Depuis plusieurs semaines, des pluies diluviennes s’abattent quotidiennement sur l’Europe. L’Allemagne, la Belgique et dans une moindre mesure, le Luxembourg ont connu l’horreur ces derniers jours, épuisés par les inondations. Récit d’un cauchemar climatique.

Jeudi matin, 7 heures, les réseaux ferroviaires français et luxembourgeois préviennent : « aucune liaison ne sera assurée entre Thionville et Luxembourg ». Depuis plusieurs jours, la Grande Région fait les frais de pluies impressionnantes. Les réseaux routiers et les chemins de fer se retrouvent alors accidentés à cause d’inondations et de chutes d’arbres. Dans les gares environnantes, le personnel prévient « si vous pouvez rester chez vous aujourd’hui faites-le, les trains s’arrêtent à la frontière et aucune substitution routière n’est prévue pour le moment ». La panique se lit un peu sur les visages fatigués tant la situation est critique.

Catastrophe naturelle

C’est dans la nuit de mercredi à jeudi, que des torrents s’abattent sur le Grand-Duché et ses pays limitrophes. Les niveaux des cours d’eau montent rapidement. Les rivières sortent de leur lit pour engloutir les rues. L’Alzette, la Chiers, la Syre, la Sûre et l’Our s’échappent. Les premières évacuations commencent ici et là… À minuit, une cellule de crise gouvernementale est activée à la demande du Premier ministre Xavier Bettel. Au réveil, le jeudi matin, la situation empire. Aux nombreux dégâts déjà constatés, s’ajoutent des flots d’eau qui continuent à se déverser à tout dévaster sur leur passage. Le Luxembourg décrète l’état de catastrophe naturelle.

Chez les voisins belges, la situation est tout aussi critique, contraignant l’évacuation de certaines communes comme Liège. Des barrages sont submergés. Au-delà des dégâts matériels considérables, la Belgique voit également s’alourdir un bilan humain d’heure en heure.

L’Allemagne au cœur de la tempête

Des maisons emportées par le courant, des voitures, des arbres… des hommes. L’Allemagne se retrouve au cœur de la tempête et paie le prix le plus fort de cet épisode diluvien. De nombreuses zones habitées se retrouvent inondées et de trop nombreux décès sont à déplorer. Dans l’arrondissement de l’Ahrweiller, la crue de l’Ahr a pratiquement rasé la commune de Schuld. À proximité de Cologne, un impressionnant glissement de terrain venait encore alourdir le bilan humain jeudi après-midi. Vendredi, le nord-est de Maastricht s’est fait surprendre à son tour par des flots déchaînés. Plusieurs milliers d’habitants ont été contraints d’évacuer tandis que dans d’autres communes la consigne était de se mettre à l’abri en hauteur. Trop tard pour évacuer.

Le temps de la solidarité

Si le Grand-Duché ne déplore aucune perte humaine, mais seulement d’importants dégâts matériels, il a décidé d’envoyer du renfort en Allemagne nécessitant des besoins « énormes pour le secours à personnes ». Les équipes de pompiers luxembourgeois se relaient depuis vendredi pour venir en aide aux sinistrés voisins et déblayer les débris amoncelés dans les rues et sur les routes. La mission de ces pompiers, mais aussi infirmières et ambulanciers se poursuivra au moins jusqu’à mercredi. Les zones durement touchées comptent également un nombre important de bénévoles, prêts à tout par solidarité. Des récoltes de dons s’organisent pour aider les sinistrés.  

Que ce soit au Luxembourg, ou chez ses voisins, beaucoup de foyers sont encore privés d’électricité. À la fin du week-end, l’Allemagne comptait 165 morts et la Belgique, 31 décès, des nombres toujours provisoires alors que des personnes sont toujours portées disparues. Un jour de deuil national a été décrété le 20 juillet en hommage aux victimes.