Au lendemain de la journée internationale de l’eau, qui se déroule le 22 mars de chaque année depuis plus de trois décennies, qu’en est-il de la protection de cette ressource vitale au Grand-Duché ? Le Luxembourg semble plus que jamais mettre un point d’honneur à proposer une eau de la meilleure qualité possible, que ce soit via ses institutions publiques ou grâce aux procédés rigoureux mis en place par les sociétés qui exploitent les sources minérales et mettent de l’eau sur les tables du pays. Mais aussi grâce aux générations futures sur lesquelles il nous faudra compter et que l’on doit éduquer dès aujourd’hui…

Rédaction : Fabien Rodrigues

Il y a deux ans, au sortir de la pandémie de COVID-19 et pour marquer le trentième anniversaire de cette journée internationale particulièrement scrutée à travers la planète dans le contexte climatique actuel, c’est le thème « accélérer le changement » qui avait été choisi, montrant l’urgence de faire évoluer notre comportement par rapport à l’eau. Un but clair, à terme : promouvoir et soutenir la gestion durable des ressources pour les générations futures, un objectif que le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité estimait alors comme « loin d’être atteint ». S’il semble utopique d’espérer des améliorations bluffantes depuis lors, des efforts continuent à être mis en place, dans le secteur public, privé et en matière de pédagogie pour aller dans le bon sens.

Volontarisme et participation citoyenne pour un patrimoine inestimable

L’Administration de gestion des eaux (AGE) n’a de cesse de le répéter : l’importance des eaux souterraines est indéniable. Sur les quelque 44 millions de mètres cubes d’eau potable utilisés par an au Luxembourg, 55 % proviennent de 250 captages d’eau souterraine qui sont exploités par 53 communes et cinq syndicats d’eau potable. Ces eaux souterraines sont toutefois des ressources limitées qui doivent être exploitées avec précaution pour éviter leur surexploitation et leur dégradation. Dans le cadre de sa mission, l’AGE, qui effectue ainsi un suivi régulier du débit des sources et du niveau des eaux souterraines, est en charge de délivrer les autorisations relatives à l’eau et de limiter les prélèvements afin de pérenniser le bon état quantitatif de la ressource.

Mais pour aller encore plus loin et agir pour son avenir, l’AGE est aussi responsable de la mise en application de la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE), adoptée par l’Union européenne en 2000 afin de créer un cadre commun pour la gestion durable des ressources en eau – souterraine ou non, c’est-à-dire incluant les cours d’eau. Elle vise en outre à protéger les eaux de surface et les eaux souterraines et à améliorer leur état écologique d’ici 2027 – date à laquelle toutes les masses d’eau européennes doivent atteindre un bon état écologique. Un objectif qui est « loin d’être atteint aussi bien au niveau européen que national, malgré les efforts fournis ces dernières années », selon l’AGE.

Début 2025, cette dernière a ainsi publié le calendrier et le programme de travail du 4e plan de gestion des parties luxembourgeoises du district hydrographique du Rhin et de la Meuse, qui s’étalera de 2027 à 2033 et qui prévoit la participation active du public à l’élaboration, la révision et la mise à jour dudit plan. Le document est donc soumis à la consultation du public (en français et en allemand sur le site de l’AGE, jusqu’au 14 juillet) qui est invité à se prononcer sur le calendrier et le programme de travail.

De manière plus locale, les communes contrôlent régulièrement la qualité de l’eau distribuée à ses habitants et font les investissements nécessaires pour assurer à tout moment une eau potable d’une qualité irréprochable, comme c’est le cas, par exemple, avec le Syndicat des Eaux du Sud (SES), qui exploite 66 captages d’eau souterraine et dont la plupart sont des sources. Depuis 2003, le SES a investi 25 millions d’euros pour restaurer et renouveler ses captages-sources et quatre millions d’euros ont été investis dans des installations de traitements. Des investissements qui comptent et qui marchent : ainsi, via 64 000 paramètres analysés en 2021, le taux de conformité à Koerich s’élevait à 100 % et à 99 % à Dondelange et Rebierg. Ce sont là des valeurs paramétriques qui remplissent déjà les obligations introduites dans la DCE pour le 12 janvier 2026…

La capitale luxembourgeoise n’est pas en reste et encourage la consommation d’eau du robinet autant qu’elle met en avant sa qualité. La ville de Luxembourg met à la disposition de ses résidents une eau saine, dont en moyenne 60 % proviennent des sources propres de la Ville qui se trouvent à Muhlenbach, Septfontaines, Pulvermuhl, Grünewald, Kopstal et Birelergrund. Les 40 % sont couverts par l’eau de surface en provenance du lac de la Haute-Sûre.

Elle assure également l’entretien régulier des réservoirs d’eau et des conduites d’eau ainsi que le remplacement progressif des conduites et l’extension du réseau de plus de 400 kilomètres de conduites d’eau afin de garantir un approvisionnement ininterrompu en eau potable de qualité…

Rosport vs Lodyss, le choc des titans de l’eau ?

