Avec Un Enfant plein d’angoisse et très sage, le journaliste, écrivain et critique littéraire Stéphane Hoffmann signe un petit roman aussi drôle que triste.
Antoine a 13 ans et vient d’une famille dans laquelle le manque d’amour est un héritage familial. Non pas par méchanceté, mais plutôt par maladresse. Parce que, finalement, tous autant qu’ils sont n’ont jamais appris à aimer.
Le roman débute au début des vacances de Pâques et Antoine est contraint, une fois de plus, de quitter sa pension dorée pour aller passer ses vacances chez sa grand-mère – un ex-star de la chanson potentiellement sur le retour –, à Chamonix, parce que sa mère a une fois de plus été placée «chez les fauves», les fous. (Un mensonge en réalité que l’on découvre très vite). Son père, un dandy flegmatique, quant à lui n’a jamais pris la peine de le connaître, même s’il consent à lui envoyer une carte postale – conservée avec le plus grand soin – de tous les endroits qu’il visite à travers le monde.
Antoine se rend donc à La Tanière, le chalet familial, pour y passer ses vacances. «Personne ne s’occupe de moi, mais je suis bien à la Tanière». Là, il va découvrir le véritable amour, inconditionnel, grâce au chien de sa grand-mère: Jojo.
L’histoire d’un enfant abandonné n’est certes pas un thème nouveau en littérature, mais Un Enfant plein d’angoisse et très sage dénote par le ton avec lequel le sujet est abordé. Ni pathos ni misérabilisme, mais un cynisme tendre et néanmoins bouleversant.
Le récit est fait à travers les yeux d’Antoine, qui pose son regard de petit garçon, encore naïf et néanmoins parfaitement lucide, sur la mascarade qui se joue autour de lui, sur le spectacle pitoyable qu’est le monde des adultes. Le roman est vif, l’écriture limpide et implacable, le rythme enlevé. Effroyablement froid, et pourtant lumineux et élégant. Il fait sourire, tout autant qu’il déchire. Un roman tout en constrastes que l’on dévore implacablement.
Un Enfant plein d’angoisse et très sage, Stéphane Hoffmann, aux Editions Albin Michel.