Par Cadfael

Les ennuis s’accumulent pour Zuckerberg et son business concernant 2.9 milliards d’utilisateurs mensuels. En octobre dernier, une whistleblower l’a, une fois de plus, fait convoquer par à une commission d’enquête du Congrès américain.

Changement de nom

Il apparaîtrait que Facebook n’a pas dit toute la vérité sur l’influence néfaste du réseau sur les moins de vingt ans, influence bien connue en interne. Le groupe vit également sous la menace d’un démantèlement pour pratiques monopolistiques par le même Congrès. Et les amendes pleuvent dans de nombreux pays. Avec un chiffre d’affaires de 84.2 milliards de dollars en 2021, il donne l’impression de se sentir intouchable.

Facebook change de nom en « Meta », mais rien de substantiel ne bouge quant à ses pratiques, aux dires des experts. En interligne s’affiche une volonté renouvelée d’agrandir son empire vers les marchés de la réalité virtuelle. À cette fin, Zuckerberg a exploité la notion de « metaverse » pour son dernier produit « Horizon Worlds », un monde de la réalité virtuelle renforcée.

Metaverse le nouveau mot magique

Selon le « Washington Post » du 30 décembre dernier, le terme a été utilisé dans plus de 12 000 articles anglais ces derniers deux mois contre 4.000 utilisations dans les neuf mois précédents de 2021. Et 400 pour les années précédentes. Selon le site « XRtoday », il proviendrait d’un roman de l’auteur de science-fiction Neal Stevenson édité en 1992 : Snow crash. Le titre fait allusion à l’écran des premiers McIntosh lors d’un crash. Pour les spécialistes de « wired.com » parler de « metaverse » aujourd’hui c’est comme de parler d’internet dans les années 70. Ce serait des briques d’une nouvelle forme de communication incluant réalité virtuelle et réalité augmentée. « Wired » souligne que « metaverse » est plus ou moins égal à un cyberespace, le marketing de Zuckerberg en plus. Le terme ne fait pas allusion à une technologie particulière, mais à une nouvelle manière dont nous interagissons avec ce monde virtuel et la façon dont il s’introduira dans nos vies.

Horizon Worlds, le nouveau paradis

Selon Zuckerberg, pour qui rien n’est gratuit, « Horizon Worlds » pose les premières briques d’un espace virtuel unique où on accède avec des casques de réalité virtuelle. Il a été lancé le 9 décembre dernier au Canada et aux États-Unis. Il est accessible aux personnes de plus de 18 ans et il est lié à un compte Facebook/Meta. Pour l’instant l’accès est gratuit. Les lunettes d’entrée de gamme nécessaires pour y jouer, de la marque Oculus, propriété de Meta, sont en vente pour 300 dollars l’unité aux Etats-Unis. « Horizon Worlds » permet des interactions avec 20 joueurs à la fois dans un monde virtuel. Les joueurs se créent un avatar, l’espace offre divers jeux ainsi que des briques numériques pour en créer.

Meta saura certainement valoriser de manière très efficace son monde en jouant sur l’interopérabilité avec d’autres plateformes et technologies comme la musique, les films, WhatsApp, bitcoin et d’autres.  Meta aurait l’intention de vendre des vêtements virtuels pour ses avatars, comme Nike aurait le projet de vendre des baskets virtuelles. La société espagnole « Owogame » va commercialiser très rapidement des vestes reliées permettant de sentir physiquement les effets d’un jeu virtuel (owogame.com). Il n’en reste pas moins que les casques virtuels actuels ne sont pas d’une utilisation confortable et que beaucoup de personnes ont des malaises ou des douleurs physiques dû à leur utilisation.

D’autres plateformes existent comme « Virbela » qui se définit comme un monde virtuel destiné à l’éducation, au travail ou à l’événementiel ou encore « Roblox », la plus populaire parmi un jeune public. Le jeu « Fortnite », créé par la société « Epic Games » en 2017, est accessible sans lunettes de réalité virtuelle. Il offre des expériences virtuelles multiples de compétition, de réflexion ou des concerts.

Microsoft travaille sur un concept « metaverse » pour entreprises avec des salles de réunions virtuelles. Apple s’y met également et, selon des fuites, en restant bien à l’intérieur de ses remparts.

Le pire des mondes possibles ?

Le torrent Facebook nous a rendus blasés face aux éléments toxiques qu’il véhicule. Un premier cas d’agression sexuelle dans Horizon Worlds a été rapporté le 26 novembre par un joueur qui testait une version beta. Il a déclaré s’être fait tripoter lors des essais et que d’autres joueurs ont accepté ce comportement. Meta a évidemment condamné le fait et mentionné que le joueur avait à disposition des outils de protection.

Cet incident n’est pas nouveau. En date du 16 décembre, le site « technologyreview » du MIT rapporte un évènement identique qui date d’octobre 2016 dans « QUIVR » un jeu virtuel incluant une chasse aux zombies. Le comportement immersif a un pouvoir réellement toxique, car le monde virtuel semble être considéré comme zone de non-droit permettant aux côtés sombres de se manifester. Il se pose clairement la question des contrôles et des responsabilités.

Le très universitaire site « techconversation.com » du 7 janvier dernier sous la plume de professeurs de l’Université du Nebraska met l’accent sur « le « metaverse » qui offre un futur plein de potentiel, pour terroristes et extrémistes », mais c’est un autre monde où un jeu toxique devient explosif.