L’eau luxembourgeoise en bouteille a été pendant longtemps – très longtemps – assimilée à la marque historique des Sources Rosport. Mais Brasserie Nationale est venue jouer les troublefêtes en mars 2020 en dévoilant la nouvelle marque Lodyss, une eau minérale « datant de l’ère glaciaire et conservée à l’abri de toute pollution humaine, certifiée zéro nitrate et faible en sodium » comme l’entreprise la décrivait lors de son lancement sur le marché. Avec une approche durable 100 % verre, une stratégie marketing audacieuse et la force de frappe de la brasserie (Bofferding, Battin, Munhowen Drinx…), Lodyss s’est vite imposée sur les tables des bars et restaurants luxembourgeois, sans pour autant faire oublier l’emblématique Rosport…

En tant qu’acteurs économiques nationaux de premier plan et alors que nos voisins belges semblent intéressés par le marché grand-ducal, chaque marque met plus que jamais en avant ses atouts durables et la qualité de ses eaux plates et pétillantes. Lodyss se targue ainsi toujours d’être faiblement minéralisée et sans nitrate, grâce à un système de filtration naturelle, ce qui en fait une eau « parfaite pour les nourrissons et toute la famille ». Sa production sur le site de Brasserie Nationale dans le sud du pays met une emphase sur les circuits courts, l’énergie solaire et le recyclage optimisé.

“En tant qu’acteurs économiques nationaux de premier plan, Rosport et Lodyss mettent plus que jamais en avant les atouts durables et la qualité de leurs eaux.”

De leur côté, les Sources Rosport entendent bien faire comprendre que ses eaux sont toujours bien présentes, grâce tout d’abord à une récente harmonisation des noms – äddi Viva (ou presque) pour la version plate, qui est devenue Rosport Viva, mais aussi grâce à une nouvelle collection de contenants.

En septembre dernier, les Sources Rosport ont ainsi lancé leur toute nouvelle gamme de bouteilles en PET fabriquées à partir de matière plastique « made in Luxembourg » et soufflées à Rosport, pour une meilleure revalorisation. Rosport Classic, Blue et Viva sont depuis soutirées dans une même bouteille transparente, fabriquée « à partir de plastique recyclé et recyclable à 100 % ».

Un engagement vers plus de durabilité qui ne s’arrête pas aux contrôles draconiens effectués sur les eaux commercialisées ni à l’emballage : « La politique environnementale de Rosport, prévoit également que les chemins parcourus par les fournisseurs soient les plus courts possible, tout en respectant la charte de qualité de l’entreprise. Pour n’en citer que quelques-uns, les préformes des bouteilles en PET proviennent de Bascharage, les bouchons d’une usine de Wiltz, les étiquettes arrivent du Fridhaff tandis que les cartonnages nécessaires à la fabrication des trays et des intercalaires de palettes sont fabriqués à Lintgen », précise l’entreprise.

Chez Lodyss, on met également ces valeurs durables et locales en avant, notamment à travers le choix du 100 % verre consigné, mais c’est aussi l’argument « glaciaire » qui prime dans la communication du groupe. « Lodyss est puisée dans un aquifère situé à 317 m sous terre, formé il y a 30 000 ans, en pleine ère glaciaire. Des siècles durant, l’eau a été préservée de toute forme de pollution grâce aux couches imperméables qui l’entourent. Aussi, elle ne présente aucune trace de nitrates ni de nitrites, d’hormones, de perturbateurs endocriniens ou encore de plomb. Seule eau au Luxembourg à bénéficier de ces attributs, Lodyss est aussi l’une des rares eaux au monde à présenter ce haut degré de pureté » : voilà le message important transmis par Brasserie Nationale.

La pédagogie, encore et toujours

Si les instances en charge de prendre soin de l’eau luxembourgeoise semblent s’engager de manière structurelle pour la protection à long terme de ce patrimoine naturel, ce sont les générations à venir qui devront évidemment prendre le relais et continuer les efforts de leurs pairs. L’éducation, la pédagogie et la sensibilisation sur les enjeux de l’eau auprès des plus jeunes sont donc ici primordiales.

À cet effet, l’AGE a lancé en 2023 le site teamwasser.lu qui s’adresse aussi bien aux enfants et aux adolescents qui veulent se familiariser avec le sujet de l’eau qu’aux adultes qui les encadrent. Toutes et tous peuvent y trouver des articles, des vidéos, des jeux et du matériel pédagogique en français, en allemand et en luxembourgeois.

Parmi ces documents et contributions disponibles sur la plateforme publique, on peut ainsi retrouver un guide pour les enseignants du secondaire, établi dans le cadre de l’exposition itinérante « Eau circulaire » et qui propose un ensemble d’activités pédagogiques et du matériel de sensibilisation à une gestion durable de l’eau… Ou encore des idées d’excursions et des astuces pour économiser l’eau potable, parce qu’au final, comme dans de nombreux enjeux de société à l’heure actuelle, c’est encore et toujours sur l’humain qu’il faut agir pour que cela fonctionne…

Article initialement publié dans le Femmes Magazine numéro 265 d’avril 2025.