Armée d’une espèce de mitraillette chargée de bobines de fil, Nora Peng façonne un petit tapis en forme… de fesses de chien. Comme elle, un nombre croissant de Chinois s’adonnent au “tuftage” pour évacuer le stress.

Le rythme de la vie professionnelle est souvent frénétique en Chine et les jeunes générations sont friandes d’activités de loisirs, notamment artisanales, pour leur faire oublier la routine quotidienne.

Le tuftage (ou “touffetage”) est une technique qui consiste à confectionner un tapis ou une moquette en insérant, à l’aide d’une machine, du fil dans un support textile préfabriqué, pour former différents motifs et couleurs.

“J’ai le nez dans mes manuels scolaires toute la journée et ça me fatigue”, déclare Nora Peng, étudiante à l’université.

“Cette activité, ça me permet d’évacuer le stress”, explique la jeune femme, dont la voix est presque entièrement recouverte par le bruit de la machine à tufter.

Chaque weekend, l’atelier iHome, à Pékin, attire des foules d’amateurs qui passent la journée à tisser soigneusement leurs tapis “faits main”.

“Mignon et drôle”

Lors d’un récent samedi, une vingtaine de jeunes, la plupart des femmes, avaient pris possession des lieux.

“Ça demande beaucoup de patience. Mais à partir du moment où tu as compris le truc, ce n’est pas si difficile que ça”, explique Yan Xinyue, une employée d’une entreprise publique venue se relaxer.

La plupart des clients confectionnent des tapis à l’effigie de personnages de dessins animés, voire des sacs à main ou encore des tapisseries sur lesquelles ils placent ensuite des miroirs.

Nora Peng, qui a découvert le tuftage via les réseaux sociaux, a choisi de dessiner des fesses de corgi. Cette race de chien aux pattes courtes, la préférée de la reine d’Angleterre Elisabeth II, est très populaire ces dernières années en Chine.

“Je trouve que c’est mignon et drôle”, explique la jeune femme à propos du motif de son tapis, qu’elle offrira à son chat pour qu’il y fasse ses siestes.

Activité prisée par les influenceurs

La popularité du tuftage en Chine a été catalysée par les influenceurs sur les réseaux sociaux, qui postent de nombreux tutoriels vidéo à destination de leurs abonnés.

Sous pression face à l’augmentation du coût de la vie et des prix de l’immobilier, les jeunes adultes chinois cherchent de nouveaux moyens de se détendre.

“Ils veulent oublier leur travail fastidieux et se concentrer sur la fabrication d’objets artisanaux”, déclare à l’AFP Xu Shen, le fondateur de l’atelier iHome.

Le tuftage amateur a gagné en popularité en Chine il y a quelques mois à peine, souligne-t-il. Mais la demande, exponentielle, l’a poussé à déjà ouvrir neuf boutiques dans la capitale.

Pékin accueille désormais plus de 140 endroits de ce type.

Phénomène durable ou effet de mode? Le défi sera surtout de faire revenir ceux qui sont déjà venus, estime Mao Wei, le propriétaire de l’atelier Horus Club. Beaucoup “viennent par curiosité” et ne deviennent pas forcément des clients réguliers, souligne-t-il.