Les derniers chiffres concernant les faillites au Luxembourg en 2019 sont alarmants : un nouveau record entre 2018 et 2019, les faillites ont progressées de 11 % pour arriver à 1263 unités selon Creditreform.

97.5 % des entreprises de l’économie marchande non-financière au Luxembourg, qui comprend les secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services, occupent moins de 50 personnes, tout en représentant plus de 40% des emplois de ce secteur et 30% de son chiffre d’affaires.
Rappelons que dans l’Union Européenne des 25, les entreprises qui occupent moins de 250 personnes et qu’on appelle communément les PME sont le principal moteur de la croissance nette de l’emploi au sein de l’économie marchande non financière.

Non ce ne sont pas les jeunes !

Les faillites font apparaitre des points faibles de l’économie nationale qui méritaient une analyse plus approfondie.
La majorité des sociétés disparues ne sont pas des unités de création récente car plus de 75, 85 % des sociétés faillies ont plus de 5 ans.
Les mesures mises en place par le gouvernement et les chambres professionnelles concernant start- ups et créations d’entreprises, comme par exemple 123 GO ou le business mentoring et coaching semblent avoir des effets positifs puisque moins de 25 % des mises en faillites concernent des sociétés de moins de 5 ans.
Notons la disparition de petites sociétés en difficultés, comme les sociétés familiales qui cessent leurs activités sans réelle déclaration de faillite ou d’indépendants qui changent de cap de manière discrète.

La faillite, un échec économique et humain?

Le commerce, avec 254 unités faillies (juste une de plus que l’année dernière), s’en tire presque honorablement. L’hécatombe a lieu dans les services et la construction et ce sont souvent de petites unités.
Dans l’Europe des 15, le Luxembourg demeure malgré tout, le champion toutes catégories des faillites et cela depuis au moins 2018.

Ce palmarès serait purement technique si au delà des chiffres, ne se trouvaient des drames humains, des espoirs déçus et souvent des vies professionnelles défaites. Et pour l’économie nationale un bilan financier qu’il serait intéressant de connaitre. Seraient-ce ces fameuses « modifications structurelles » dont parlent les analystes de Creditreform, qui octroient l’absolution pour ce gâchis ?

Quel est le poids de facteurs corrigibles comme le manque de formation face aux défis posés par des marchés en mouvance ou le manque de sources de financements lors de moments difficiles ? On note souvent des capitaux propres insuffisants, des marges problématiques ne permettant pas de faire face aux coûts de fonctionnement élevés des entreprises au Luxembourg, surtout chez les commerçants. Quelle responsabilité incombe à une fiscalité trop élevée, une intolérance grandissante de l’administration fiscale qui autrefois par une approche compréhensive permettait d’amortir les passages difficiles.

Une loi sur les faillites en concertation avec dirigeants de PME.

Et enfin cette fameuse loi sur les faillites qui doit remplacer le modèle archaïque en vigueur. Il en est question depuis au moins 2013, mais sans grande conviction la part du législateur. Une loi pragmatique permettrait non seulement de sauver des entreprises, de renforcer un tissu économique profondément ancré dans le devenir du pays et donnerait également une seconde chanceàa des femmes et des hommes qui n’ont pas craint de prendre tous les risques.

 

Texte Cadfael