cambriolage. Blessé, le couple a passé la soirée à l’hôpital du Kirchberg. Ils ont appris que les agresseurs avaient manipulé le système d’éclairage du sous-sol ainsi que les éléments de sécurité du bâtiment. Et que ce type d’agression est en nette augmentation à Luxembourg et plus particulièrement au Limpertsberg.

Il manque un dialogue au bénéfice des citoyens

40% de la criminalité du pays se passerait sur le territoire la ville de Luxembourg selon l’administration communale. On remarque une quasi-absence de dialogue entre la municipalité libérale et un ministère de la sécurité intérieure (!) aux mains des verts. Ce statu quo ne date pas d’hier. La position classique de la maire consiste à repousser la faute sur le dos du ministère, ce qui n’est guère productif et ne sécurise pas le terrain. On chercherait vainement dans l’organigramme de « vdl.com » un professionnel en charge des problèmes de sécurité publique, point de liaison entre la ville et ses citoyens ainsi qu’avec les administrations en charge de la sécurité intérieure. Ce serait le début d’un début. En Europe, il existe pléthore de villes ayant des problèmes similaires et qui ont trouvé des solutions. Du côté du ministère de la sécurité publique, le moment serait peut-être venu de communiquer et de mettre à plat les méthodes de travail, de recrutement et de formation en matière de police de sécurité publique en s’inspirant de modèles qui ont fait leurs preuves à l’étranger. Les contrôles permanents de vitesse ne sécurisent pas un quartier et la chasse aux malfrats demande des profils de chasseurs.